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PSG-Nice : un cap à passer pour les Aiglons
Depuis la prise de pouvoir d’Ineos en 2019, l’OGC Nice se développe graduellement et intelligemment. Jusqu’à être en mesure, au début 2022, d’être le logique et solide dauphin du PSG en championnat, un club qu’il retrouve ce lundi soir en Coupe de France. Un choc qui peut être une occasion pour les Aiglons de confirmer que leur projet est taillé pour tenir tête aux meilleurs, et surtout pour aller chercher des trophées.
Il y a tout juste un an, au même stade de la saison, l’OCG Nice pointait à la 14e place de Ligue 1 (avec seulement sept petites victoires et autant de points d’avance sur le premier relégable), sortait d’un parcours calamiteux en Ligue Europa et se retrouvait sous les ordres d’un entraîneur intérimaire, Adrian Ursea, après le limogeage de Patrick Vieira. Cette succession de mésaventures permet de mesurer le chemin parcouru par les Aiglons ces derniers mois, eux qui sont actuellement solides dauphins du Paris Saint-Germain en championnat à force de proposer un football efficace, à défaut d’être toujours séduisant, sous la direction de Christophe Galtier. Ce lundi soir, les deux échappés du peloton de tête de la Ligue 1 se retrouvent en Coupe de France, une compétition ultra dominée par les Rouge et Bleu depuis son passage sous giron qatari (7 finales dont 6 sacres sur 10 possibles). « Généralement, on dit que si on veut gagner la Coupe de France, il faut battre Paris, philosophait Galtier ce week-end face à la presse. Chaque saison, c’est comme ça. »
Pourtant cette saison, c’est à se demander si le Gym n’a pas un vrai coup à jouer, surtout face à ce Paris souvent moribond. Certes, il y a Mbappé, il y aura sans doute Messi, et globalement tout un tas de joueurs au talent indéniable, mais les deux clubs apparaissent dans des dynamiques presque opposées cette saison. Quand Paris se mange critique sur critique sur son jeu, Nice monte en puissance, et la machine bâtie depuis le début de la saison par l’excellent Galtier arrive à un moment de la saison où elle tourne à plein régime. Depuis leur dernière défaite, sèche, face à Strasbourg (0-3) le 5 décembre, les Aiglons restent sur six victoires de rang, notamment face à Rennes (1-2) et Lens (2-1), deux autres gros morceaux du championnat. Lorsqu’il était venu au Parc des Princes plus tôt dans la saison, le Gym avait déjà bien embêté le PSG, et avait même été le premier à tenir en échec le leader chez lui cette saison (0-0).
Des travaux à tous les étages
Une dynamique et une saison de manière générale qui viennent récompenser le projet intelligent mis en place par Ineos depuis bientôt trois ans à Nice. Un projet que Bob Ratcliffe, frère du propriétaire Jim, avait résumé en ces mots au moment de la prise de pouvoir du groupe anglais : « Nous allons dépenser, mais nous allons surtout bâtir. » Il n’avait pas franchement menti. Au-delà du recrutement à proprement parler, qui se constitue depuis deux ans d’un savant mélange de jeunes prometteurs (Todibo, Bard, Gouiri, Thuram, Claude-Maurice, Brahimi, pour ne citer que ceux qui sont encore là), de jeunes étrangers (Dolberg, Boudaoui, Lotomba, Stengs, Rosario, Kluivert) et de joueurs d’expérience qui facturent un paquet d’heures de vol en Ligue 1 (Delort, Lemina, Amavi, Schneiderlin), dirigés par l’entraîneur fraîchement champion de France. Car oui, Nice a également évolué en coulisses, en développant son staff et ses infrastructures.
À l’anglaise, dans l’amour des gains marginaux, les nouveaux proprios se sont attelés à améliorer tout ce qui était améliorable, de l’entretien des pelouses à la nutrition en passant par l’analyse approfondie de la data. Pas plus tard que le 13 janvier, le club annonçait par exemple les arrivées de Camille Rombaut, ancienne de l’INSEP et du LOSC, « en la qualité de responsable de la nutrition », et de Damien Della Santa, devenu adjoint de Christophe Galtier en charge des coups de pied arrêtés et des touches. Le second avait déjà œuvré en tant que consultant auprès d’Adrian Ursea la saison dernière, avec un succès certain. « Au début de la saison 2020-2021, l’équipe était la pire d’Europe sur les corners défensifs, avec un but encaissé tous les onze corners, expliquait-il au site du club. On est passés d’un but tous les onze corners à un but tous les 59. Ce sont des chiffres qui ressemblent à ceux des meilleures équipes d’Europe. »
Plus de trophée depuis 1997
Ce n’est pas d’exceller sur les coups de pied arrêtés défensifs qui fait de Nice un candidat immédiat à une victoire en Ligue de champions. Mais à l’heure où le football vit au rythme des rachats foireux, avec des clubs historiques qui se retrouvent gérés à la va-vite, l’expérience calme et réfléchie du Gym apparaît comme un grand bol d’air frais. Face à Paris ce lundi soir, les Aiglons ont l’occasion de montrer que leur projet se porte bien (merci pour lui), et que leur stratégie est de celles qui sont effectivement capables d’aller titiller les meilleurs. Une ambition qui serait plus que bienvenue : remonté en Ligue 1 en 2002, le club n’a pas connu l’ivresse d’un titre depuis le siècle dernier, et une Coupe de France glanée en 1997. « On est en concurrence avec Rennes, Monaco, Lyon, Lille, Marseille, qui ont tous gagné un titre ces dernières années, constatait le président Rivère récemment auprès de L’Équipe. Il faut qu’on écrive notre histoire, c’est ce qui va faire adhérer les gens. » Sortir le PSG de SA compétition serait assurément une première étape.
Par Alexandre Aflalo