- France
- PSG
Neymar, une envie de départ qui en dit long sur la Ligue 1
Neymar aurait informé la direction parisienne de sa volonté de quitter le PSG dès cet été. Après l’échec Messi, le feuilleton Mbappé, ce choix couronne surtout l’échec du projet qatari autant qu’il illustre la dévalorisation de la Ligue 1.
Une fois l’information sortie par L’Équipe, les spéculations ont évidemment fleuri sur les réseaux sociaux. La principale interrogation tournait d’ailleurs autour de la possibilité réelle, et économique, de voir Neymar dire adieu au PSG pour rejoindre, puisque cela semble réciproque, les rangs du Barça. Titulaire d’un salaire hors-normes pour un attaquant qui n’évolue en général qu’une demi-saison, et d’une prolongation quinquennale paraphée dans des conditions qui restent surréalistes, Neymar s’avère de fait hors de prix. Tout le monde estimait qu’il s’agissait à ce propos de la principale raison de sa présence dans la capitale française et de sa résignation à y demeurer. Il avait comme d’habitude entamé les matchs de préparation avec un peu d’allant, rappelant à ses détracteurs qu’il lui restait du ballon dans les pieds. Il ne semblait guère attiré par les sirènes saoudiennes et l’arrivée de Luis Enrique paraissait le rassurer.
Le milliard pour la Ligue 1 semble si lointain
Pourtant, de guerre lasse, il a donc décidé de s’en aller. Officiellement, et en grande partie, après la manifestation d’une frange des supporters et ultras devant son domicile au printemps. Les véritables causes de ce retournement de stratégie dans sa carrière resteront toutefois à jamais tapies dans l’ombre des discussions au sein de son cercle proche et familial. Qu’il aboutisse ou non, ce coup d’éclat constitue surtout une terrible sanction pour le club parisien, son président Nasser al-Khelaïfi, son projet, cette énième révolution avec un nouvel entraîneur qui, promis cette fois, « va tout changer ». Transféré à prix d’or et de pétrodollars, l’ancien bourreau de la remontada incarnait alors, de par son statut, « l’un des trois meilleurs au monde », le changement de dimension du PSG, et dans son sillage, de la Ligue 1. Il n’a malheureusement tenu que rarement les espoirs placés dans son toucher de balle, incapable d’aider Paris à décrocher le Graal de l’inatteignable Ligue des champions, malgré un Final 8 de haute volée en 2020 jusqu’à une finale ratée contre le Bayern. Il a vu et vécu les tribulations parisiennes, jusqu’à l’an dernier, ou il a brillé sous Christophe Galtier uniquement afin de préparer son Mondial. Une Coupe du monde remportée par Lionel Messi, qui s’est enfui aussitôt pour donner l’impression de retrouver le bonheur du foot en MLS. Quelle claque pour la Ville lumière et l’orgueil tricolore.
Au-delà du simple cas parisien, et des aléas d’une institution qui n’arrive pas à exister, c’est du côté de la LFP que l’effroi et la surprise doivent régner. Rappelons les rêves de grandeur qui sortent encore de la bouche de Vincent Labrune, persuadé que les droits télé, notamment grâce au grand mythe du rattrapage du retard à l’étranger, parviendront à atteindre le milliard d’euros lors du prochain appel d’offres en septembre. Qui y croit encore ? Qui va éclater sa tirelire pour regarder Vitinha enfin confirmer à Marseille ou prier pour la renaissance de Lucas Hernandez au Parc des Princes ? Dépouillé sans vergogne, mais argent comptant, par l’Arabie saoudite, déserté par ses rares stars « mondialisées » (entre réseaux sociaux et merchandising), de moins en moins capable de se révéler destination pour les grands noms ( par exemple Harry Kane), que peut valoir notre championnat aussi bien sportivement (le plafond de verre européen, toutes compétitions confondues) qu’en termes de fond de commerce ? La fuite, pas encore confirmée, de Neymar, fragilise encore davantage cette cinquième place dans un top 5 illusoire sur le Vieux continent.
Nicolas Kssis-Martov