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PSG-Nantes, le désamour de la Coupe
Pour des raisons différentes, cette demi-finale de Coupe de France ne suscite pas un grand engouement à Paris comme à Nantes. Pendant que les Parisiens ruminent toujours leur élimination en Ligue des champions, les Canaris débarquent dans un contexte délicat, s'illustrant par le conflit entre les supporters et Waldemar Kita. Et pourtant, les deux clubs doivent se mettre en tête que cette rencontre reste un événement important, à ne surtout pas prendre à la légère.
Dans quel monde une demi-finale de Coupe de France est-elle un micro-événement ? Dans celui du Paris Saint-Germain, certainement, depuis que le club s’est habitué à collectionner les trophées nationaux, sans trop avoir d’opposition en face pour l’en empêcher. Dans celui du FC Nantes, peut-être, tant l’ogre parisien semble intouchable, et tant l’opposition au président Waldemar Kita commence à prendre le dessus sur tout le reste dans les tribunes des Canaris. Et cette année, même France Télévisions a choisi de mettre de côté le match du PSG – une première depuis l’arrivée des Qataris à ce stade de la compétition –, donnant la priorité à l’autre demie, entre Lyon et Rennes, et laissant donc ce Paris-Nantes entre les mains d’Eurosport 2. Comme si tout était joué d’avance et que les Parisiens allaient forcément se qualifier pour une cinquième finale d’affilée. Et pourtant, rien n’est écrit à l’avance, et surtout, les deux clubs doivent comprendre qu’une demi-finale ne doit surtout pas devenir un match comme les autres.
Ne pas banaliser les trophées
À Paris, il y a les discours pour activer la remobilisation générale, histoire de ne pas finir une nouvelle saison en roue libre. « Les trophées ramènent de la joie et on veut en donner à nos supporters et notre famille » , prévenait Marquinhos après le succès à Toulouse (0-1), dimanche soir. Même son de cloche lors de la conférence de presse donnée par Tuchel, à la veille de la réception de Nantes : « C’est le défi d’être concentrés sur ce match. Il nous manque beaucoup de joueurs et, avec les gars qui sont disponibles, c’est nécessaire qu’on joue ensemble et avec toute notre concentration sur cette rencontre face à Nantes seulement. » Sauf que personne n’est dupe. Le nouveau fiasco en Ligue des champions est encore dans toutes les têtes, et il semble même avoir cassé toute dynamique (exceptée celle des victoires en championnat), au point de voir l’infirmerie parisienne se remplir un peu plus chaque semaine.
Alors, la saison du PSG est-elle déjà terminée ? Si le titre de champion de France devrait être officiel dans les prochains jours, le club francilien ne doit surtout pas faire de la Coupe de France une banalité, un trophée de plus à poser dans sa vitrine. Pas facile à l’approche des quarts de finale de C1, qui pourraient réveiller une certaine mélancolie chez les supporters parisiens. Et si ces derniers réapprenaient à savourer chaque « petite victoire » sur le plan national, en attendant l’ivresse européenne ? À son arrivée l’été dernier, Tuchel avait d’ailleurs prévenu tout le monde : « Il faut qu’on crée une atmosphère dans laquelle les matchs de coupes sont au même niveau que ceux de Ligue des champions. Quand les joueurs auront ce même état d’esprit pour tous les matchs, tous les entraînements et tous les déplacements que nous aurons à faire ensemble, on pourra atteindre tous les objectifs auxquels on peut penser. » Une réflexion qui vaut pour toutes les strates du club de la capitale, des fans aux dirigeants.
La schizophrénie nantaise
Le contexte est complètement différent à Nantes, qui n’avait plus atteint le dernier carré de la compétition depuis 2007, et qui peut rêver d’un retour au Stade de France pour la première fois depuis 2004 et une finale de Coupe de la Ligue perdue face à Sochaux – merci Landreau. De quoi réveiller le volcan jaune et vert ? Pas totalement. Si près de 2000 supporters nantais sont attendus au Parc des Princes, l’engouement n’est pas vraiment au rendez-vous. « Les gars n’y vont pas pour soutenir l’équipe, mais plutôt pour passer un bon moment entre potes, explique un habitué de la Beaujoire. Il y a eu une accumulation de saloperies à l’égard des conditions de déplacements, la goutte d’eau étant les vingt ans de la Brigade Loire prévus à Reims pour lesquels le club a tout fait pour mettre des bâtons dans les roues en provoquant un arrêté ministériel. » Dans les tribunes, la défiance à l’égard de Waldemar Kita est de plus en plus importante, au point parfois de prendre le dessus sur les résultats sportifs : « On ne veut pas voir ce pourri parader si on va au Stade de France, et en même temps on reste derrière le club. Il y a une schizophrénie générale, j’ai même vu des mecs célébrer les buts lillois dimanche. »
Mais les Nantais peuvent-ils vraiment faire d’un événement exceptionnel un match quelconque ? Ne faudrait-il pas mettre entre parenthèses ce conflit, certes compréhensible, pour se concentrer sur l’idée excitante d’aller jouer une finale à la fin du mois ? Les joueurs doivent, eux, se mettre en condition, et se mettre dans la tête qu’éjecter ce PSG n’est pas une mission impossible vu les nombreux absents. Encore une fois, Tuchel va devoir faire sans Cavani, Neymar, Di María et Meunier, alors que Draxler et Alves ont seulement repris l’entraînement en début de semaine. Il suffisait de se poser devant le match à Toulouse, dimanche, pour comprendre que ce Paris n’a rien d’un ogre en ce moment. Aux Nantais d’en profiter, de leur rentrer dedans et d’afficher des ambitions dans le jeu, sans passer leur temps dans les trente derniers mètres, attendant d’être crucifiés par le petit génie français. Et tant pis si ça se termine par une valise, tant que les hommes de Vahid ne se présentent pas en victimes au Parc. Alors, dans quel monde une demi-finale de Coupe de France peut-elle bien être un micro-événement ? Sûrement pas dans celui d’un club qui pourrait fêter les vingt ans de son dernier trophée en 2021.
Par Clément Gavard