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PSG-Lyon : Petites histoires autour d’un match
PSG-OL, un choc malgré tout. Surtout quand on se penche sur les anciennes confrontations entre les deux clubs. Une rencontre particulière avec des buts, des plébiscites, des joies, des fêtes, du sang et Marco Simone.
Pastore pose ses attributs (2011) : 2-0
C’est le premier test de Javier Pastore en France. L’Argentin, acheté 42 millions d’euros quelques mois auparavant, a commencé sa démonstration estivale. On se souvient encore de son doublé contre Montpellier à la Mosson. Contre l’OL, au Parc des Princes, l’Argentin est attendu. C’est un gros match. Ceux que l’on dispute le dimanche soir sur Canal Plus. La rencontre est serrée. Gomis vendange. Pastore fait du Pastore. Il est beau. Élégant. Stylé. À l’heure de jeu, l’Argentin récupère la balle dans le sens du jeu, côté gauche. Il accélère, s’amuse de Baky Koné d’un passement de jambe dans la surface avant de cartoucher Hugo Lloris du gauche, dans un angle fermé. L’Argentin tutoie alors la France. L’histoire d’amour est en marche. Elle va durer un semestre. Comme une vulgaire expérience Erasmus.
Dejan Lovren, le paillasson (2012) : 1-0
Un an plus tôt, Pastore s’amusait. Depuis, Ibrahimović, Lavezzi et Thiago Silva sont arrivés et tout a changé. De ce match, on se souvient de deux choses. L’unique but du match en provenance du crâne de Blaise Matuidi sur un service de Zlatan. Et, surtout, le crâne de Dejan Lovren, en sang. Sur une action, Ibra s’essuie les crampons sur le cuir chevelu du défenseur, alors au sol. Volontaire ? Personne ne le sait. Pour le défenseur croate et son président, Jean-Michel Aulas, c’est un attentat. Un crime impuni. Leonardo, lui, n’y va pas par quatre chemins pour dézinguer le boss lyonnais dans L’Équipe : « Aulas, il est qui pour juger ? (…) Attendez, Aulas, il fait quoi ? Je ne comprends plus très bien. Il travaille aussi à la commission juridique de la Ligue ? » Y a pas à dire, on se marrait bien avec Leo.
Luis Fernandez sauvé par le public (2002) : 2-0
« Ce sont eux qui me voulaient il y a deux ans, c’est à eux que je dois des comptes. Ce sera comme à la Star Academy. Je vais être nommé… » Le verbatim est de Luis Fernandez. À l’époque, le coach du PSG estime n’avoir de comptes à rendre qu’aux supporters et non à Laurent Perpère, le président. Il faut dire que le club est à la rue et Luis préfère confiner Ronaldinho sur le banc de touche, lui préférant Romain Rocchi ou Stéphane Pédron. Le président, pas en reste, en rajoute une couche dans les médias en affirmant, sibyllin : « Il me semble que, aujourd’hui, se passer des services de Fernandez serait moins préjudiciable pour l’avenir du club que de laisser partir Ronaldinho. » Ambiance. Contre Lyon, la plèbe décidera. Dans un match à sens unique, 2 à 0, où Heinze et El-Karkouri marquent sur des services de… Ronaldinho, le Parc défend son coach via chants et banderoles. Sur l’une d’elles, on peut lire « Luis est à nous, Perpère on s’en fout » . Paris continue son n’importe quoi pendant que l’OL file vers son back-to-back. Comme quoi.
Hatem Ben Arfa s’amuse (octobre 2007) : 2-3
Lyon est au sommet du football français depuis un quinquennat. C’est le club à la mode. Sous la houlette d’Alain Perrin, l’OL est une vraie machine à broyer. Alors que le PSG de Paul Le Guen est en plein révolution – le match précédent, Sakho, 17 ans, découvre les joies du capitanat -, Lyon débarque au Parc des Princes avec deux minots pétris de talents : Benzema et Ben Arfa. Le second va exploser la défense parisienne en moins de cinq minutes. Deux mines du gauche qui perforent l’arrière-garde parisienne avant la pause. L’écart entre les deux équipes n’a jamais paru aussi grand. Un monde les sépare. Six mois plus tard, le PSG jouera sa peau à Sochaux pendant que Lyon ira braquer son septième titre de champion de France.
Bruno N’Gotty, nounours retourne sa veste (1996) : 2-0
De Bruno N’Gotty, on garde en mémoire une seule image : celle de Bruxelles. Une frappe en finale et la gloire. Avant cela, « Nounours » avait déjà envoyé des caramels en France. À Lyon, tout d’abord, là où il a été formé. Puis au Parc des Princes, son nouveau jardin. Lors des retrouvailles entre les deux clubs, N’Gotty a définitivement retourné sa veste. Le premier but de Patrice Loko, sur une belle volée suite à une déviation de Pascal Nouma, avait donné le ton. N’Gotty sonnera la fin du match d’un coup franc bien senti des 30 mètres. Deux pas d’élan, un missile et poteau rentrant. Pascal Olmeta et son maillot Justin Bridou ne bougent pas. C’est trop tard.
L’OL en mode carnaval (2004 et 2006)
Si le PSG est venu chercher son titre sur la pelouse de Gerland en mai dernier, l’OL s’était déjà payé le luxe de célébrer le Graal par deux fois sur la pelouse du Parc. En 2004, bien que battus par des Parisiens volontaires (0-1), les Rhodaniens terminent en champions. Ils sont au-dessus de tout et fêtent ça pendant très longtemps sur la pelouse du Parc. En 2006, l’OL est champion la veille. À l’hôtel. Ils arrivent sur le pré du Parc déjà titrés. Le match ne sert à rien. Pourtant, il s’amusent. Les Gones sont au-dessus. Collectivement. Individuellement. Mentalement. Un seul but de Fred suffit à leur bonheur. Joël Bats et Gérard Houllier, deux anciens de la maison parisienne, peuvent savourer. Ils sont là-haut. Tout là-haut.
Marco Simone, le festival (1998) : 3-0
Trois ans auparavant, Olmeta s’était fait dégoupiller par la machine à gagner de Luis Fernandez (4-1 dont un doublé de Valdo). Depuis, tout a presque changé, mais l’écart reste le même : trois buts. Le bourreau a changé de nom également. Il s’appelle Marco Simone et claque un doublé du droit. Une volée – somptueuse d’équilibre – et un raid à droite de la surface. Entre les deux, un pion de Raï au bout d’une action collective de toute beauté. Un match ne faisant pas une saison, ce PSG-là terminera la saison dans le ventre mou. Lyon commence à se mettre en ordre de marche.
par Mathieu Faure