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PSG-Leipzig : ah, si j’étais riche

Par Mathieu Faure
PSG-Leipzig : ah, si j’étais riche

Paris contre Leipzig, au-delà de l’affiche inédite, c’est aussi une opposition entre deux clubs très décriés dans leur pays et, un peu, jalousés pour une simple raison : ils sont riches. Car en 2020, pour gagner, le travail est primordial, le talent aussi, mais l’argent est un accélérateur incroyable. Ce qui ne plaît pas forcément aux romantiques.

Le PSG et Leipzig vont se disputer une place en finale de Ligue des champions. L’affiche est inédite, et pour cause, le doyen des deux clubs – le PSG – vient simplement fêter ses 50 ans et pourrait être le père de Leipzig, qui n’avait pas joué en première division avant 2016. Pis, le club allemand est un jeune bébé du football européen, il a vu le jour en 2009, soit deux ans avant le rachat du Paris-SG par le Qatar. En dix ans, les deux clubs ont donc connu une trajectoire plutôt similaire afin de parvenir à leurs fins : intégrer la table des grands. Chose qui ne plaît pas à tout le monde. Mais alors pas du tout.

Au PSG, même si le club a connu des heures dorées avant 2011 (5 demi-finales européennes de rang, une victoire en C2, deux titres de champions et de nombreuses victoires en Coupe), l’arrivée de l’argent du Qatar a tout changé. Sur le palmarès déjà – 25 trophées gagnés – mais aussi sur la place marketo-financière puisque la «  marque  » PSG est aujourd’hui la sixième plus riche de la planète football et dont l’évolution XXL a été récemment étudiée par la Harvard Business School en guise d’exemple. Rien que ça. Maintenant, le PSG s’affiche avec Michael Jordan, invite Rihanna et Beyoncé dans sa corbeille, drague les stars de la NBA et s’offre les joueurs les plus chers du monde avec deux rêves : être une franchise qui compte et gagner la C1. Il y aura toujours les réfractaires, ceux qui estiment que le football est avant tout un sport populaire et que l’argent a tout gâché, de la passion feinte aux joueurs mercenaires. Ces critiques, les dirigeants parisiens les entendent et, en cette année charnière au club, ils en tiennent même un peu compte, à l’image du retour du maillot Hechter. Mais ils regardent surtout vers leur Graal : la finale de la Ligue des champions. Et sans l’argent du Qatar, ça n’aurait pas été possible. Tout du moins, pas si vite. En neuf ans, Paris est devenu un club qui fréquente chaque année les phases à élimination directe quand, jusqu’ici, il ne s’y invitait qu’une fois par décennie. Pour rarement y briller…

Paris rattrape son retard… rapidement

Briller, c’est pourtant l’essence même du PSG lors de sa création par des gens du show business au début des années 1970 avec, comme idée directrice, donner à Paris un club à sa démesure. C’est le cas aujourd’hui après des investissements colossaux, même si constamment critiqués. En dehors du terrain, le club s’est structuré comme jamais : un nouveau centre d’entraînement ultramoderne en construction, une fidélisation de son «  nouveau  » public, des partenariats solides avec des marques internationales, une voix qui compte dans les instances européennes, etc.

Paris n’est pas devenu l’égal du Barça, du Real, du Bayern ou de la Juventus en si peu de temps, mais il a rattrapé son immense retard rapidement. Un upgrade qui coûte. De l’argent, mais aussi une partie de son âme. Quand on grandit aussi vite par l’argent, on a forcément oublié d’où l’on vient. Manchester City ou encore Chelsea ont essuyé les mêmes critiques avant le PSG, car s’inviter à la table des nantis ne s’acquiert pas via le compte bancaire. Dans un sport où Lionel Messi est payé en câlins et où CR7 joue gratuitement à la Juventus, avoir – beaucoup d’argent – est mal vu. Surtout quand vous êtes étrangers. C’est ainsi que les comparaisons de salaires et de budgets sont devenues une marotte des matchs du PSG. C’est David contre Goliath en permanence.

Leipzig, l’autre nouveau riche

Mais pour la première fois de leur histoire, les Parisiens vont retrouver un club – même si les sommes engagés sont différentes – qui lui ressemble un peu. Le PSG est le club d’un État, Leipzig est celui d’une puissante entreprise privée, Red Bull, dont le chiffre d’affaires pèse 6 milliards de dollars. Vice-champion d’Allemagne 2017 pour sa première saison dans l’élite, le club de l’Allemagne de l’Est s’est vite rendu compte de son impopularité au sein de son propre pays. Ainsi, lors de ses grands débuts en Bundesliga, le club adossé à la firme autrichienne de boisson énergétique Red Bull fondée par le milliardaire Dietrich Mateschitz en a pris pour son grade à chaque déplacement. Souvent, par le biais de banderoles hostiles : «  Et c’est pour ça que vous êtes descendus dans la rue en 1989…  » – «  Tuer un bœuf n’est pas un crime  » – «  Red Bull donne des ailes ? Vous risquez surtout de tomber de haut  » . C’est peu dire que le RB Leipzig n’a pas été accueilli par des embrassades pour son bizutage en Bundesliga. Pis, lors d’un derby agité contre les voisins de Dresde en Coupe d’Allemagne, les ultras adverses avaient laissé tomber les banderoles pour une protestation plus virile en exhibant en tribunes une tête de bœuf pleine de sang…

Voici donc le quotidien du prochain adversaire du PSG. Un club neuf, riche et parfaitement ancré dans son époque. D’ailleurs pourquoi RasenBallsport et non Red Bull ? Parce que le règlement du football professionnel allemand est drastique, un actionnaire majoritaire ne peut pas baptiser de son nom commercial un club avant vingt ans d’actionnariat. Bayer Leverkusen est passé par là, Leipzig, pas encore. Ce que l’on reproche à Leipzig ? D’avoir été acheté par une franchise en 2009, de brasser des millions d’euros et de lutter avec le Bayern Munich pour le titre pendant que des clubs historiques comme Nuremberg, Hambourg ou Kaiserslautern prennent l’eau. «  Pour de nombreux fans, Leipzig est un club en plastique et représente une menace pour la culture allemande  » , avançait Clark Whitney, journaliste spécialiste du football allemand dans les colonnes de France Football en 2018.

Salzbourg, la petite sœur

Car Leipzig n’est pas le seul club de Red Bull : dans la galaxie ailée, il y a Salzbourg, New York, Liefering et Red Bull Brasil. Malgré tout, cet ancien bastion de la RDA a toujours été une ville de sport. De nombreux champions olympiques de natation, handball et athlétisme ont vu le jour dans cette ville de plus de 500 000 habitants présentée aujourd’hui en Allemagne comme le «  nouveau Berlin  » . Dynamisme économique, scène artistique underground en pleine effervescence, université importante, Leipzig possède un potentiel unique en Allemagne, ce qui a poussé la firme autrichienne à venir s’y implanter. Pourtant, le RB Leipzig est au cœur d’une hypocrisie nationale dans un pays où le naming des stades est devenu roi, y compris chez les cadors du Bayern Munich et du Borussia Dortmund. Mais Red Bull n’est pas un simple mécène, c’est aussi un savoir-faire reconnu en Europe. À Salzbourg, vainqueur de la Youth League en 2017 (l’équivalent de la Ligue des champions U19) en écrasant tout sur son passage, on s’est fait une spécialité d’aller dénicher les meilleurs jeunes d’Europe, comme le capitaine des U19 du PSG Mahamadou Dembélé. D’ailleurs, l’actuel défenseur de Leipzig, le Français Dayot Upamecano, avait lui aussi rejoint l’Autriche en provenance de Valenciennes à 16 ans. Une fois l’étape Salzbourg passée, le garçon a rejoint Leipzig, véritable club vitrine de la franchise. Le circuit est simple, Salzbourg demeure le centre de formation de la branche Red Bull et Leipzig le navire amiral. Actuellement, ils sont sept à avoir fait le trajet direct entre Salzbourg et Leipzig : Upamecano, Gulácsi, Sabitzer, Haidara, Wolf, Laimer et Hwang.

C’est là toute la politique sportive de la firme qui, au-delà d’investir massivement dans le sport, a su développer une vraie cohérence sportive avec des entraîneurs de qualité, des infrastructures XXL et une envie de se projeter dans la durée. Alors que Salzbourg règne sans partage en Autriche (onze titres de champions depuis le rachat en 2005), Leipzig part de plus loin, mais apprend vite. Très vite. Deux ans après une demi-finale de C3, perdue, face à l’OM, voilà déjà un dernier carré de C1 trois ans après avoir disputé son premier match de poules de Ligue des champions de son histoire. Le football moderne, c’est aussi ça. Des idées, un savoir-faire, mais aussi de l’argent. Beaucoup d’argent.

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Par Mathieu Faure

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