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PSG, le grand flou
Deux ans après l'arrivée de QSI, tout juste auréolé d'un titre de champion de France, le PSG vient donc de recruter Laurent Blanc, un vrai/faux vrai choix pour un projet qui se cherche encore.
Le 8 mai, à la surprise générale, Sir Alex Ferguson annonce qu’il se retire après 27 ans de règne à Manchester United. Quelques heures plus tard, David Moyes est nommé pour lui succéder avec un contrat de six ans à la clé, validé par Sir Alex himself. Une transition parfaitement orchestrée, une communication de crise maîtrisée sur le bout des doigts et une leçon donnée à tous les clubs du monde. Pendant ce temps-là, le PSG a balbutié un mois durant avec Carlo Ancelotti. Partira, partira pas… Joueurs et dirigeants souhaitant qu’il reste, et lui, sûr de son fait, sait qu’il partira au Real Madrid. Les raisons de son départ aujourd’hui acté resteront mystérieuses, même si les hypothèses évoquées sont nombreuses : la cohabitation avec Leonardo, des joueurs imposés, le coup de pression de novembre dernier alors que le club était deuxième… Le PSG n’a pas réussi à s’enticher d’Ancelotti. Ancelotti n’a pas su faire avec le PSG, et le traitement de son cas en dit finalement long sur le chemin qu’il reste à parcourir au PSG pour être ce qu’il prétend être, à savoir un grand d’Europe.
Laurent Blanc, prof remplaçant pour classe excitée
Le mandat de l’Italien, les dirigeants parisiens l’espéraient long et historique, il aura été finalement court, sans véritable ligne directrice, laissant dirigeants et supporters avec tout un tas de questions en suspens. Avec Arsène Wenger en tête de sa liste de course, le PSG rêvait donc d’un bâtisseur, un constructeur de long terme, un architecte capable de poser des fondations solides. Avec une idée de jeu précise, l’Alsacien aurait permis de lancer enfin ce fameux storytelling parisien si recherché qui n’a toujours pas trouvé son point zéro. Mais à trop vouloir Arsène Wenger, le PSG s’est donc retrouvé avec Laurent Blanc. À proposer des contrats d’un an à des coachs vainqueurs de la Ligue des champions, le PSG se retrouve donc avec un coach qui sera avant tout là pour résister à la pression et tenir son vestiaire. L’absence de toute question tactique lors de la conférence de presse en dit long. Laurent Blanc ne vient pas avec une idée précise de ce qu’il veut faire de ce groupe, il vient surtout pour se relancer, lui, limiter la casse, être un peu meilleur que Carlo en coupe et remporter la Ligue 1. Soit colmater les brèches, s’occuper des affaires courantes, et amener le PSG dans de bonnes conditions à son futur coach, tel un prof remplaçant dans le brouillard au milieu d’une carrière hésitante qui vient tenir une classe talentueuse mais dissipée. Gérer la routine, donc. Mais le PSG veut plus, ce PSG veut plus, il veut écrire l’histoire. Or on n’entre pas dans l’histoire en étant gestionnaire, mais bien visionnaire.
Qui sont les joueurs de ce PSG ?
Finalement, si le PSG n’a toujours pas trouvé son coach, c’est peut-être qu’il n’a toujours pas trouvé ses joueurs. Pour ne pas avoir défini avec quel profil de joueur il voulait bâtir son histoire, le PSG a multiplié les incohérences et se retrouve aujourd’hui avec un mic-mac de talents sans réelle unité. Sous les ordres d’Antoine Kombouaré, le PSG était une équipe plutôt jeune. Quelques baroudeurs de Ligue 1 côtoyaient des jeunes talents français, avec Javier Pastore au milieu dans le rôle de la star chouchoutée, rôle qui lui allait bien et correspond sans doute à sa meilleure période parisienne. Or, moins talentueuse en quantité, cette équipe n’a pas eu de moins bons résultats que celle de Carlo Ancelotti. Avec le coach italien, la hiérarchie et les cartes se sont brouillées. Le PSG est devenu moins « formateur » et plus « destructeur » , des poids lourds ont déboulé, Zlatan, Thiago Silva, des jeunes étrangers, des joueurs en fin de carrière, sans finalement apporter de plus-value à moyen terme et créer une identité collective. L’impression est que le PSG est aujourd’hui champion et auteur d’un excellent parcours en Ligue des champions parce que ses joueurs étaient plus forts, pas parce que l’équipe l’était.
Là où le PSG a failli
Et un an et demi plus tard, le PSG en est toujours au même point et se cherche encore. Peu de joueurs ont finalement lancé leur histoire dans cette équipe, or le PSG avait besoin de ça. Des joueurs labellisés « joueurs du PSG » et rien d’autre. Ce que sont Blaise Matuidi, Christophe Jallet et Salvatore Sirigu. Et c’est à peu près tout. À côté de cela, Javier Pastore a cherché encore et toujours sa place dans un football trop mathématique pour lui, Zlatan est de passage, Thiago Silva et Marco Verratti aussi, Lucas Moura trouve ses marques, Jérémy Ménez boude, Clément Chantôme et Mamadou Sakho ne se sentent pas à leur place, – tout comme les autres joueurs français, pour majorité sur le départ -, Thiago Motta est une véritable plus-value mais seulement ponctuelle, tandis que Alex et Maxwell profitent eux de leur dernier gros contrat. À y regarder de près, l’effectif de l’OM qui n’avait peut-être pas le quart du talent parisien a terminé deuxième à 12 points. Car lui a sans doute réussi là où le PSG a failli : calibrer un projet précis avec les joueurs qui vont avec. Ce qui reste donc à faire aux dirigeants parisiens. Oui, deux ans après l’arrivée de QSI, le chantier parisien reste donc immense. Car tout reste à définir. Et à construire.
par Antoine Mestres