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PSG : la fin des privilèges, encore

Par Mathieu Faure

Comme à chaque intersaison, le PSG entame sa reprise par un plan de communication huilée qui consiste à faire du nouvel entraîneur en place un homme de pouvoir avec qui les privilèges vont se faire la malle et le travail sera remis au centre du projet. Et comme tous les ans, on y croit. Un peu.

PSG : la fin des privilèges, encore

Unai Emery en 2016, Thomas Tuchel en 2018, Mauricio Pochettino en 2021, Christophe Galtier en 2022 et, maintenant, Luis Enrique. À chaque fois que le PSG a redémarré une saison avec un nouveau coach sur le banc, ce changement s’est systématiquement adossé à une petite mélodie douce qui annonçait des ajustements majeurs dans la gestion quotidienne du club de la capitale. Si le PSG a essoré quatre entraîneurs en moins de cinq ans, ce n’est pas un hasard, il y a fort à parier que cette fameuse mélodie comportait des fausses notes. Luis Enrique, dont le CV est loin d’être le moins reluisant de la pile, est arrivé en début de mois et, déjà, les notes de sa partition ont filtré dans la presse pour s’acheminer jusqu’aux oreilles des nombreux suiveurs du club de la capitale. L’Espagnol est un homme à poigne, sans concession, autoritaire mais juste, travailleur. Selon nos confrères de RMC, les premiers entraînements marquent déjà une tournure puisqu’après « chaque frappe manquée à l’entraînement, les joueurs sont désormais invités à aller chercher leur ballon ». La véracité ou non de cette affirmation n’est pas l’objet de notre réflexion, elle s’inscrit juste dans le storytelling classique des reprises du PSG sous la houlette d’un nouveau coach, puisque l’an dernier, déjà, Christophe Galtier aurait tenu à son arrivée devant son groupe des mots forts avec un discours mobilisateur arguant qu’il n’y aurait plus de passe-droit, que seul le terrain comptait pour mettre fin à l’individualisme et mettre en place un collectif fort. On a rapidement vu qu’il s’agissait d’un bluff monumental que le commissaire Bialès n’aurait eu aucun mal à déceler.

Une narration qui sonne creux

Parce que l’histoire que veut bien nous raconter tous les étés le PSG est globalement la même : avec cet entraîneur, ça va changer. Oui, oui, on y croit. Le souci, au fond, n’a jamais vraiment été l’entraîneur, alors que le club en change tous les ans. Le problème parisien reste identique : son cadre de travail. Après douze ans de présence dans la capitale, QSI n’a toujours pas trouvé la bonne formule dans la manière d’encadrer son groupe de joueurs. Surtout quand celui-ci n’arrive pas à se réguler de lui-même, car la meute ne comporte aucun mâle dominant comme pouvait l’être Zlatan Ibrahimovic. Sur le papier, et à condition qu’on lui laisse les mains libres, Luis Enrique a toutes les cartes pour redresser ce groupe et le (re)mettre enfin au travail. Mais le « à condition qu’on lui laisse les mains libres » est déterminant. Encore plus au PSG où le joueur majeur du projet, le pivot économique, la clé de voûte marketing, Kylian Mbappé, est en guerre ouverte avec le club depuis de longs mois. On demande donc à Luis Enrique de composer une équipe sans passe-droit dans laquelle le joueur au rôle sportif le plus important est en guerre de communication avec sa direction tout en mettant fin aux privilèges. C’est un peu comme la sortie annuelle dans la presse de Nasser Al Khelaifi qui, année après année, interview après interview, récite ses éléments de langage afin de tenter de nous persuader que le projet a changé, que les erreurs font grandir et qu’on ne l’y reprendra plus. Les suiveurs du PSG sont capables de tomber dans le panneau. Une fois. Deux fois, allez. Trois fois… Mais tous les ans, sûrement pas. Alors pour cette énième reprise parisienne sous les airs de « cette année, tout va changer », on a décidé de prendre ça avec légèreté, façon, « cause toujours ».

Le terrain, uniquement le terrain

On jugera sur pièce, car on connaît trop bien ce club dans sa capacité unique à faire naître des espoirs très rapidement, parfois sur rien comme un match amical réussi à une heure tardive de la nuit contre une équipe moyenne, pour ne pas se faire avoir bêtement. On préfère retarder au maximum le temps, inévitable, où Luis Enrique se fera baptiser Louis Eric et sera renvoyé à sa condition de cycliste avec des comparaisons faciles avec Cyril Saugrain de l’époque BigMat Auber.

Non, le supporter parisien n’est pas ingrat, il a beaucoup d’autodérision et de patience, mais il en a juste marre qu’on le prenne pour un con. Alors que les joueurs parisiens ramassent leur balle, fassent leurs lacets tout seuls, mangent ensemble à la cantine, que Luis Enrique connaisse le prénom de tous les employés du Campus, qu’il soit le premier arrivé et le dernier parti, au fond, on s’en tamponne un peu. Ce que l’on veut, en fait, c’est arrêter d’être embarrassé à chaque fois que cette équipe se présente sur un terrain de football. Moins de storytelling, plus de manitas dans les gueules adverses. C’est simple, le football.

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