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- PSG-Bayern (0-1)
PSG : la fin des paillettes
La conquête de la Ligue des champions a rarement semblé aussi inaccessible ces dernières années pour le PSG, battu par le Bayern Munich à domicile.
Puisque l’adage veut qu’une grande équipe ne puisse pas perdre deux fois de suite, il faut croire que le Paris Saint-Germain de Christophe Galtier, qui ne ressemble pas souvent à une équipe, n’est pas grand. En rendant les armes contre le Bayern Munich, ce mardi soir, lors du huitième de finale aller de Ligue des champions disputé au Parc des Princes (0-1), le club de la capitale a perdu un troisième match d’affilée toutes compétitions confondues après les revers à Marseille (2-1) et à Monaco (3-1). Une première depuis novembre 2011, à une époque où Paris avait enchaîné des défaites contre Nancy, l’OM et Salzbourg, avec Kevin Gameiro, Diego Lugano, Sylvain Armand ou encore Javier Pastore sur le terrain. Une série négative qui s’était présentée comme un argument supplémentaire pour montrer la porte à Antoine Kombouaré. Ce n’était pourtant pas encore le temps des exigences, de la démesure et des ambitions gigantesques pour un club aussi puissant financièrement ; ni celui de Kylian Mbappé, Neymar et Lionel Messi. Le PSG n’est pas revenu douze ans en arrière, mais il n’avance plus depuis trop longtemps, au point que le Graal, le trophée aux grandes oreilles, a rarement semblé aussi inaccessible.
Le PSG, un petit dans la cour des grands
Il règne une forme de fatalisme autour du Paris Saint-Germain, comme si le pire devait forcément se produire, et que personne n’y pouvait rien. Une chimère de supporters pour se rassurer, se réconforter face aux traumatismes du passé. Le présent a été peut-être plus cruel, ce mardi, à la vue d’un PSG qui a joué pendant plus d’une heure comme une petite équipe à domicile contre un Bayern Munich qui est loin d’être le meilleur cru de cette dernière décennie. Galtier attendait de ses hommes qu’ils « élèvent leur niveau de jeu », mais il y avait trop de peur pour afficher un visage conquérant. Après la rencontre, Julian Nagelsmann s’est même dit surpris de « voir le PSG aussi bas ». Le plan de Paris, très minimaliste, consistait d’abord à encaisser les vagues et faire le dos rond, avant l’entrée en scène de Kylian Mbappé, le joueur providentiel, et ce n’est franchement pas digne d’un club candidat à la victoire finale dans la compétition. Avant la 73e minute, les locaux avaient seulement tiré deux fois vers la cage de Yann Sommer, dont un coup franc sans danger de Messi. Danilo Pereira, lui, a jugé « la première mi-temps intéressante » au micro de Canal +, avant de préciser qu‘ils ne devaient pas « avoir peur d’être plus offensifs ».
C‘est une évolution dans le mauvais sens pour le champion de France. Après la partie, dans les discours des uns et des autres, il y avait presque la drôle de satisfaction de ne pas en avoir encaissé plus d’un dans le cornet, alors que Paris n’a toujours pas signé de clean sheet cette saison en sept matchs de Ligue des champions. Le PSG ne fait plus peur à personne dans la cour des grands comme en Ligue 1, du Maccabi Haïfa au Stade de Reims. Dans ce contexte, comment faire trembler le Bayern Munich ou d‘autres gros poissons ? Dans son costume de gala, mais avec une mine toujours aussi fatiguée, Galtier s’est présenté dans l’auditorium du Parc des Princes en reprenant les mêmes éléments de langage qu’en avant-match : « Ça peut paraître très banal, mais c’est une double confrontation. Il n’y a pas encore d’éliminé ou de qualifié ce soir. Je fonde beaucoup d’espoirs sur ce match retour. J’ai eu une discussion avec mes joueurs après le match. J’espère pouvoir retrouver de la fraîcheur et faire des rotations sans pénaliser l’équipe. Il y aura un match à jouer. »
C‘est la fin des paillettes et du panache pour le PSG. Après bientôt six saisons avec Neymar et Mbappé, lui souvent irréprochable, il y a presque la nostalgie de la période où Zlatan Ibrahimović était le roi du vestiaire et pendant laquelle le milieu de terrain ne ressemblait pas à un chantier permanent. Aujourd’hui, les espoirs du club de la capitale ne reposent plus que sur un homme de 24 ans. Le public du Parc ne vibre même plus pour le PSG, mais pour Mbappé, dont chaque fait et geste avant son entrée à la 57e minute ont suscité la clameur de l‘enceinte parisienne pendant que Messi traversait le match comme un fantôme et que Neymar, pourtant très concerné, continue de rappeler qu’il ne pouvait plus être aussi fantastique qu’avant à ce niveau-là. Il reste la dernière impression, celle d’un dernier quart d’heure synonyme d’espoir avant le retour, mais elle ne peut pas effacer l’attentisme et la fébrilité de la bande à Galtier en première période. Et puisqu’il fait à peu près tout dans ce club, Mbappé a envoyé des messages sur Canal + : « Chacun doit bien manger, bien dormir et se préparer au maximum. Nous avons vu que quand nous jouons un football offensif et que nous allons de l’avant, ils ne sont pas à l’aise. Nous allons aller là-haut pour gagner et nous qualifier. » Il faut le dire tout haut pour y croire. À la sortie du Parc des Princes, le mot « exploit » revenait sur quelques lèvres pour se projeter sur la deuxième manche à l‘Allianz Arena, où Paris et Mbappé avait braqué le Bayern il y a deux ans. En attendant, il sera question de ne pas encaisser une sixième défaite en 2023 ce week-end face à Lille. Voilà où en est aujourd’hui le PSG.
Par Clément Gavard, au Parc des Princes