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PSG : la conquête de Mars
Le PSG a beau investir lourdement chaque saison pour réaliser son rêve de soulever cette foutue Ligue des champions, le bilan est terrible : pour la troisième fois d’affilée, le club parisien s’évapore en huitièmes de finale. Et cette défaite face à Manchester United est sans doute pire que les deux éliminations précédentes.
Ils l’ont fait. On pensait que les Parisiens avaient fait le plus dur à l’aller en gagnant 2-0 à l’extérieur. Mais non, le plus dur, c’était de se faire éliminer. On n’a pas vu un grand match, mais on a assisté à un scénario incroyable, et l’exploit des Red Devils est aussi marquant que la décomposition des coéquipiers de Thiago Silva au fur et à mesure de la rencontre. En clair, le PSG vient tout simplement de banaliser la remontada. Qu’on se le dise, c’est encore plus dramatique sportivement parlant que le 6-1. Parce que c’est à domicile, devant un public qui poussait de toutes ses forces à 1-2, quand la qualification était moche, mais encore effective. Parce que ce n’est pas face à Messi, Neymar ou Suárez, mais face au quatrième de Premier League qui s’est présenté au Parc des Princes avec une équipe rafistolée au chatterton. Et surtout, bordel, surtout : c’est déjà arrivé il y a deux ans. Sur le papier, c’était plus dur pour Paris de perdre ce match que pour Manchester United de le gagner.
On pourra discuter longtemps du penalty accordé aux Mancuniens, mais le fait est qu’un prétendant au titre ne peut pas se retrouver dans une telle situation au bord du précipice dans les arrêts de jeu de ce match retour, dans des conditions aussi favorables au coup d’envoi. D’ailleurs, la direction, le staff et les joueurs seraient bien inspirés de ne pas axer leur communication sur cette utilisation de la VAR en leur défaveur, mais plutôt de tirer les véritables leçons de ce mal chronique qui les frappe.
Tuchel : super boulot, bilan mitigé ?
Manque d’allant, manque de solidité, manque d’animation, manque d’idées… Comme chaque saison depuis trois exercices, à la même période, quasiment au jour près, Paris s’est grippé tout seul. Il n’y a rien à sauver de ce match. Et c’est bien là le problème. Tous les protagonistes ont bien mal choisi leur date pour livrer des prestations individuelles bien loin des niveaux requis à ce stade : la naïveté de Kehrer, la fébrilité de Buffon, le déchet de Mbappé, etc. Chacun pourrait en prendre pour son grade. Eux qui avaient pour ainsi dire tout bien fait jusqu’à ce 6 mars 2019, 21 heures, ont mis un peu plus de 90 minutes à rendre la fin de saison parisienne lambda. Paradoxalement, s’il est régulièrement loué, à juste titre, pour sa méthode, ses expérimentations, sa pédagogie auprès des jeunes et le travail accompli depuis son arrivée, Thomas Tuchel – qui n’échappera pas aux critiques légitimes à la suite de cette déroute – pourrait boucler une saison moins bonne en matière de palmarès que celles de ses prédécesseurs avec déjà une élimination en Coupe de la Ligue face au dernier de Ligue 1 et une sortie prématurée en Ligue des champions face à un adversaire privé de la moitié de son équipe type qui n’avait rien d’un épouvantail.
Le « PSG quart de finale Project »
Le plus dur commence pour ce PSG à qui on promettait le meilleur et qui entendait une petite voix lui murmurer que cette année, c’était la bonne. Le championnat est acquis depuis longtemps et de fort belle manière. Il reste une Coupe de France à aller chercher, face à trois équipes qui ont chacune une histoire à écrire, pour ne pas faire de cette saison une désillusion – à l’échelle des ambitions du PSG, bien entendu – au vu des espoirs nés du boulot abattu par le coach allemand depuis sa nomination. Il faudra soutenir Thomas Tuchel dans ses envies, sa vision et ses choix, là où le club semblait prendre ses distances avec ses ex-entraîneurs après d’autres déconvenues, et se repencher sur des dossiers qui vont se rouvrir avec le printemps comme le poste de numéro 6 ou la politique des gardiens, voire diverses rumeurs sur des velléités éventuelles de départ d’une star ou d’une autre, qui sait… Autant de choses qui se règlent hors du terrain, à la différence du mal qui ronge la tête et le mental des joueurs du PSG dans les matchs à enjeu du mois de mars.
Comment expliquer que des joueurs qui ont une telle expérience, qui ont joué voire gagné des finales de Coupe du monde ou de Ligue des champions pour certains, passent autant au travers lors du match à ne plus perdre ? Comment une somme de talents pareils peut-elle déboucher sur une soustraction de mental dans ces moments-là ? Est-ce qu’il y a un problème de préparation alors qu’on entend à longueur de temps que les grands clubs ne se règle et ne monte en puissance qu’en vue des échéances de fin d’hiver et du printemps ? Est-ce que c’est un problème culturel inhérent au club parisien, voire aux clubs français ? Là sont les questions clés de l’avenir du PSG et les véritables équations à résoudre pour le docteur Tuchel. Après trois éliminations, au pire calamiteuses, au mieux embarrassantes dans la forme en huitièmes de finale de la Ligue des champions ces trois dernières saisons, et avec un club incapable de dépasser les quarts depuis l’arrivée de Qataris qui ne cessent d’investir, le projet parisien a pris une nouvelle grosse baffe qui le fait redescendre sur Terre. Et s’il n’est pas réellement mort ce mercredi soir pluvieux, il a déjà besoin d’utiliser une nouvelle vie pour partir dès aujourd’hui à la conquête de mars 2020. Mais bien malin/maligne celui ou celle qui pourra dire si ce PSG bénéficie vraiment de crédits illimités pour atteindre son rêve…
Par Pierre Maturana