- Ligue 1
- J25
- OM-PSG (0-2)
Après Mbappé, le déluge
Kylian Mbappé n’a pas supporté de sortir en cours de match. Kylian Mbappé ne supporte plus un PSG qui gagne sans lui. Il a donc balancé un post Instagram afin que son remplacement s’impose comme la seule info de la soirée. Son nombre de likes et de commentaires a surtout été sa principale performance lors de ce Classique.
L’image est belle. Kylian Mbappé quitte lentement, sous la pluie, de dos, brassard de capitaine au bout des doigts, isolé dans l’œil de la caméra, la pelouse du Vélodrome. La mise en scène raconte, sans besoin de le préciser avec un texte – d’ailleurs il n’y a aucune légende –, la tristesse d’un homme, l’injustice d’une situation et l’ingratitude ressentie par le héros de ce tableau qui représenterait une très belle pochette d’album de Liam Gallagher ou de Booba. Bref, tout se réduit à ce moment. La victoire quasi miraculeuse du PSG, qui a évolué plus d’une mi-temps en infériorité numérique, disparaît dans le flou de l’arrière-plan.
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Ce Marseille-PSG aura été un vrai Classico. On pouvait craindre pourtant le pire après une première mi-temps fastidieuse, dominée sans conséquence par un OM inefficace qui surplombait des Parisiens apathiques. L’exclusion largement discutable de Beraldo aura dynamité ce match. La rencontre, à défaut de décoller techniquement, a gagné en émotion et en tragique. Deux contre-attaques parisiennes ont douché le Vélodrome, Donnarumma a une fois de plus sauvé les meubles et à dix contre onze, Luis Enrique a su ramener les Phocéens à la dure réalité de leur limite.
Kylian Mbappé y aura fort peu contribué sur le terrain, fantomatique et apparemment fort peu motivé. Depuis quelque temps, ses prestations déçoivent. Il était attendu à juste raison pour une rencontre « à enjeux » qui, faute de décider du titre, s’avère le seul phare de la Ligue 1. Il est passé à côté. Or, maintenant qu’il a annoncé son départ à son président, le coach espagnol peut désormais s’offrir le luxe de le traiter à l’instar du commun des mortels en crampons. Une équité dont le capitaine des Bleus n’a jamais eu l’habitude depuis son arrivée dans la capitale. Il en fait désormais une affaire personnelle, peut-être pour camoufler sa méforme du moment.
Une vraie tête de com
Le constat se révèle pourtant terrible : Kylian Mbappé devient également mauvais dans sa communication. Il avait néanmoins donné l’impression de maîtriser à la perfection l’exercice, au point d’être cité en exemple auprès des nouvelles générations. Cette fois, chacune de ses réactions, dont on sait qu’elles sont mûrement réfléchies, s’apparente à un CSC. Il a pris la décision de partir. Un choix respectable et qui ne se commente pas. Cependant, la configuration de son départ lui offre justement la possibilité de s’en aller dans les meilleures conditions. Et d’utiliser chaque minute balle au pied, quelle que soit la compétition, pour démontrer quel grand joueur fait ses adieux au Parc de Princes. Sans amertume ni vanité. Avec juste le désir de préserver son histoire au PSG, notamment auprès des supporters, et en acceptant que l’avenir s’écrive sans lui. À la place, il se laisse piéger dans une bataille d’ego avec Luis Enrique, qui récite dorénavant le discours convenu de la prévalence du collectif et de la construction sur le long terme. Une guerre de communication que l’enfant de Bondy ne peut plus remporter, surtout quand, comme dimanche soir, les résultats semblent donner raison au coach.
Cette publication participe à un storytelling qui, tout comme son attitude à Monaco, construit l’image d’un homme qui traverse en solitaire cette fin de saison, loin de son club et même de son équipe. Sur cette photo qui se veut iconique et qui va probablement rentrer dans la mémoire collective des réseaux sociaux sous la déclinaison d’un mème, le logo du PSG n’est jamais visible. Kylian Mbappé, le lonesome cow-boy qui tourne le dos aux ingrats et à la trahison… Rendez-vous sur son compte officiel après le coup de sifflet de PSG-Barcelone…
Par Nicolas Kssis-Martov