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Et si c'était le moment de tout changer ?

Par Mathieu Faure
7 minutes
PSG : et si c’était le moment de tout changer ?

Sans surprise, le PSG a mis le clignotant en huitièmes de finale de Ligue des champions après une défaite logique et méritée face au Bayern Munich (0-2). S’ouvre alors la période annuelle de chasse aux sorcières au club. Pour quoi faire ? Et si c’était le moment de tout changer. De tout raser. De repartir de zéro ?

Le Paris-SG vient de se faire éliminer de la Ligue des champions dès les huitièmes de finale pour la cinquième fois en sept ans. Une régularité qui pourrait être celle du Bayer Leverkusen si le PSG n’était pas adossé à la plus grosse masse salariale d’Europe pour se présenter à Munich avec un banc de touche où Alexandre Letellier côtoyait Hugo Ekitike, Carlos Soler, Warren Zaïre-Emery, El Chadaille Bitshiabu et Sergio Rico. Paris n’a pas existé contre un Bayern Munich loin d’être le rouleau compresseur des années Hansi Flick. Les Bavarois se sont contentés d’être sérieux et appliqués, et cela suffit à rendre le Paris SG stérile pendant 180 minutes, une première depuis la demi-finale de C1 de 1995 contre l’AC Milan. Contrairement aux années précédentes, de la remontada de 2017 à la « faute pas faute » de Benzema sur Donnarumma en passant par la main sifflée contre Presnel Kimpembe face à Manchester United, il n’y a pas de scandale dans cette élimination. Pas de drame. Pas de scénario rocambolesque. C’est clinique. Froid. Logique. Évident. Ce PSG n’est plus taillé pour les joutes européennes sur deux matchs. Il n’est pas au niveau. Il n’a pas les armes physiques, tactiques, mentales, psychologiques pour faire plus. C’est d’ailleurs le sentiment de Kylian Mbappé en zone mixte : « Notre maximum, c’est ça… » Une phrase qui résume tout et qui fait mal : « Notre maximum, c’est ça… »

Comme après la sortie de route habituelle en huitièmes de finale de C1, il faut maintenant dribbler l’hystérie, celle qui veut absolument trouver des coupables. Et comme souvent, le premier à devoir rendre des comptes semble être l’entraîneur Christophe Galtier. Un homme qui n’avait jamais joué un aller-retour de C1 avant son arrivée dans la capitale. Là encore, aucune surprise. Mais le PSG ne doit plus être cette machine à broyer des coachs. L’homme qui a nommé Galtier et construit l’effectif parisien, Luis Campos en l’occurrence, est forcément dans le viseur de la plèbe également. À Munich, la différence de CV entre les entrants du Bayern (Mané, Gnabry, Sané, João Cancelo) et ceux du Paris-SG (Mukiele, Zaïre-Emery, Bitshiabu, Ekitike) est abyssale. Un écart qui résulte d’une politique sportive sans queue ni tête, entamée en 2017 avec comme seul prisme un « tout pour l’attaque » qui cannibalise les finances du club et déséquilibre une équipe qui tenait déjà sur un fil.

Lionel Messi, le randonneur

Lionel Messi, tout septuple Ballon d’or et champion du monde qu’il est, est venu au PSG pour de mauvaises raisons. Le PSG l’a également recruté pour de mauvaises raisons. Ce recrutement symbolise l’absence de projet sportif. L’homme est bankable, le footballeur, lui, permet de gagner des matchs contre Lille, Nantes, Angers, mais disparaît constamment en Ligue des champions (aucun but, aucune passe décisive, quatre matchs indolents contre le Real Madrid et le Bayern Munich). En 2023, l’Argentin ne correspond plus au standard du football intense que représente la C1. Il marche. Marche. Et marche encore, avec un langage corporel révélateur de l’incongruité de sa présence dans cet effectif. L’idée de vouloir prolonger l’aventure avec lui montre à quel point les décideurs parisiens sont déconnectés de leur propre sport. Qu’un club de football soit aussi éloigné du football avec autant de ressources financières est déroutant. Mais, à côté de ça, il y a un côté sain dans la répétition de l’échec à laquelle le PSG s’est abonné. Aucun club travaillant comme le PSG de QSI ne réussit en C1. Aucun club n’a comme conseiller sportif un consultant extérieur qui collabore également avec un autre club. Aucun club n’a érigé la réussite d’une saison sur le seul résultat brut en C1. Aucun club n’a construit son effectif avec aussi peu de logique. Aucun club n’octroie de salaires aussi hauts à des joueurs aussi moyens. Aucun club n’a osé imaginer qu’un trio Neymar-Mbappé-Messi pourrait rendre service à un collectif. Aucun club ne collectionne les échecs avec autant de répétition que le PSG. Aucun club ne se met une pression monstre avant chaque huitième de finale de Ligue des champions. Pourtant, il faut avancer, c’est même vital.

La jeunesse au pouvoir ?

Sur la pelouse allemande, le PSG a envoyé deux enfants du club au front, Warren Zaïre-Emery et El Chadaille Bisthiabu, 34 piges à eux deux. Ils n’ont pas démérité, loin de là, mais le fait de devoir les lancer dans le grand bain, pour inverser la tendance, alors qu’ils pèsent moins de dix titularisations cette saison montre à quel point le roster a été construit et géré à la va-comme-je-te-pousse. Les deux Titis représentent l’avenir du club, ils doivent en assurer la relève, mais ce n’est rendre service à personne que de leur confier les premiers rôles de la révolte quand les tauliers s’effacent à ce point. Marquinhos et Marco Verratti, une décennie de présence au club, ont encore une fois sombré. Est-ce leur faute ? Oui et non. Les deux cadres, prolongés cette saison, sont dans une période de doute, de méforme et de régression sportive. Dans le confort permanent depuis dix ans, ils ne sont jamais remis en question. Que ce soit dans le onze de départ ou dans leur rôle de capitaine. C’est un autre souci du PSG, cette incapacité à remettre en cause les statuts. Le club en est encore au point où il se sent dans l’obligation de remercier ceux qui « daignent » venir jouer en Ligue 1 contre une somme rondelette. Non, cela doit être un honneur et une fierté, un combat même, de porter le maillot parisien. Les Titis, eux, ont conscience du maillot qu’ils portent. Ils l’aiment. C’est avec eux qu’il faut repartir et reconstruire.

Une purge, vraiment ?

Mi-mars, la saison parisienne est quasiment finie malgré un onzième titre de champion de France à aller chercher. Le silence médiatique ahurissant de Nasser al-Khelaïfi résume à lui seul la manière dont le club est géré. Le président parisien, qui s’occupe du padel, du tennis, de beIn Sports, du football européen, de tout et de rien à la fois, ne s’est présenté à la presse qu’après la victoire au Vélodrome en Ligue 1. Parce que c’est plus facile de parler un soir où tout va bien. Et maintenant, on fait quoi ? On change tout ? On vire le coach ? On remet la main au pot pour recruter des joueurs sans logique sportive ? On fait une interview dans la presse nationale en disant que tout va changer ?

Le PSG vit un éternel recommencement depuis 2017. Le Final 8 de 2020 n’est qu’un accident de parcours, dicté par des circonstances favorables et une forme d’union sacrée, sans lendemain. En ce mois de mars 2023, le PSG n’a jamais semblé aussi loin de la table qu’il désire tant rejoindre. Celle des Real Madrid, Bayern Munich, Manchester City, Chelsea, Liverpool and co. Celle des clubs qui planifient, qui n’hésitent pas à dire adieu à leurs idoles quand le vent tourne, qui anticipent, qui travaillent, qui ont un projet sportif en somme. Jamais le PSG n’avait semblé aussi petit. Aussi faible. Aussi triste. Aussi quelconque. Cette élimination n’a provoqué aucune colère. Aucun dépit. Aucun regret. Parce que tout le monde l’a vue venir. Parce qu’elle est d’une logique implacable. Elle est la conséquence la plus juste d’un club qui travaille mal depuis plusieurs années. Est-ce qu’il faut avoir confiance en cette direction pour redresser la barre ? Les récentes décisions tendent à prouver le contraire, mais personne n’est condamné à échouer constamment. On a aussi le droit d’apprendre et de mettre du temps à reconnaître ses erreurs. Il faut remettre le football au cœur du projet et oublier le reste. Revenir à l’essentiel. Pour ce faire, il faut peut-être admettre que pour redevenir compétitif en Europe, il faut en passer par une période où il faudra manger son pain noir et se donner du temps. Le temps que Doha n’a jamais pris et ne veut pas prendre. Car avec cette nouvelle déconvenue, le PSG a perdu plus qu’une certaine crédibilité sportive, le club a aussi perdu les dernières illusions qui accompagnaient une grande partie de sa fanbase. Plus personne ne croit en ce projet. Plus personne ne croit en ce club. Plus personne ne croit en ces hommes. Parce que le vrai souci dans le projet QSI du PSG, c’est qu’il y a des matchs de football. Aujourd’hui, qui croit cette direction capable de changer la donne, surtout en si peu de temps ? Personne. À eux de nous prouver le contraire pourtant. On peut se dire que l’ego des Qataris en a encore pris un coup et qu’ils vont finir par en avoir marre de passer pour des incompétents. En attendant, il y a Brest et Eric Roy qui se présentent à l’horizon. Un match parfait pour Lionel Messi.

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Par Mathieu Faure

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