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PSG et l’essence du foot pro

Par Nicolas Kssis-Martov
PSG et l’essence du foot pro

Le PSG a fait plier la LFP. Les Parisiens pourront tranquillement partir vers Doha assurer le service après-vente auprès de leur puissants sponsors. Tout le monde semble choqué de voir ainsi un club dicter sa loi aux instances régaliennes du foot. Mais sincèrement, cette affaire ne fait surtout que révéler l’immense hypocrisie du petit monde du ballon tricolore, qui n’aspire qu’à jongler avec les milliards russes ou les pétrodollars, tout en conservant, pour la galerie, l’air sympathique d’un district du Lot-et-Garonne.

Le PSG a donc obtenu de la LFP le report de son report. Le fameux match contre Montpellier annulé pour cause de gilets jaunes (qui n’ont jamais imaginé peser autant sur la L1). Une confrontation qui devra donc attendre encore un peu que se libère une place dans un calendrier pourtant bien chargé. La raison invoquée ne se masque d’aucun prétexte habituel (la santé des joueurs, etc.). Il ne s’agit que d’honorer une tournée promotionnelle au Qatar, qui pour le coup se trouve, elle, impossible a décaler. Impossible, car hormis l’engagement contractuel, certes « extrasportif » comme on dit au ministère, elle servira aussi et d’abord à valider et justifier des contrats mirobolants (en l’occurrence via l’office du Tourisme de l’Émirat, qui lui aussi, pour des raisons diplomatiques, a grand besoin d’une telle « propagande » à crampons) et pour le moins suspects (à en croire les Football Leaks), qui permettent aux Parisiens de tutoyer, du moins économiquement, les grands d’Europe. Le fair-play financier, plutôt mis à mal ces derniers temps à coups de « révélations » sur son application à géométrie variable, pourrait en effet être tenté de faire un exemple avec le club de la capitale.

Tout le monde gagne quand Paris grossit

Il ne faut pas être grand clerc, ni une petite souris, pour imaginer ensuite la teneur des discussions lors du bureau de la LFP qui a finalement décidé d’abandonner l’opposition de départ et – les mots font parfois sourire – de principe. Le foot français ne peut se permettre de « perdre » sa principale tête d’affiche (pardon aux Lyonnais et aux Marseillais). Pas au moment historique où l’on vend la Ligue 1 aussi cher – bref en crevant le plafond de verre des sept zéros – à un magnat espagnol. Pas quand la LFP n’arrive même plus à refiler « sa » coupe au service public, pourtant en grande disette de gazon. Voilà l’évidence. Tout le monde gagne quand Paris grossit : davantage de droits télé, y compris pour Amiens ou Nîmes, des stades remplis à chaque venue des stars, une meilleure visibilité – relative certes – internationale de nos compétitions et de leurs pensionnaires… Le foot doit être le seul secteur où le concept de « ruissellement » puisse sonner juste aux oreilles de certains.

Le traitement du PSG n’est pas de faveur, ni une faveur. Il éclaire au grand jour d’un banal arrangement entre amis ce qu’est le foot pro d’un championnat avec quelques ambitions. Son essence dans tous les sens du terme. Ce n’est d’ailleurs ni nouveau ni propre à l’Hexagone. « C’est comme dans tous les grands championnats, les grands clubs sont un peu avantagés » , a lâché avec philosophie Michel Der Zakarian. Alors pourquoi s’en étonner ou même en faire toute une histoire ? Peut-on vraiment continuer à brandir de belles valeurs – primauté du « sportif » , égalité entre les « petits » et les « gros » , etc. – hormis évidemment lors de séminaires « sport et citoyenneté » au Sénat ou de rencontres avec les « élus » pour récolter quelque argent public ou pérennisation de niche fiscale ?

Il faudrait un sacré courage politique, de celui qui coûte cher, pour espérer que la LFP ou même la FFF se décident à sacrifier ainsi l’ensemble de l’édifice si patiemment construit. Et les caciques de la LFP le désirent-ils tout simplement ? Les chefs d’entreprise demandent-ils un RIC (référendum d’initiative citoyenne) pour rétablir l’ISF ? Le rapport de force n’était vraiment pas de l’ordre d’une violence faite à des institutions pliant sous l’étranglement de la pieuvre de la finance internationale. Chacun y participe et y voit son profit. Personne ne veut changer de système, déjà bien en place. On aurait presque envie de remercier les gilets jaunes d’avoir, bien involontairement, levé un peu le voile sur cette réalité. Oui, dans le capitalisme, fût-il sportif, la taille compte.

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Par Nicolas Kssis-Martov

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