- Attentats à Paris
PSG : comment gérer l’après 13 novembre ?
La ville de Paris meurtrie vendredi par les attaques terroristes, le sport doit reprendre ses droits dès ce week-end. Et pour les entités comme le PSG, la problématique n'est plus seulement sportive : il faut jongler avec le moral de joueurs affectés par la tragédie.
Les femmes étaient les premières sur le pont mercredi, contre Orebro en Ligue des champions féminine. Un redoutable privilège alors que les attentats de vendredi sont encore dans toutes les têtes et que l’assaut de Saint-Denis le matin même nous rappelle la présence du danger. Mais les joueuses du PSG ont tenu la tête haute et fait le boulot : un nul 0-0 qui les envoie en quarts de finale de la compétition. Si la vie semble doucement reprendre son cours, comme l’a rappelé l’entraîneur des Parisiennes – « le sport est un spectacle qui doit permettre de redonner le sourire aux gens » –, la suite de la saison va forcément en subir les conséquences à tous les étages du PSG, autant chez les hommes que chez les femmes.
Sous le sceau du secret professionnel
Dans l’effectif de Laurent Blanc, les réactions n’ont pas tardé à fuser, entre Salvatore Sirigu et Javier Pastore endeuillés par la perte d’amis (les deux restaurateurs Pierre Innocenti et Stéphane Albertini, du restaurant Chez Livio, ndlr), David Luiz ou Edinson Cavani inquiets à l’idée de revenir dans la capitale, ou alors Thiago Motta et Marco Verratti qui ont déjà décidé de faire face avec fierté. « Dans un cas comme celui-là, il doit y avoir un traitement cas par cas, car chaque individu a un niveau de sensibilité qui lui est propre » explique le consultant en préparation mentale Stéphane Le Jeune. Pour celui qui travaille avec plusieurs joueurs pros, « il faut que le club ouvre la porte à un dialogue, mais en aucun cas qu’il ne le provoque, cela doit venir du joueur s’il en a besoin. Le PSG qui a mis un psychologue à disposition de ses joueuses, c’est pertinent. »
Quant au staff technique, il ne doit pas forcément s’aventurer sur un terrain qu’il ne maîtrise pas : « Bien sûr, l’entraîneur va prendre la parole devant ses joueurs, mais il ne faut pas que cela soit trop long. Il faut rapidement retourner dans les activités d’entraînement habituelles. » Et en aucun cas, le coach et ses préparateurs ne devront être amenés à connaître le contenu des échanges entre leurs joueurs et le psychologue, « échanges sous le sceau du secret professionnel, il faut que cela soit un moyen pour le joueur dans le besoin de parler, d’évacuer, pas quelque chose qui puisse influer les choix techniques de l’entraîneur » . Cela même si Stéphane Le Jeune reconnaît que l’entraîneur doit être suffisamment informé pour savoir s’il doit laisser son joueur au repos ou non.
Souder le collectif
Dans un effectif comme celui du PSG, le consultant en préparation mentale estime néanmoins que le travail psychologique peut être moins compliqué à gérer que dans d’autres contextes, car « les sportifs de haut niveau sont des gens habitués à vivre des situations de stress intense. Il est vrai qu’on est dans une situation extraordinaire, avec des pertes de vies humaines, mais des joueurs de football expérimentés ont une capacité supérieure à la moyenne de se remettre dans le sens de la marche. » Ce qui n’implique pas que certains éléments du club voient leur saison perturbée à cause du drame du 13 novembre, car « c’est certifié que l’état psychologique influe sur la santé physique d’un sportif de haut niveau, et un joueur qui ne se sent pas en sécurité pourrait avoir tendance à se blesser plus facilement » .
Quant à savoir si les attentats du 13 novembre influeront ou pas sur les résultats sportifs des clubs parisiens en général (PSG, mais sans oublier le Paris FC, le Red Star et Créteil), Stéphane Le Jeune préfère ne pas se mouiller : « Cela peut générer un gros coup d’arrêt comme souder le collectif autour d’une épreuve commune. » Leader invaincu en championnat avec 10 points d’avance sur son dauphin, Lyon, impressionnant en Ligue des champions malgré la défaite à Madrid, le PSG va indubitablement entamer une nouvelle saison samedi à Lorient.
Par Nicolas Jucha