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PSG : ce n’est pas la longueur qui compte
Selon la dernière étude de l’Observatoire du football, sur les deux dernières saisons en championnat, le Paris Saint-Germain est l’équipe qui fait les passes les plus courtes en Europe (16 mètres en moyenne), tous championnats confondus. Soit moins que le Barça (16,3), l’Ajax (16,8), le Borussia Dortmund (17), Manchester City (17,3) ou le Real Madrid (17,6). Mais que peut-on bien tirer d’une telle statistique ?
Depuis que la statistique a envahi le football, presque tout ce qui se passe sur le pré peut se traduire en chiffres. Et, surtout, en classement. Un petit exercice dans lequel excelle l’Observatoire du football CIES depuis sa fondation en 2000 : quoi que le football produise, quoi qu’il donne à voir, l’institut suisse va sortir un double décimètre, mesurer une paire de trucs, rentrer tout un tas de chiffres dans un ordinateur et pondre des classements. C’était encore le cas ce lundi, lorsqu’une étude sur la distance moyenne parcourue par les passes selon les clubs en Europe a fait émerger un résultat inattendu : de toutes les équipes du continent, c’est le Paris Saint-Germain qui a fait les passes les plus courtes ces deux dernières saisons, avec une distance moyenne de 16 mètres.
Plus « barciste » que le Barça
De façon symbolique, mais tout sauf anecdotique, le deuxième de ce classement s’appelle le FC Barcelone, 16,3 mètres de moyenne pour ses passes. Modèle absolu du jeu en passes courtes et rapides depuis des années, le Barça a servi d’inspiration directe au PSG qatarien lors de ses premières années – quitte à se servir d’un modèle, autant pomper ce qui se faisait de mieux à l’époque, hein ? L’influence s’est étendue dans de nombreux aspects de la gestion du club, notamment dans le recrutement et la formation, mais aussi et surtout dans le jeu, qui prend particulièrement à partir de l’ère Blanc une couleur blaugrana complètement assumée. « On ne va pas affronter nos maîtres, mais presque », glissait le Président à la veille du match de poule de Ligue des champions contre les Catalans, en septembre 2014 (3-2). Incarné par ce 4-3-3 qui leur a longtemps collé au corps, ce jeu court, de possession (Paris est également le 5e club d’Europe en nombre de passes par match avec 673 en moyenne, derrière le Barça (705) cette fois-ci), ce ballon qui tourne à en faire tourner les têtes adverses sont devenus indissociables de l’identité parisienne. À tel point que l’élève, même pour une trentaine de centimètres, a dépassé le maître.
Ces 16 mètres de moyenne, à peine moins que la longueur réglementaire d’une surface de réparation (16,5 mètres, on le rappelle pour les cancres), racontent aussi sans doute un PSG qui a porté ce modèle à l’extrême, et qui n’apporte pas toujours de la variété dans son jeu. Ce n’est pas que la différence soit abyssale par rapport aux premiers poursuivants (quatre clubs sont en dessous des 17 mètres, 19 en dessous des 18), mais disons que voir le PSG dominer ce classement – quand on voit la fâcheuse tendance que peuvent avoir les Rouge et Bleu à faire tournicoter le ballon entre les défenseurs et les milieux, à enchaîner les passes latérales et les retours en arrière – ne relève pas franchement de la surprise. À la décharge du PSG, c’est aussi le syndrome d’une « ligue des talents » souvent opposée à des équipes qui garent le bus devant le onze parisien, ne laissant pas beaucoup d’autres choix que de transmettre au copain le plus proche pour faire vivre ce ballon et trouver des ouvertures. Ce qui explique sans doute qu’en Ligue 1, le PSG compte près de 100 passes de plus en moyenne par match que son premier poursuivant, l’OL (574). Des distances, des chiffres et des mesures qui, de toute façon, n’ont plus vraiment de sens au regard de ce qui importe vraiment : car ces passes courtes, ce style de jeu ont sans doute permis à Paris d’empiler les titres en France depuis 8 ans, mais pas de faire éclater le plafond de verre en Europe. Nul doute que quand le football européen reprendra ses droits, les passes parisiennes seront courtes. En attendant, on peut se reposer sur ses classements, et célébrer les petites victoires.
Par Alexandre Aflalo