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PSG, année zéro…
Le Paris Saint-Germain fête son quarantième anniversaire, en même temps qu'il semble en train de mourir. Oui, le Paris SG qui a fait rêver tant de personnes n'existe plus. Ce soir, à Lens, commence une nouvelle ère. Celle du PSG, année zéro.
Quand tu es rentré chez toi, dimanche 28 février, les images de la soirée ont défilé pendant un bon bout de temps dans ta tête. Dans la solitude des nuits froides et obscures qui caractérisent les fins d’hiver, tu t’es retrouvé comme un con et tu as pensé « Voilà, c’est fini » . Quelque chose s’est fissuré. Irrémédiablement. Le PSG que tu as aimé et qui t’a fait rêver s’en est allé. Déjà, cet été, quand tu avais vu les nouveaux maillots, tu n’avais pas reconnu les couleurs dont tu étais tombé amoureux. Tu t’es dis qu’un truc avait changé. Foutue crise de la quarantaine. Mais voilà, ton club a eu l’existence tragique des héros destinés à mourir jeunes.
Alors, tu te rappelles. Dans ta tête, tu vois le but de Dhorasoo au Stade de France contre Marseille en 2006. Finale de Coupe de France. Une soirée parfaite. Et zou, tout défile dans ta mémoire. Ces années 2000, ce chérubin de 21 ans, tout sourire dehors, qui fait ses premiers pas à Auxerre. Ce Brésilien malicieux, Ronnie… Comment oublier les buts de Pauleta aussi ? Tu te souviens de cette dernière journée de 2004 où Pedro marque son dix-huitième but de la saison pour arracher une victoire à Bastia, trois points qui envoient le club en Ligue des Champions ? Ah, Pedro… Une autre époque. Pas forcément la meilleure, c’est sûr. Mais de bons souvenirs tout de même.
Francis –Président– Borelli, tu te souviens ? Sa classe, ses chemises roses et sa fameuse sacoche. Le siège du club se situait dans son appartement parisien. Autre époque, autre classe. Francis, c’était un type qui avait écrit une lettre en forme de déclaration d’amour à Michel Platini pour qu’il signe à Paris. Et qui avait mangé l’herbe du Parc quand le PSG remporta la Coupe de France en 1982 contre Nantes. Le premier trophée… En parlant de Coupe, tu te souviens de cette série de penalties homériques en demi-finale contre Rouen ? Dominique Baratelli avait tout sorti ! Il faut dire que sous Borelli, ton équipe était vraiment magique. Le premier titre de champion de France, la première participation à une Coupe d’Europe. Tu te rappelles ce premier match contre Sofia au Parc ? Nabatingue Toko avait sorti un de ces retournés dont il avait le secret. Tu te rappelles les Susic, Rocheteau, Fernandez, Joël Bats ? C’était sacrément beau à regarder jouer, des types comme ça…
Et puis un jour, Francis s’en va. Canal arrive, tu déchantes un peu, au début. Et tu te remémores le recrutement d’alors. Ricardo, Valdo, Lama, Ginola, Weah… L’Euro 1996 ? En demi-finale contre la République Tchèque, il y a cinq Parisiens titulaires avec les Bleus. À l’époque, ça semblait normal. Parce qu’à l’époque, ton club, c’était une référence. Tu te souviens du premier match de Raï, contre Montpellier, et son coup du foulard en guise de présentation ? Même si sa première année restera difficile, c’était quand même le capitaine du Brésil qui signait à Paris. Les années 90, c’était aussi et surtout la folie européenne. Tu te souviens la tête de Kombouaré contre le Real ? Le match dantesque au Parc contre Liverpool avec un Jérôme Leroy incandescent ? Et le match retour contre Bucarest ? Les quatre passes décisives de Leonardo pour ses adieux… D’ailleurs, tu sais très bien où tu étais le 8 mai 1996… Les années 90, c’est aussi le début des très, très grosses ambiances au Parc des Princes. Le début de la cohabitation entre Auteuil et Boulogne, les premiers échanges, « Allez Paris, Paris est magique » . C’était l’époque où le stade était rempli, l’ambiance chaude mais agréable. Le match, tu y pensais une semaine à l’avance et tu avais hâte d’être au Parc. Le Parc des Princes portait alors bien son nom.
Évidemment que ton club a une histoire. Plus tôt, c’est Daniel Hechter, un couturier, qui avait dessiné le maillot de la capitale. Un signe, assurément. Une manière d’affirmer que rien ne serait jamais banal au Paris SG. Comment cela aurait-il pu l’être d’ailleurs ? Même si M.Hechter sombrera avec l’histoire de la double billetterie, il aura écrit les premières lettres de noblesses du club. En ce temps-là, les esthètes du ballon rond étaient chez eux à Paris. Tu te rappelles des premiers pas de Mustapha Dahleb ? Et François M’Pelé ou Vélibor Vasovic ? Et puis, tu te souviens de ce 2 février 1970 au matin ? Peut-être pas, ça commence à faire loin. Mais l’histoire, tu la connais forcément. On te l’a racontée au Parc, ou tu l’as lue. Souviens-toi : ce jour-là, Pierre Bellemare avait posé la première pierre de ton club. Alors que le Parc des Princes devait être rasé, l’animateur radio d’Europe 1 avait lancé un appel à l’initiative des dirigeants franciliens : il souhaitait créer un grand club de football à Paris avec l’appui d’associés, qui feront partie intégrante du club pour la modeste somme de 25 francs. 17 000 gars avaient donné. En 1974, il y a ce fameux barrage contre Valenciennes et le club accède pour la première fois en première division. Il ne l’a jamais quittée depuis.
C’est loin tout ça, c’est loin. Tu ne regrettes pas grand chose, si ce n’est cette fin que tu voyais venir depuis un peu de temps déjà. Tu ne regrettes rien, mais tu es triste. Très triste. Le terrain, les tribunes, la direction, les joueurs, le maillot. Ce soir, à Lens, plus grand chose ne ressemblera au PSG que tu as aimé. Alors tu te souviens des jours heureux, et tu pleures. Mais tes larmes n’y pourront rien changer.
Jean-Marc Fontana et Bruno Ungaro
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