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PSG – Ancelotti: les raisons d’un divorce
Entre la Paris Saint-Germain et son entraîneur italien, la rupture est inévitable. S’il refuse de vouloir en donner la cause, Carlo Ancelotti a ses (bonnes) raisons de vouloir casser. QSI, Leonardo, la Ligue 1 et le Real, ils sont tous un peu responsable.
L’ultimatum Porto
La volonté de quitter le PSG a sans doute germé dans l’esprit de Carlo Ancelotti à partir du début du mois de décembre dernier. Le club de la capitale traverse alors une zone de turbulence ponctuée par trois défaites en championnat en cinq matches, et une élimination en Coupe de la Ligue. Au Qatar, sa cote de popularité, déjà ternie par l’absence de titre la saison précédente, est alors au plus bas. Entre la défaite à Nice et la réception de Porto en Ligue des Champions, le coach italien reçoit un message clair adressé par Doha et relayé par Nasser al-Khelaifi et Leonardo : la victoire contre le club portugais, ou la porte. Thiago Silva et Lavezzi sauvent le poste de leur entraîneur, et le PSG entame une belle série de victoires. Mais le mal est fait. Le chianti dans la panse et le sourcil gauche levé, Ancelotti ne digère pas. Pas habitué à être menacé en cours de saison, lui qui entretenait une relation de grande confiance avec Adriano Galliani à Milan où les accords étaient actés par une poignée de main, Carletto encaisse en silence. Professionnel et compétiteur, il fait le boulot jusqu’au bout mais prend ses distances avec sa direction. Un ressort est cassé.
La Ligue 1, le bande mou de Carlo
La Ligue 1, l’éternel boulet du PSG ? C’est en tout cas ce qu’a laissé entendre Leonardo à de nombreuses reprises depuis son arrivée dans la capitale, à travers différentes critiques sur le manque de professionnalisme des joueurs ou sur les méthodes de préparation françaises, mais aussi en affirmant que Paris est « une équipe faite pour l’Europe » . Le niveau du foot français est-il l’une des raisons qui a amené Ancelotti à vouloir partir ? N’a-t-il, comme certains joueurs de son groupe, réellement pris son pied qu’en Ligue des Champions cette saison ? Régulièrement critiqué pour ses choix tactiques en Ligue 1, l’Italien a fait taire ses détracteurs sur la scène européenne, avec l’instauration de son 4-4-2 contre Porto, le huitième de finale aller à Valence et la double confrontation contre le Barça. Comme s’il ne brillait qu’au son de l’hymne de Tony Britten. Concrètement, ne s’emmerde-t-il pas dans un championnat où l’on récompense la meilleure mascotte ? Remporter l’Hexagoal est un minimum, pas une prouesse, presque davantage un soulagement qu’un réel plaisir. Bref, Carletto a peut-être juste envie de vibrer un peu plus souvent.
Leonardo et Carlo, je t’aime moi non plus
A en croire les bruits de couloir, la réunion de dimanche a capoté autour de l’axe de travail commun qui devait lier Carlo Ancelotti et Leonardo. En mettant de côté le fait que l’Italien avait sans douté pris sa décision bien avant cette réunion, les deux hommes ne peuvent plus travailler ensemble. C’est acté, entériné et confirmé. Près de 18 mois de collaboration parisienne auront eu raison des deux caractères. En charge du recrutement, Leonardo était devenu trop omniprésent pour Ancelotti. Carlo, lui, voulait choisir ses recrues et laisser le soin au Brésilien de mener les négociations. En gros, je te file une liste de noms et tu te démerdes pour me ramener les premiers choix au prix que tu voudras. Exactement l’inverse de la situation actuelle où Ancelotti n’avait jamais le dernier mot sur le recrutement. Il avait encore en tête les choix imposés comme Gregory Van der Wiel quand lui avait demandé à Leo de sonder Mathieu Debuchy. Bref, le duo ne pouvait plus fonctionner ainsi. Pour Ancelotti, Leonardo est beaucoup trop nerveux et volubile. Le genre de personnage que ne supportait plus Ancelotti. Il voulait travailler sereinement. Avec ses hommes. Sans un directeur sportif aussi imposant au-dessus de sa tronche. Avec le temps, l’un des deux devaient sauter. Et comme Carlo était celui qui avait le moins envie de rester…
Le train du Real Madrid ne passe qu’une seule fois
Dans une carrière d’entraîneur, peut-on se permettre de refuser le Real Madrid ? Se poser la question, c’est y répondre. Dans ce bordel médiatique ambiant, Carlo Ancelotti ne retourne pas à Parme ou ailleurs. Il quitte le Paris-SG pour le Real Madrid. Le plus grand club d’Europe d’un point de vue historique. Le Real, c’est neuf C1 quand même. Un effectif de stars, une histoire, un maillot, une légende. Forcément, ça donne à réfléchir. Surtout après une saison dégueulasse où José Mourinho aura salopé sa chambre comme jamais. A l’opposé du technicien Portugais, Ancelotti sait qu’il va être accueilli comme un pacha. Le club attend du changement et, surtout, de la sérénité. Typiquement dans les cordes du Mister. En 18 mois, Ancelotti s’est refait une santé et un joli F5 sur son CV après un an de chômage : quart de finaliste de la C1, vainqueur de son championnat et gestion d’un effectif de stars, l’Italien est (re)devenu un entraîneur sexy. Outre sa parenthèse milanaise (neuf piges), Ancelotti n’est jamais resté plus de 2/3 ans dans le même club. Finalement, le Real Madrid tombe à pic et semble une suite logique. Le Paris-SG de QSI aura été le tremplin parfait. Et merci à José Mourinho aussi, finalement. Ce qui est assez ironique pour QSI, quand on connait l’amour des Qataris pour le Portugais. Et comme le hasard fait bien les choses : Real et PSG se retrouveront dès cet été pour un match amical…
par Quentin Moynet et Mathieu Faure