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Professeur Raúl Albiol
À 36 ans, Raúl Albiol est devenu le joueur espagnol le plus âgé à jouer en Ligue des champions, et les années ne semblent pas le heurter. Ou peut-être même mieux : comme le bon vin, le défenseur central de Villarreal se bonifie en vieillissant.
Mardi soir à l’Estadio de la Ceramica, les tribunes seront garnies d’anciennes gloires : Joan Roman Riquelme, Marcos Senna, Santi Cazorla, Robert Pirès… Au milieu de ces quadragénaires, issus pour certains de la génération dorée de 2006, dernière à avoir atteint des demi-finales de Ligue des champions avec le Sous-Marin jaune, un défenseur de 36 balais incarne en quelque sorte la relève. Le brassard au bras, Raúl Albiol est le dernier rempart d’une équipe de Villarreal qui atteint pour la seconde fois de son histoire ce stade de la compétition. Et tout comme toute la ville de 50 000 habitants, le défenseur central rêve de vivre une finale de Ligue des champions, à Saint-Denis, là où 16 ans avant, les Groguets auraient déjà aimé avoir rendez-vous. « C’est un peu comme dans les jeux vidéo, s’amusait le vétéran. Il y a des niveaux à débloquer. Finalement, le but c’est de terminer le jeu, on est d’accord ? »
Plaisir d’offrir, joie de recevoir
Homme du match côté Villarreal lors de l’aller à Anfield, Raúl Albiol fait en tout cas tout son possible pour se rendre au Stade de France. Et y emmener ses copains, lui le bon leader d’un club qui pêche encore par manque d’expérience de ces grands matchs. Passé par Valence, le Real Madrid et le Napoli, celui qui est devenu à 36 ans et 235 jours l’Espagnol le plus âgé à jouer une demi-finale de Ligue des champions a du savoir à revendre. Sa science de l’anticipation et du placement lui permet de masquer les années prises, si bien qu’à son âge avancé, il n’a manqué aucun des onze matchs de Ligue des champions de son équipe. « À 36 ans, j’ai beaucoup de choses à améliorer, tant en attaque qu’en défense, plaidait-il tout de même à Radio Marca avant le quart de finale contre le Bayern. À cet âge, ce n’est pas facile, mais je n’arrête pas d’essayer d’améliorer ces défauts et de renforcer mes points forts. »
À Vila-real, Raúl Albiol fait l’unanimité, voire plus. Il n’est plus ce défenseur fini, comme il avait été classifié après son départ du Napoli, mais bien un pilier d’une équipe encore en course pour un grand Chelem Ligue Europa-Ligue des champions. À la Ceramica, le quasi-quadragénaire a même son chant à sa gloire, alors qu’il a été formé au sein du club ennemi : Valence. « Ce qui me motive le plus, c’est de rendre cette affection, car elle a été tellement forte que je pense toujours que ce que je donne n’est pas suffisant, s’est ému celui qui n’aime pas parler de ses performances. C’est pourquoi je suis fier de pouvoir leur offrir ces joies et de voir qu’ils en profitent. C’est ce qui me rend le plus heureux. J’ai eu un moment compliqué au départ et j’aimerais leur donner la joie de vivre cette finale de la Ligue des champions. » Natif de la communauté valencienne, il fait partie de ces nombreux exilés du Valence CF qui s’éclatent sur le tard à Villarreal. Le tout en entraînant avec lui toute une équipe, dont son jeune coéquipier, Pau Torres, 25 ans.
Pau x Raúl, 13 ans d’écart, et jamais aussi proches techniquement
« Leurs défenseurs centraux sont incroyables, soulignait Jürgen Klopp la veille du match aller. Ils sont très expérimentés et fantastiques. » Transformé en véritable roc, l’expérimenté laisse les relances propres et les transversales à son plus jeune coéquipier. « Raúl Albiol et Pau Torres s’améliorent mutuellement, remarque Fran Palomares, ex-entraîneur du cadet. Pau a grandi énormément grâce à lui, et avoir Raúl Albiol à ses côtés l’a aidé. Surtout pour calmer ses émotions, quand Raúl devait lui-même se contenir en étant dans ce rôle de capitaine. » La paire Albiol-Torres est tellement complémentaire qu’elle pourrait être la charnière de la Roja au prochain Mondial, tant Luis Enrique ne parvient pas à trouver deux axiaux complémentaires. Avant d’aller briller au Qatar, dans ce qui ressemble à The Last Dance, le vieux roublard de 36 ans a un rendez-vous de la plus haute importance contre les Reds, pour finir le game.
Par Anna Carreau