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Procès Pogba : comment dire adieu aux « parasites » ?

Par Baptiste Brenot, à Paris
8 minutes

Alors que le procès de la séquestration et de l’extorsion de Paul Pogba s’est achevé ce jeudi, en attendant le délibéré attendu le 19 décembre, une question se pose : comment dire adieu à des amitiés révolues qui nous vampirisent ?

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D’après ses amis d’enfance, cette soirée ne devait être qu’une simple réunion entre « frérots ». Un moment de convivialité, pour se remémorer « le bon vieux temps ». Aussi, il est vrai, une occasion soigneusement préparée par la bande pour que chacun crache son venin – « remettre les choses à plat », comme ils diront à la barre – contre le plus illustre membre de la troupe. Au moment de sa séquestration, le 19 mars 2022, Paul, de son prénom, s’est aux yeux de tous rendu coupable depuis quelques mois de les avoir ghostés. L’international tricolore souhaite couper les ponts, à leur grand dam. Il ne répond plus beaucoup au téléphone, s’excuse parfois auprès de certains, se justifiant par des problèmes familiaux qui l’accaparent. En vérité, Paul prend sciemment ses distances. Parfois encore plus que dans une relation amoureuse, les ruptures amicales sont délicates. Depuis quelque temps, Paul cherche ses mots pour leur dire adieu. Sous aucun prétexte, ses potes ne sauraient s’y résoudre.

Mettre la daronne à l’abri

Quelques mois plus tôt, pourtant, le destin de la bande de potes pouvait encore ressembler à une success story digne d’une production américaine cliché à souhait. La trop belle histoire d’un gamin, dont la famille issue de l’immigration vit entassée dans un logement de banlieue et remplit le frigo grâce aux aides alimentaires, le tout après le décès tragique du patriarche. Jusqu’au jour où le talent du gosse leur assure fortune et bonheur, sans qu’il n’oublie de faire croquer ses gavas. Avec, en point d’orgue, la consécration de l’ascension sociale familiale et cette scène réalisée sans trucages ni caméras, quand Yeo Moriba, la mère de Paul Pogba, atterrit à l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle, début 2022. Le gars sûr du gamin de la Renardière, Boubacar, dit Boub’s, attend la madre la clé sur le contact. Il l’emmène en voiture, mais ne prend pas la direction de la baraque familiale. Il dépose Madame Moriba devant une belle demeure, à quelques heures de Paris, et lui en remet les clefs. Paulo « La Pioche » vient d’accomplir le rêve de tout footeux qui se respecte : la daronne est officiellement à l’abri.

À cet accomplissement, Boub’s n’est en rien étranger : depuis plusieurs mois, Paul l’avait chargé de trouver la pépite où loger sa mère, avec comme rétribution pour son labeur la coquette somme de 40 000 euros. La belle histoire ne doit alors pas s’arrêter là : le joueur de la Juventus a promis qu’il ferait de même pour les parents de Boub’s, qu’il considère presque comme les siens. Pourtant, dans les mois qui suivent, Paul donne de moins en moins de signes de vie. Il fait même parfois complètement le mort envers certains autres membres de la troupe. Aux yeux des amis tous restés dans les environs de la cité de la Renardière, à Roissy-en-Brie, disparaître de la sorte est une trahison.

Trahison, taekwondo et gros sous

Plus qu’une trahison, c’est un abandon. À Roissy-en-Brie, la petite bande panique. En mars 2022, Boubacar ne vit plus que des dons précédents de son petit frère de cœur. Il n’a pas d’emploi depuis celui de chauffeur pour la mère du champion du monde, un rôle ingrat et non déclaré, qu’il a occupé de 2016 à 2021. Il était fatigué d’être « l’esclave » de la famille. Son épouse vient d’accoucher, il n’a plus qu’une centaine d’euros à la banque. À la barre, il apparaît pourtant en toute décontraction, toujours bien habillé, en veste de costume au col couvert de strass, le crâne brillant, parfaitement rasé. Boubacar, le grand frère, raconte avoir accompagné Paul à ses seize piges pour traverser la Manche direction le Théâtre des rêves mancunien, Old Trafford. Pour mettre sa carrière sur de bons rails, lui tirait définitivement une croix sur le taekwondo, discipline dans laquelle il était allé chercher une médaille d’or lors d’une compétition internationale à Taïwan en 2008, avant d’être freiné par une vilaine blessure.

La situation est similaire pour son frère cadet Adama, installé à Dubaï avec femme et enfants sans pour autant travailler. Il ne vit que des dons aléatoires du joueur, qui le rince régulièrement en signe de soutien dans son projet d’e-commerce dans le soin bucco-dentaire. Un modèle économique qui vacille lorsque Paul ne répond plus en ce début d’année 2022. Ses économies s’épuisent. Il a une note d’hôtel, deux enfants à charge, mais plus que 49,38 euros sur son compte bancaire. Machikour, son meilleur pote, partie intégrante du clan, travaille lui toujours dans le restaurant qu’il a ouvert grâce à un don de Paul, mais ne se paye plus tous les mois depuis le Covid. Pour ouvrir le restau, il espérait plutôt un chèque de 500 000 balles, quand Paul n’en a pas donné le tiers.

Le dernier acolyte du crew, le plus jeune de tous, Mamadou M., est lui officiellement en froid avec Paul. Ce dernier l’accuse de lui avoir dérobé 200 000 euros. À l’époque, en 2020, il officiait à son chevet comme majordome au black, appelé à Turin par l’international français. Une passe dé du génial milieu de terrain pour l’écarter de mauvaises fréquentations du quartier qui l’avaient mené par deux fois au pénitencier pour mineur, pour des faits de vol avec violences. Cette accusation de vol mine sa réputation, lui qui monte alors sa boîte dans le conseil sportif, avec un cousin (aujourd’hui titulaire et tout juste prolongé dans une écurie européenne) alors aux portes de la Ligue 1 dans son escarcelle. Avant que son poulain ne lui assure une belle commission, il vit au crochet d’un autre footballeur célèbre, ayant épousé la sœur d’un autre Mancunien en la personne de Riyad Mahrez. Malgré tout, sa situation financière personnelle n’est pas vraiment reluisante, avec deux comptes dans le rouge, et un troisième sur lequel vivotent dix balles. Il rêve de marcher sur la tombe d’un Mino Raiola mourant, de mettre la main sur un Paul Pogba en fin de contrat et de toucher une commission similaire aux vingt millions d’euros perçus par l’Italo-Néerlandais sur le transfert du joueur en 2016.

@so_foot

Mathias Pogba fait partie des accusés dans le procès de la séquestration de son frère Paul #footballtiktok #sportstiktok #pogba #proces

♬ Drill Ritual – Lastra

La poule aux œufs d’or

Tous sont prêts à le promettre juré craché la main sur le cœur : ils ont tout donné pour le bien de cette famille qu’ils considéraient comme la leur. Ils se sont décarcassés, mis au diapason, l’ont protégée des demandes extérieures intempestives, ils ont abattu le sale boulot, préparé les visites des uns chez les autres, rempli les caddies, servi de VTC privée disponible à toute heure… Pour se retrouver jetés comme de vieilles chaussettes et finir sur la paille, à l’heure où leur pote n’a jamais été aussi riche. « C’est comme si la poule aux œufs d’or ne pondait plus », observe Carine Piccio, l’avocate du joueur des Bleus. Ingrat, le Paulo ?

Plusieurs d’entre eux sont décrits par l’enquête de personnalité comme « parasitaires ». Tous vivent au crochet de Paul Pogba, et se complaisent dans « une dépendance financière » vis-à-vis du joueur selon la procureure. Plusieurs fois par an, ils bénéficient de donations allant de 2 000 à 20 000 euros, transmises en cash ou par virement. Paul en a marre, il cherche à prendre ses distances, quand survient la nuit du 19 au 20 mars, où il se fait braquer. Une folie traumatisante, qui le laisse dans un état de sidération profond. Deux jours plus tard, alors qu’il regagne Clairefontaine avec ses « amis », il distribue 15 000 euros à l’un, 20 000 à l’autre, puis plus tard 40 000 à Machikour pour qu’il en donne une partie à son grand frère Roushdane. Peu après, il laisse Adama C., témoin de l’attaque, et Machikour K. dévaliser la boutique Adidas des Champs-Élysées à ses frais. « J’ai fait ces virements par peur, sur ordre de Roushdane. Ce n’était pas des demandes », expliquera-t-il aux inspecteurs. En avril, alors que Boubacar effectue une visite surprise chez lui à Manchester, il lui remet 100 000 euros, comme en témoigne son garde du corps. Boub’s repart déçu : il lui demandait un million. Un ultime abus, mais la michetonnerie est bientôt finie.

Quand son frère Mathias monte dans le bateau pour l’essorer, Paul quitte le groupe Whatsapp familial. Ce même frère organise un convoi qui avale les heures de route pour aller cueillir le joueur au centre d’entraînement de la Juventus ? Il refuse d’en sortir, se calfeutre dans le centre et change de numéro en urgence. « C’est comme si le quartier était venu lui dire qu’il n’était pas assez reconnaissant envers ses racines », observe, médusée, son agente Rafaela Pimenta. Il se défile devant ces parasites qui regrettent qu’il se soit arrêté juste avant de virer les fameux treize millions d’euros sur le compte dubaïote d’Adama au mois d’avril. Il s’en est fallu d’un rien, puisqu’il avait déjà provisionné un compte émirati à hauteur d’un montant similaire, arguant auprès de ses conseillers d’un « projet immobilier » sur lequel il n’a jamais su donner plus d’explications. À la fin de l’été, l’affaire éclate dans les médias. Cela fait déjà bien longtemps qu’il n’a plus de relations amicales avec ses « frérots ». Pas plus qu’avec son frère Mathias. « Il me demandait encore et encore (de l’argent). Je voulais arrêter les virements pour revenir à des relations fraternelles », se désolait Paul lors de l’enquête, ce que Mathias dément. Reste désormais à savoir si, à défaut d’avoir trouvé les mots pour éviter que la Pioche ne parte, la bande a utilisé les bons termes pour ne pas être reconnue coupable de séquestration, d’extorsion – deux chefs d’accusations qui ne visent pas Mathias –, et de tentative d’extorsion. Réponse le 19 décembre.

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Par Baptiste Brenot, à Paris

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