- L1
- Rennes/PSG
Privés de Rennes- PSG !
Pour manifester leur mécontentement face au plan Leproux, des fans parisiens avaient prévu de se regrouper, indépendamment du déplacement officiel organisé par le PSG à Rennes.
Depuis que le président du PSG Robin Leproux a mis en place son plan pour casser l’antagonisme entre les tribunes Boulogne et Auteuil (en ne renouvelant pas les abonnements dans les deux virages – disposition assouplie cet hiver – et en y adoptant le placement aléatoire), de nombreux fans parisiens boycottent le Parc. Pour manifester leur opposition à la politique de leur club, ils se rassemblent parfois, dans les tribunes latérales du Parc contre Rennes et Monaco, et lors de matches à l’extérieur, à Lorient et Valenciennes notamment où ils se sont regroupés indépendamment du déplacement officiel organisé par le PSG. Ils avaient prévu d’en faire autant à Rennes ce samedi, en achetant des billets dans la même tribune.
Pour éviter un tel regroupement, le ministère de l’Intérieur a ordonné au Stade Rennais, via la préfecture d’Ille-et-Vilaine, d’annuler 249 billets achetés par Internet dans la tribune jouxtant le secteur visiteur par « des personnes résidant à Paris et dans la grande région parisienne » selon le mail qui a été adressé mardi par le club à ces acheteurs pour les informer de l’annulation de leur billet. Une décision qui pose de sérieux problèmes. Déjà, cette annulation risque de concerner des supporters rennais habitant la région parisienne. Et elle n’a qu’un effet limité puisque des fans parisiens ont pu acheter des places par d’autres biais. Surtout, pourquoi annuler ces billets, d’autant que les précédents rassemblements de supporters parisiens se sont passés sans violences ? Faut-il interdire à des supporters de critiquer l’actionnaire et le président de leur club favori ?
En tout cas, selon Jérémy, un des responsables de l’association Liberté pour les abonnés, « le club de Rennes se retrouve dans l’illégalité pour une rupture contractuelle, un refus de vente sur des raisons discriminatoires tenant à l’origine, et pour une géolocalisation des acheteurs au moyen des adresses IP, ce qui est contraire à la loi Informatique et Libertés » . Dans son édition de jeudi, Ouest-France estime en effet que c’est le seul moyen plausible d’identification des acheteurs en fonction de leur origine géographique. Par conséquent, les fans parisiens dont le billet a été annulé ont annoncé vouloir porter plainte contre le Stade Rennais « tant sur le plan civil que pénal, en vue d’assurer la sauvegarde de (leurs) droits » selon les termes d’un courrier-type rédigé par les habitués de Boulogne. Quant à l’association Liberté pour les abonnés, elle prépare également « une plainte auprès de la CNIL » .
Ce nouvel épisode interpelle sur les dommages collatéraux et le tournant liberticide de la lutte contre le hooliganisme. En août, 249 supporters parisiens sont interdits de stade simplement pour avoir manifesté leur opposition au plan Leproux (249 encore, les pouvoirs publics feraient-ils dans la numérologie ?). Les mesures de couvre-feu, jugées « scandaleuses » par Liberté pour les Abonnés, se multiplient et vont être facilitées par la loi LOPPSI 2, sans profond débat au Parlement, seuls les élus radicaux et communistes ayant pointé les problèmes posés par ces dispositifs. Désabusé, un ancien abonné du kop de Boulogne constate : « si toutes ces mesures concernaient des ultras ou des hools connus pour leur violence, ça serait compréhensible. Mais ce n’est pas le cas. Là nous sommes clairement entrés dans une zone de non droit pour toute personne se réclamant supporter du PSG » . Le PCF, peu suspect de sympathie envers Boulogne, ne dit pas autre chose dans un communiqué paru aujourd’hui, dénonçant la « frénésie sécuritaire » du gouvernement et appelant à d’autres manières de lutter contre le hooliganisme et d’envisager le spectacle sportif.
Car il faut évidemment lutter contre la violence et le racisme dans les stades : on ne peut d’ailleurs que regretter que les pouvoirs publics ne s’en soient pas préoccupés plus tôt. La volonté de Robin Leproux de mettre fin au conflit entre Boulogne et Auteuil est également à saluer. Pour autant, il ne faut pas perdre tout esprit critique. Toute mesure prétendant lutter contre le hooliganisme n’est pas forcément acceptable et efficace. De plus, à multiplier les vexations envers les supporters hostiles au plan Leproux, ne risque-t-on pas de radicaliser certains d’entre eux et de créer de nouveaux foyers de violence, les anciens n’étant d’ailleurs que provisoirement éteints ? A quand un véritable débat politique sur ces sujets ?
QB et JPM
Par