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Printemps Oranje
Ce lundi soir, les Pays-Bas affrontent l’Italie à Turin. Vont-ils confirmer l’embellie observée depuis quelques mois, soutenue par les performances individuelles de Van Dijk, Wijnaldum et Strootman en Ligue des champions ? Si tel est le cas, les Oranje pourraient alors envisager un vrai retour prochain à l’Euro 2020...
Coup de tonnerre dans le ciel européen au soir du 26 mars dernier : les Pays-Bas battent le Portugal 3-0 ! D’accord, ce n’était qu’un match amical, la Seleção n’était pas au complet et le match avait lieu en Suisse, à Genève. Oui, mais… L’ampleur du score acquis dès la première mi-temps, ainsi que la nette domination des Oranje et un nombre d’occasions vraiment marquant semblent avoir confirmé un regain de compétitivité de la sélection néerlandaise. L’effet Koeman, nommé sélectionneur le 6 février à la place de Dick Advocaat ? Pas vraiment. Ou du moins pas encore. Car le 23 mars, les Néerlandais avaient perdu à domicile contre l’Angleterre (1-0). Mais il s’agit en fait de la seule défaite incluse dans la longue séquence gagnante après le 4-0 subi face à la France en qualifs de Mondial 2018 en août 2017 jusqu’à ce match à Genève : six victoires en sept matchs, dont les trois dernières rencontres de fin d’éliminatoires de la Coupe du monde. Un bilan qui a ramené les Pays-Bas autour du 19e rang du classement FIFA, alors qu’ils marnaient à la 36e place en août 2017…
Sensation à Genève
Face au Portugal, c’est la froide lecture des trois buts marqués qui raconte le mieux ces Oranje newlook, définitivement débarrassés des « grands anciens » , tels Sneijder, Robben ou Van Persie (qui n’a pas mis fin officiellement à sa carrière internationale). Les trois buteurs (Depay, Babel, Van Dijk) et les deux passeurs (Van de Beek et De Ligt) incarnent bien ce renouveau plutôt réussi associant tauliers (Babel, 31 ans et 48 sélections), jeune génération arrivée à maturité, prépondérante dans le onze type (Van Dijk, 26 ans ; Depay, 24 ans) et brillants rookies(Van de Beek, 22 ans ; De Ligt, 18 ans). Le reste du casting confirmait cette classification avec le gardien Cillessen (29 ans), les milieux Wijnaldum (27 ans) et Pröpper (26 ans) ainsi que les défenseurs Aké (23 ans) ou Tete (22 ans) et le milieu Tonny Vilhenna (23 ans).
Ce mélange intergénérationnel ne surprendra pas dans un pays de foot où la présence en sélection ne s’évalue pas en fonction de l’âge, ni en fonction du club des appelés, soit-il huppé ou non. Pour le reste, la vision tactique de Koeman semble avoir suivi l’option très prisée du moment : une défense à cinq, dont trois axiaux. C’était déjà le cas face à l’Angleterre (Van Dijk, De Vrij et De Ligt dans l’axe, plus Van Aanholt et Hateboer dans les couloirs), contre le Portugal et plus récemment en Slovaquie (1-1, le 31 mai). Devant, la paire Depay-Babel s’impose, avec Quincy Promes en troisième larron qui peut aussi débuter avec l’attaquant lyonnais.
À noter que Bas Dost a claqué la porte des Oranje le 17 avril dernier, sans doute vexé d’être resté sur le banc face au Portugal. Dommage, car le buteur prolifique du Sporting Portugal âgé de 28 ans (27 buts en 26 matchs cette saison) aurait pu renforcer le secteur offensif en tant que vrai numéro 9. Au milieu, si les confirmés Wijnaldum (47 sélections) et Strootman (41 capes) émargent naturellement dans l’équipe de base, on observe une présence de plus en plus régulière de Davy Pröpper (Brighton), placé en 6, ainsi que de Van de Beek en relayeur droit.
Van Dijk en figure de proue
Mais au-delà des bons résultats de la sélection, c’est aussi le statut individuel des appelés qui explique le bilan qualitatif remarquable du printemps 2018. À tout seigneur tout honneur, Virgil van Dijk s’est révélé au sein de la défense de Liverpool, finaliste malheureux de la Ligue des champions 2018. On ne va pas revenir sur l’adaptation express parfaitement réussie du plus gros transfert de l’histoire à son poste (84 millions d’euros), mais rappeler que son statut chez les Reds, ainsi que sa présence désormais acquise au sein du gratin mondial, ont conduit Koeman à lui confier le brassard des Oranje le 22 mars dernier. À 26 ans, le Ben Harper hollandais arrive enfin à consécration.
Liverpool, toujours : Georginio Wijnaldum s’est fait une place dans le milieu hyper concurrentiel des Reds. La blessure d’Oxlade lui a bien sûr assuré une plus grande présence en tant que titulaire, mais sa polyvalence (sentinelle ou relayeur) en ont fait un des hommes de base de Klopp. Dommage qu’il n’ait pas été assez à son avantage en finale contre le Real alors qu’il avait brillé auparavant… Adversaire de Georginio en demies de C1, Kevin Strootman demeure à 28 ans un habitué de la sélection en tant que pilier de la Roma, troisième de Serie A. Disparu des radars à la suite de sa longue blessure, l’ex-PSV est revenu au premier plan. Même si son match raté à Anfield (5-2 face aux Reds) a montré ses limites du moment au plus haut niveau…
Que dire de la renaissance phénoménale de Memphis Depay ? L’attaquant a quasiment qualifié l’OL en Ligue des champions à lui tout seul avec une deuxième partie de saison en boulet de canon, à coups de doublés et de triplés pour des statistiques finales impressionnantes en L1 (19 buts et neuf passes décisives). Même si Babel reste une référence offensive de la sélection, le leader d’attaque des Oranje (37 capes et neuf buts), c’est bien Memphis. Symbole du joueur sérieux qui ne se la pète pas, Davy Pröpper s’installe chez les Oranje (onze sélections et trois buts). Bien calé chez le modeste Brighton (quinzième de PL), l’ancien du PSV offre toutefois les garanties de milieu axial polyvalent, offensif et défensif, en tant que titulaire régulier en Angleterre. Enfin, un mot sur Quincy Promes. À 26 ans, l’attaquant du Spartak Moscou a fini meilleur buteur du championnat russe avec quinze buts pour sa deuxième saison avec le club moscovite. Taulier inamovible de la Lazio, Stefan de Vrij (26 ans, 33 ans) constitue aussi une des valeurs sûres de l’axe défensif néerlandais.
Jeunots au top, mais grands noms en berne…
La jeune génération se distingue avec les défenseurs Nathan Aké (23 ans, Bournemouth, six sélections), parti de Chelsea et capable de jouer latéral ou dans l’axe, ainsi que Timothy Fosu-Mensah (vingt ans, trois sélections) qui fait son trou à Crystal Palace. Mais c’est le surdoué axial de 18 ans Matthijs de Ligt (Ajax, six sélections) qui accapare les esprits par son étonnante maturité et autorité. Au point d’avoir attiré l’attention du Barça l’hiver dernier. En marge de ce tableau plutôt réjouissant, impossible de ne pas mentionner la situation délicate de certains Oranje aujourd’hui en stand-by. Le poste de gardien n’a toujours pas trouvé son titulaire indiscuté.
Jeroen Zoet (PSV, 27 ans, 11 sélections) n’a pas vraiment détrôné Cillessen, qui n’a pourtant joué que deux matchs avec le Barça cette saison… Daryl Janmaat (28 ans, 31 sélections) a joué plutôt régulièrement avec Watford. Mais si son apport offensif est toujours indéniable, son travail purement défensif laisse encore à désirer, au point que son club a souvent pris la vague sur son côté. Cote d’alerte enfin pour Klaassen (25 ans, Everton, sept sélections) et Daley Blind (28 ans, MU, 53 sélections) : bien partis pour être tauliers des Oranje, leur disgrâce en club n’en font plus des premiers choix automatiques en équipe des Pays-Bas. Ceci dit, Koeman a titularisé Daley Blind face à la Slovaquie. Preuve qu’il n’oublie personne dans ce tour d’horizon printanier avant les échéances prochaines en vue de l’Euro 2020…
Par Chérif Ghemmour