- France
- Ligue 2
- 1re journée
Premiers pics de température en L2
Cartables pleins de recrues, ambitions et résolutions au beau fixe : la rentrée est précoce pour les équipes de Ligue 2. Entre les bons élèves pressés de sauter une classe, et ceux qui repiquent pour squatter les tables du fond, on craignait que la chaleur ne rende le spectacle assez moite, mais les favoris ont globalement répondu présents et on a même eu droit à quelques scores de baby-foot.
Les intellos du premier rang…
L’affiche de la première journée opposait le 4e au 7e de la saison passée, en l’occurrence Caen et Dijon, deux candidats déclarés à la montée. Les six recrues caennaises sont titulaires, parmi lesquelles Jérôme Rothen, de retour en Normandie 13 ans après avoir quitté son club formateur. Le Stade Malherbe ne tarde pas à prendre le contrôle des opérations et se procure une demi-douzaine d’occasions intéressantes, qui permettent surtout à Reynet, le portier du DFCO, de se mettre en valeur dans les cages dijonnaises. Pas découragés pour autant, les hommes de Patrice Garande s’en remettent aux actions individuelles pour faire sauter le verrou bourguignon : Jonathan Kodjia s’amuse avec deux défenseurs et délivre un caviar-vodka à Mathieu Duhamel, qui pousse le ballon au fond. Dijon se réveille avec la gueule de bois, s’empêtre un peu trop au milieu de terrain, mais dispose également, dans sa besace, de quelques chouettes individualités, comme Thomas Guerbert, qui égalise juste après la pause, d’une reprise de volée monstrueuse. Caen accuse le coup, mais hausse le ton : Jérôme Rothen signe sa première passe décisive et dépose un coup franc sur la tête de Livio Nabab, qui venait tout juste de finir une double boucle à ses lacets après sa rentrée en jeu. Cette fois, le Stade Malherbe n’attend pas pour se mettre à l’abri : Kodjia assure le coup en glissant le ballon entre les jambes de Reynet.
Au premier rang également, le SCO Angers espère confirmer son excellente dernière saison et attaque tambour battant à Istres. Profitant de l’apathie de la défense sudiste, les Angevins s’y reprennent à plusieurs fois avant d’ouvrir le score par Ludovic Gamboa. Dans la foulée, Ayari coupe au premier poteau et double la mise. Mieux en place, plus incisifs dans les duels, les hommes de Stéphane Moulin font leur loi. Jérôme Leroy essaie bien de sonner le réveil des troupes dans les arrêts de jeu de la première période, et tant pis s’il a fallu une demi-douzaine de contres favorables pour arriver jusqu’au but. Le SCO réplique et assoit sa domination dès le retour des vestiaires, Ayari réalisant le premier doublé de la saison au terme d’une jolie action collective. Pas pour longtemps : Florian Tardieu rend maboule le mec chargé du tableau d’affichage en réduisant à nouveau la marque d’un missile à l’entrée de la surface. Angers serre les fesses, mais carbure dans le secteur offensif : Blayac plante le but du K.O. dans les dix dernières minutes. 4-2, et de quoi être vraiment optimiste.
Quand on rentre d’un séjour en Ligue 1, le retour sur les mornes prairies de la L2 n’est pas toujours chose aisée, comme Brest a pu en faire l’expérience à Châteauroux. Alors certes, on peut parfois compter sur des erreurs individuelles de l’adversaire qui piquent les yeux… Grougi profite ainsi d’un ballon relâché par Landry Bonnefoi pour marquer dans le but vide, et placer son équipe sur les bons rails. Mais la deuxième division, c’est aussi un rythme bâtard et un impact physique auxquels il est difficile de se réadapter. Pensionnaires de L2 depuis tellement longtemps qu’ils pensent à devenir proprios, les Castelroussins connaissent leur affaire et répliquent par Kévin Dupuis et Rémi Fournier pour reprendre l’avantage. Du coup, Dominique Pandor est obligé d’ouvrir sa boîte et de sortir son joker : un V2 téléguidé jusque dans la lucarne. Jonathan Ayité, à peine entré en jeu, apprend le respect à Châteauroux en redonnant l’avantage aux Brestois, mais les Bretons ont gardé leurs bonnes habitudes défensives de L1 et craquent dans les arrêts de jeu, laissant Denys Bain profiter d’un cafouillage pour égaliser d’un gros pointu. Brest pensera à investir dans quelques cahiers de vacances, histoire de réviser la défense l’été prochain.
Les cancres encore un peu en vacances…
Si Franck Dumas n’a signé sa prolongation de contrat avec Arles-Avignon que jeudi, ses joueurs ont montré un peu plus d’empressement au moment d’aborder leur première rencontre de la saison face au Havre. Un coup de boule de Maurice Dalé à la réception d’un coup franc, après seulement deux minutes de jeu, et un ballon parfaitement coupé par Jordi Delclos juste avant la mi-temps histoire de doubler la mise : ça s’appelle « savoir marquer dans les moments clés » . Le HAC, la chaleur du Sud, c’est pas leur truc. Fort d’une excellente saison l’an passé, Nîmes n’a pas de temps à perdre et affirme haut et fort ses ambitions face à Créteil. L’excellent Gragnic offre un caviar au jeune Anthony Koura, lequel crucifie Kerboriou à bout portant. Les promus cristolliens prennent leur temps pour se refaire la cerise, dominant même les débats, jusqu’à cette frappe soudaine d’Andriatsina, parfaitement lancé dans le dos de la défense et qui ne laisse aucune chance à Merville. Quelques minutes après la pause, on découvre que Jean-Michel Lesage n’a pas encore pris sa retraite, qu’il porte le maillot de Créteil, et qu’il est toujours capable d’envoyer des coups francs en pleine lucarne. Inspiré par la persévérance du vieux sage, Essombé part tout seul vers les buts nîmois et s’y reprend à deux fois pour aggraver le score. Les Crocos réduisent aussitôt la marque par Gragnic, mais en vain. Se faire racketter par un gamin de l’école primaire quand on espère passer au lycée, c’est pas vraiment sérieux.
Les Chamois ne s’étaient jamais inclinés lors de la première journée de championnat au cours des dix dernières saisons… L’ESTAC est bousculé tout au long de la rencontre et finit par céder sous l’impulsion de Kévin Rocheteau, qui fusille Matthieu Dreyer à bout portant. Une façon comme une autre de constater que le départ de Yohann Thuram, en début de semaine, vers le Standard de Liège, risque de coûter quelques points aux Aubois. Le défenseur Rincon doit mettre les mains dans le cambouis pour permettre à son équipe de revenir au score en toute fin de match.
Les fayots qui attendaient la rentrée de pied ferme…
Il paraît que plusieurs émissaires anglais étaient dans les tribunes du stade Gabriel-Montpied pour superviser Mana Dembelé, qui ne devrait pas s’attarder à Clermont, face à Tours. Le Franco-Malien en a donc profité pour se mettre rapidement en valeur, transformant un penalty dès la 20e minute. Fousseni Diawara se sent un peu coupable d’avoir provoqué le péno et réplique quelques minutes plus tard, profitant d’un ballon mal renvoyé par les locaux. Clermont ne s’offusque pas et appuie sur le champignon, et reprend finalement l’avantage par Hugo Videmont, à vingt minutes du terme de la rencontre. Enfin, le retour des Messins en Ligue 2 aurait pu être l’occasion de vibrer, mais dans les faits, on s’est surtout un peu emmerdés au stade Saint-Symphorien, où Metz et Laval se sont neutralisés jusque dans les dernières secondes. Histoire de marquer le coup, Bussmann pense à fêter l’occasion par un but dans les arrêts de jeu.
Par Julien Mahieu