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Premier tour : bilan mitigé des équipes africaines

Chérif Ghemmour
Premier tour : bilan mitigé des équipes africaines

Le verre à moitié plein : avec la présence historique de deux équipes africaines en 8es (Nigeria et Algérie), le bilan est positif. Mais la déception ivoirienne et les implosions lamentables du Ghana et du Cameroun démontrent que le verre est bien aux trois quarts vide.

Commençons par le positif. Pour la première fois dans l’histoire du football africain deux nations ont passé le premier tour d’une Coupe du monde. Enfin… « Enfin » , parce que pareille performance aurait dû se réaliser depuis longtemps. Au Mundial 1982, par exemple, quand la Fifa avait justement daigné offrir deux places au continent noir : le Cameroun (invaincu) et l’Algérie (victime du pacte austro-germain) auraient pu inaugurer ce passage à deux au tour suivant. Même passés à 5 représentants, les « Africains » ne se sont pas distingués plus que ça. Le premier Mondial en Afrique 2010 avait ainsi offert un visage déjà contrasté : le Ghana était bien parvenu en quarts, mais les cinq autres pays frères avaient sèchement giclé au premier tour. L’année où il y eut six pays africains… « Enfin » aussi parce que l’Asie et l’Amérique du Nord, « continents » concurrents et aussi émergeants que l’Afrique derrière les intouchables Europe et l’Amsud, avaient déjà placé deux représentants en huitièmes. Le Japon et la Corée du Sud ont passé le premier tour en 2002 ou en 2010. En 2002, la Corée du Sud est même parvenue en demies, une première pour l’Asie ! Or depuis le brillant Cameroun 90 et l’énorme Nigeria 94 (tous deux médaille d’or aux JO de 1996 et de 2000), on s’était persuadés ouvertement que l’Afrique pourrait un jour gagner la Coupe du monde. Même plus en rêve ! Le Sénégal 2002 et le Ghana 2010 sont seulement parvenus en quarts. Le miracle des demies se produira-t-il en 2014 ? On peut rêver… En attendant, félicitations à l’Algérie et au Nigeria, soient le Maghreb et l’Afrique noire. Ils ont dignement représenté leur continent.

Algérie et Nigeria pile au rendez-vous !

À quoi pensait Vahid en pleurant sur le terrain, une fois la qualif acquise face à la Russie (1-1) ? À beaucoup de choses, certainement. Peut-être à l’humiliation suprême que la Fédé ivoirienne lui avait infligé en le virant comme un malpropre après l’élimination des Éléphants à la CAN 2010 (par l’Algérie !). C’est le touriste Sven Göran Eriksson qui avait mené la Côte d’Ivoire au Mondial sud-africain (élimination au premier tour)… Vahid Halilhodžić a pris l’Algérie en main en juillet 2011 jusqu’à aujourd’hui. Le fiasco cinglant de la CAN 2013 (dernier de la poule D, premier tour) ne lui avait heureusement pas coûté son poste. Le succès de Vahid tient bien sûr à son charisme et à son légendaire sens de la discipline (exit les fumeurs de chichah !). Il s’est imprégné de la vie locale (en vivant en Algérie) et il a tenu compte de l’identité footballistique d’un foot algérien vif et technique (voir le tourbillon qui a englouti la Corée du Sud, 4-2). Bref, il a su bâtir pour cette Coupe du monde une équipe solide, sans génie, mais capable de prodiguer des séquences offensives efficaces. On lui avait reproché la défaite trop frileuse contre la Belgique (1-2), mais Vahid avait visé le nul contre une équipe dont il redoutait (avec justesse) les contres létaux des flèches Hazard et Mertens. C’est ensuite que Vahid a lâché les chevaux, avec cinq joueurs à vocation offensive (Djabou, Slimani, Brahimi, Feghouli et Bentaleb), plus les deux latéraux qui montent, Mesbah et Mandi. L’Algérie a joué, tout simplement ! Au Mondial 2010, les Algériens limités et trop timorés avaient proposé un foot pas vraiment conquérant. Vahid Halilhodžić s’est donc mué en une sorte de Guus Hiddink des Balkans : en peu de temps, il a su construire une sélection qui tient la route et qui a donc réussi à s’extirper d’un groupe H d’où l’on voyait émerger la Belgique et la Russie. Grâce à lui, la génération 2014 a aussi dépassé la glorieuse EN de 1982 : un cap psychologique pesant a été franchi. Chapeau !
À quoi pensait Stephen Keshi en exultant sur le terrain, une fois la qualif acquise malgré la défaite face à l’Argentine (2-3) ? À beaucoup de choses, certainement. Peut-être à l’humiliation suprême que la fédé togolaise lui avait infligé en le virant comme un malpropre après l’élimination des Éperviers à la CAN 2006. C’est l’obscur Allemand Otto Pfister qui avait mené le Togo au Mondial en Allemagne (élimination au premier tour)… Celui qu’on surnommait « Big Boss » du temps où il était joueur a pris lui aussi son actuelle sélection en 2011, soit depuis trois ans, le temps minimum pour bosser un peu en profondeur. Il y eut bien sûr la victoire de la CAN 2013 qui plaçait le Nigeria en position respectable en vue du Mondial 2014. Mais avant, comme Vahid en Algérie, Stephen avait lui aussi fait le ménage chez les Super Eagles après le désastre au Mondial 2010 en virant les « vieux » (Kanu, Uche, Yakubu ou Martins). Pour asseoir son autorité, il a laissé à la maison le Bastiais Sunday Mba (pourtant buteur décisif en finale de CAN 2013) pour manque d’implication et indiscipline. Surtout, le Big Boss assagi a rappelé un joueur avec qui il était en conflit, Peter Odemwingie, buteur unique face à la Bosnie (1-0)… Avec le bon Stephen, c’est la parfaite connaissance du foot de son pays qui bat en brèche le recours aux « Sorciers blancs » (même si Vahid…) Avec son adjoint, l’immense Daniel Amokachi, tous deux anciens Super Eagles, la sélection nigériane était donc entre de bonnes mains. Une élection pas géniale, là aussi, mais qui est montée en puissance (0-0 contre l’Iran coffre-fort, puis 1-0 face à la Bosnie) au point de faire jeu égal par moments avec l’Argentine (2-3). La seule ombre de cette équipe au profil très anglais (à l’image du Chelsea boy Obi Mikel), reste la victoire polémique face à la Bosnie pour cause d’arbitrage « discutable » . Dommage pour les hommes de Sušić, mais il faut rappeler que dans la grande loterie de l’arbitrage « aléatoire » , les équipes africaines ont beaucoup morflé dans le passé. Ça ne justifie rien bien sûr, mais voilà : la balance a penché du côté nigérian.

L’Étoile noire des Éléphants et des Lions…

Pour parler du fiasco camerounais, on vous recommande l’article ahurissant du dernier France Foot, « Un bêtisier sans fin » (signé Frank Simon). Tout y est : la préparation au Mondial bousillée à la fin par cinq jours de « détente et relaxation » , la destructive et proverbiale « crise des primes » , la désignation par l’équipementier Puma de l’obscur sélectionneur allemand Volker Finke, la révélation par la presse camerounaise de la liaison orageuse d’Eto’o (atteint à l’adducteur en arrivant au Brésil) avec une de ses maîtresses, la prise de tête en « live & direct » de Assou-Ekotto et Moukandjo lors du cuisant Croatie-Cameroun (4-0), le conflit public entre Fécafoot et ministère des Sports (on parle d’une délégation de 250 personnes, dont les « suiveuses » de certains dirigeants)… Comment parler foot après tout ça ? Bilan : trois défaites et la honte pour tout le continent. Idem pour le Ghana qui s’est sabordé avant son match crucial face au Portugal (1-2) : l’espoir de qualif était mince, mais il fallait au moins afficher l’image du grand Ghana uni jusqu’au bout. Patatras ! Boateng et Muntari étaient absents. Pour suspension. Le premier pour s’être battu mardi avec son sélectionneur Kwesi Appiah, le second pour avoir agressé le délégué du ministère des Sports. La cause de ces pétage de plombs : l’arrivée tardive des primes acheminée par avion spécial d’Accra (2,2 M d’euros)… Même le bon vieux Gyan Assamoah a pété un câble en menaçant un journaliste de RFI après la défaite éliminatoire face au Portugal… Pas joli tout ça pour le Géant de l’Afrique, mais soyons juste : le groupe G était dur. La Black star nous a éblouis contre l’Allemagne et si la fatale « crise des primes » a pourri, puis cassé la dynamique, les Ghanéens regretteront encore longtemps le match perdu face aux USA (1-2). Deux erreurs d’inattention sur le but de Dempsey encaissé au bout de 35 secondes de jeu (0-1) et sur celui de Brooks sur corner (1-2) ont plombé une rencontre mal négociée dans sa domination. Avec un nul face aux États-Unis, les hommes de Appiah auraient sans doute placé une troisième équipe africaine en 8es.

La Côte d’Ivoire aura payé elle aussi un match mal fini contre la Grèce (1-2) alors qu’à 1-1, elle était qualifiée. Dommage ! Le groupe était à sa portée, contrairement à 2006 et 2010. On retiendra la fin du Lion Drogba atteint par la limite d’âge au point de ne plus peser assez comme il le faisait encore il y a peu. On regrettera l’état de fatigue évident d’un Yaya Touré pas assez souverain dans le cœur du jeu. Et puis les carences défensives ont gâché ce que les prouesses offensives avaient réalisé. C’est une nouvelle déception pour la génération dorée qui n’aura décidément rien gagné à la CAN ni vraiment brillé en Coupe du monde… Globalement, le bilan mitigé des équipes africaines suit le lent déclin incontestable observé lors des deux dernières CAN. Désolé, mais les éditions 2006, 2008 ou 2010 étaient d’un niveau nettement supérieur. L’Afrique a fait mieux que l’Asie, mais l’écart avec les « petites » nations d’Amérique (Amsud et Concacaf) était criant. Côté joueurs, on n’a pas vu de vraies révélations non plus. On pourra toujours mettre en avant l’excuse de la fatigue réelle d’un nombre croissant de joueurs opérant en Europe, souvent au très haut niveau. Certes. Mais la pauvreté tactique derrière des défenseurs (Cameroun, surtout, Côte d’Ivoire, Ghana avec Boye et Dauda), ainsi que la difficulté à créer du jeu en attaquant seulement par à-coups (Nigeria y compris) ou par des raids individuels (Gervinho, Jordan Ayew) ont révélé trop d’insuffisances. L’Afrique revendique sans cesse auprès de la Fifa un contingent plus large en Coupe du monde. Au vu des performances de l’Algérie et du Nigeria (toujours en course face à l’Allemagne et à la France, pas facile), c’est justifié. Mais les éliminations déplorables du Cameroun, Côte d’Ivoire et Ghana, tant du point de vue du jeu que du comportement, ont très sérieusement plombé la crédibilité d’un foot africain immature.

Nicolò Barella, le 10 que l’Italie attendait ?

Chérif Ghemmour

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