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Manchester City, monstre sacré
La contre-performance d'Arsenal au City Ground de Nottingham a officialisé ce qui était devenu inéluctable : Manchester City reste au sommet de la Premier League. Malgré un retard conséquent en janvier, les Skyblues ont eu la peau des Gunners, à l'usure, pour entériner leur suprématie.
Plus qu’une hégémonie, Pep Guardiola a construit une dynastie. Manchester City a officiellement conquis un troisième titre de champion d’Angleterre de rang ce samedi. Une performance rarissime outre-Manche : depuis l’après-guerre, seuls le Liverpool des eighties (1982, 1983, 1984) et le United de Sir Alex Ferguson (1999, 2000, 2001 puis 2007, 2008, 2009) avaient réussi pareil exploit. Surtout, les Skyblues ont raflé cinq championnats en six ans et pourraient franchir la barre des 90 points pour la troisième fois dans ce laps de temps. Des chiffres assourdissants, qui témoignent d’une extrême constance dans le niveau de performance. Tout en se renouvelant.
🏆 YOUR 2022/23 #PL CHAMPIONS 🏆
Congratulations, @ManCity! pic.twitter.com/5SqJrl0QrR
— Premier League (@premierleague) May 20, 2023
New look
City a vécu une intersaison agitée par les départs du taulier Fernandinho et de deux armes offensives majeures, Raheem Sterling et Gabriel Jesus (respectivement 13 et 8 buts en PL en 2021-2022). L’installation d’Erling Haaland en pointe a poussé Guardiola à revoir son plan. « Cette année, on est un peu différent avec Haaland, pointait justement Bernardo Silva au micro de Canal+. Avant, on avait un faux 9, un attaquant qui venait plus chercher la balle. » Le Norvégien a rapidement donné le ton avec un doublé et deux triplés dès le mois d’août. Avant de voir triple, encore, lors du derby écrasé par City (6-3). L’hiver a apporté quelques interrogations sur sa compatibilité avec le jeu de City, mais pas pour longtemps. 33 matchs joués, 36 buts marqués (record absolu sur une saison en Premier League) : force est de constater qu’il n’y a pas trop de questions à se poser.
Une formidable machine à marquer, qui pèse près de 40% des buts de son équipe, sans qu’elle ne soit prévisible : comme d’habitude, le danger vient de tous les côtés – y compris de Jack Grealish, devenu insaisissable. Sept Citizens ont marqué cinq fois ou plus en championnat, preuve de la densité de l’effectif. En plus de l’intégration de son cyborg, le champion a connu un changement de schéma, Guardiola troquant régulièrement son 4-3-3 fétiche pour un 3-2-4-1 depuis la fin du mois de janvier. Nettement moins conventionnel, mais tout aussi pertinent en matière de performance, puisque City est invaincu dans ce système où John Stones monte au milieu de terrain pour faire la paire avec Rodri, permettant aux enchanteurs İlkay Gündoğan et Kevin De Bruyne d’exprimer leur magie.
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L’odeur du sang
Sans être poussé dans ses retranchements comme la saison passée, City a trouvé un rival valeureux en la personne d’Arsenal. Au milieu de l’hiver, la passation de pouvoir paraissait même envisageable : dans le creux de la vague, le champion sortant a concédé quatre défaites en douze matchs (seulement 22 points pris sur 36), pendant qu’Arsenal engrangeait. Mais City n’a rien laissé dans le sprint final, attiré par l’odeur du sang : depuis leur défaite à Tottenham le 5 février, les Mancuniens ont remporté 13 matchs sur 14. Seul Nottingham Forest a réussi à gratter quelque chose, le 18 février (1-1). Une série folle au cours de laquelle les joueurs de Guardiola se sont permis de donner deux fois la leçon à Arsenal (1-3 à l’Emirates, 4-1 à l’Etihad). Les huit points d’avance de leur rival ont fondu comme neige au soleil : pendant que les Gunners cogitaient, City a mis le turbo pour recoller, puis mettre le club londonien dans le rétro. La force de l’habitude, et une issue tout à fait logique pour cette équipe, meilleure défense et meilleure attaque de PL (déjà 92 buts, et encore trois matchs à jouer). City pourra s’offrir une communion bien méritée ce dimanche en marge de la réception de Chelsea, la dernière rencontre jouée à l’Etihad cette saison. Suivront deux déplacements à Brighton et Brentford, pour marquer un peu plus le championnat de son sceau, et préparer les finales à venir contre United et l’Inter. Le souverain tout-puissant d’Angleterre se verrait bien étendre son royaume.
Par Quentin Ballue