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Chelsea, un anonymat cher payé
Comme la saison dernière, Chelsea est décevant et se dirige vers une nouvelle année bouclée dans le ventre mou, à l’abri des regards. Avec plus d’un milliard d’euros dépensés en deux ans et investis dans une politique douteuse, l’échec des Blues est une bonne nouvelle pour le foot.
C’est l’histoire d’un club qui a claqué plus d’un milliard en deux saisons, mais qui n’arrive même pas à finir dans le top 10 de la Premier League. L’équipe en question, c’est évidemment le Chelsea Football Club, dont le foot n’est justement plus le centre du projet. Opposés ce jeudi à Manchester United, qu’ils n’ont plus battu en PL depuis quasiment sept ans, les Blues enchaînent les victoires, les nuls et les défaites dans un anonymat complet, et vivent une nouvelle saison moribonde, qui rappelle à tout le monde que l’argent ne fait pas tout, et surtout pas le bonheur. Même dans le foot. La direction que veut prendre Todd Boehly, le propriétaire, d’additionner une somme de diamants bruts (23,7 ans de moyenne d’âge, deuxième plus jeune équipe d’Europe derrière Toulouse), semble vouée à un échec cuisant. En fait, personne ne comprend vers où l’embarcation londonienne se dirige.
Beaucoup d’argent et beaucoup de joueurs
Pas même Mauricio Pochettino, nommé sur le banc de Chelsea en mai dernier. Alors qu’il a hérité d’un effectif pléthorique, au point d’oublier qui est Malang Sarr, l’ex-entraîneur du PSG tâtonne depuis le début de son mandat. Cette saison, il a utilisé 35 joueurs différents lors des 42 rencontres auxquelles les Blues ont participé. Un brassage tel que, trois ans après avoir soulevé la Ligue des champions en battant Manchester City, il devient difficile de donner le onze de départ de Chelsea pour quiconque n’est pas un fan du club ou un suiveur hebdomadaire de la Premier League. Malgré ce groupe gargantuesque, Pochettino se plaint de ne jamais avoir son effectif dans son entièreté. « Il y a toujours quelque chose. C’est très, très frustrant et décevant parce que la situation ne nous permet jamais de travailler avec l’équipe au complet, mais nous devons accepter les circonstances… Je pense vraiment qu’on peut réussir », pestait le technicien argentin il y a un mois.
Il est vrai que l’ex-Parisien n’a pas de chance au niveau de la santé de ses joueurs « majeurs », qui squattent régulièrement l’infirmerie, à l’image de Reece James, Christopher Nkunku (acheté 60 millions d’euros pour dix matchs cette saison) ou Roméo Lavia (arraché pour 63 millions et qui n’a joué qu’une demi-heure), tandis que Wesley Fofana va vivre une saison blanche. Les Blues n’ont plus perdu en Premier League depuis le 4 février et leur défaite à domicile face à Wolverhampton (soit six matchs consécutifs sans revers), mais offrent des prestations qui ne marquent personne, si ce n’est par leur neutralité. Les fans de Chelsea, eux, commencent à en avoir ras la casquette de la direction que prend leur club, et se sont même amusés à scander le nom de José Mourinho, dont les glorieuses années paraissent derrière l’ancien cador londonien.
Ceux qui sont partis loin de Stamford Bridge l’été dernier n’ont pas eu tort. Kai Havertz joue le titre avec Arsenal, tout comme Mateo Kovačić à Manchester City. La parodie de gestion qu’est en train de nous offrir Chelsea est une publicité catastrophique pour la Superligue, à laquelle le club aurait pris part sans avoir à se soucier de ses performances en championnat. Comment imaginer la Coupe d’Europe faire son retour dans l’antre londonien avant 2025 ? Retrouver un club qui stagne dans le ventre mou de son championnat au sein de la compétition la plus prestigieuse du continent serait une aberration totale. Finalement, que le projet de Chelsea soit un échec est une très bonne nouvelle pour le foot. À l’inverse, Aston Villa ou Brighton prouvent qu’avec moins de moyens (certes plus que 17 des 18 équipes de Ligue 1), mais avec une meilleure philosophie et une politique sportive plus claire, ça peut fonctionner. Après leur douzième place la saison dernière, les dirigeants de Chelsea avaient promis de faire « mieux » lors de la suivante. C’est très mal parti.
Par Léo Tourbe