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Cherries, j’ai rétréci les gros

Par Quentin Ballue

Présent en Premier League pour la troisième saison consécutive, Bournemouth s’est mué en véritable poil à gratter ces dernières semaines. Arsenal en avait fait les frais avant la trêve (2-0). Manchester City y est passé à son tour samedi (2-1). Sans complexe, les Cherries sont huitièmes, à quatre petits points du podium.

Cherries, j’ai rétréci les gros

Invincible n’est plus Manchester City. Samedi, le champion d’Angleterre a mordu la poussière pour la première fois depuis le 6 décembre 2023 en Premier League. L’armada de Pep Guardiola est restée invaincue 32 matchs d’affilée, résistant notamment aux contextes hostiles de St James’ Park et Anfield. La quatrième série d’invincibilité la plus longue de l’histoire de la PL après les 49 matchs d’Arsenal (2003-2004), les 44 de Liverpool (2019-2020) et les 40 de Chelsea (2004-2005). Les Skyblues ont cependant fini par se prendre un mur au Vitality Stadium. Et Bournemouth ne l’a pas volé.

Olé !

Les Cherries ont totalement étouffé le leader du championnat : le chronomètre n’affichait même pas deux minutes de jeu qu’Ederson a dû sortir une double parade face à Antoine Semenyo et Justin Kuivert (2e). Leur pressing permanent et leur volonté d’aller de l’avant ont porté leurs fruits lorsque le Ghanéen a ouvert le score en pivot (9e) et qu’Evanilson, mis en échec par le gardien un peu plus tôt (46e), s’est parfaitement jeté pour couper le centre au cordeau de Milos Kerkez (64e). Une avance largement méritée qui aurait même pu s’accroître encore avec la frappe de Marcus Tavernier sur le poteau et le raté d’Adam Smith, seul face au but vide (67e). Le public s’est carrément permis d’enchaîner les « olé ! » en première période face à l’emprise de ses protégés. « Nous n’avons pas pu gérer le rythme, confiait Pep Guardiola samedi. Nous savions que nous ne pouvions pas rivaliser sur l’intensité. » Blessures ou pas, l’étau des Cherries était suffisamment costaud pour empêcher Erling Haaland, Bernardo Silva, İlkay Gündoğan, Phil Foden et Mateo Kovačić de cadrer le moindre tir pendant 80 minutes. Et pour obtenir la première victoire de leur histoire face à Manchester City.

Check et mat !
Check et mat !

Cherry good trip

Sans complexe, Bournemouth est la troisième équipe qui frappe le plus au but cette saison en Premier League, juste derrière Manchester City et Tottenham. Tout ça en ayant déjà affronté les six premiers du championnat, excusez du peu. Les Cherries affichent 15 points après dix journées, neuf de plus qu’au même stade la saison passée. Leur bilan aurait d’ailleurs pu être encore plus flatteur avec un soupçon de réussite supplémentaire, Bournemouth étant l’équipe du championnat qui touche le plus les montants – sept fois, comme Chelsea et Manchester United. L’expulsion précoce de William Saliba avait pu quelque peu dévaluer le crédit accordé à leur prestation contre Arsenal avant la trêve internationale. Les joueurs d’Andoni Iraola ont pris soin de rappeler qu’il n’y avait là pas de hasard en enchaînant par un nul arraché avec abnégation à Villa Park (1-1) et donc ce succès de prestige face au champion. « Une chose est de battre City, une autre est de mieux jouer. Nous avons joué sans crainte, nous avons essayé de presser quand nous le pouvions et de défendre quand il le fallait », se félicitait le professeur Iraola, nommé pour le titre d’entraîneur de l’année avec Guardiola, Mikel Arteta, Unai Emery et Jürgen Klopp la saison dernière.

Le choix d’un coach avec une identité de jeu forte, auteur d’un parcours brillant avec le Rayo Vallecano, porte aujourd’hui ses fruits. Arrivé en juin 2023 sur le banc de Bournemouth, l’Espagnol aurait pourtant pu rentrer chez lui au bout de quelques mois : son équipe n’affichait que trois points après neuf journées la saison passée. « Nous n’avons pas pu absorber toutes les informations dès le départ, expliquait Dominic Solanke au Times il y a quelques mois. Nous ne savions pas quand presser ou quand relâcher au début, mais maintenant, c’est ancré dans nos têtes et nous sommes tous sur la même longueur d’onde. » Les principes de jeu ont infusé, bien au-delà des individualités. Bournemouth a ainsi su se remettre du départ de Solanke (19 buts en 2023-2024). Le bâton de pèlerin a été récupéré par Antoine Semenyo, sur qui le club a misé avec succès alors qu’il n’avait encore jamais connu la Premier League, et par Evanilson, recruté contre près de 40 millions d’euros cet été, qui monte en puissance avec trois buts sur ses cinq derniers matchs. Bien travailler, ça paie. Et l’histoire ne fait que commencer.

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