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Prandelli passe son code
Sans Osvaldo et Balotelli, punis pour mauvaise conduite par Prandelli et son désormais célèbre « code de l’éthique », l’Italie affronte ce soir les USA à Gênes, pour un test plus important qu’il n’y paraît. Surtout qu’il s’agit là du dernier test avant que le sélectionneur ne fasse ses choix pour l’Euro.
Cesare Prandelli est un homme de valeurs. Quand il dit quelque chose, il s’y tient. Lorsqu’il applique quelque chose, c’est le même régime pour tout le monde. Tu merdes avec ton club ? Tu ne viens pas en équipe nationale. Daniele De Rossi en avait fait les frais il y a quelques mois. Ce coup-ci, c’est au tour de Pablo Osvaldo et de Mario Balotelli, respectivement suspendus en Serie A et en Premier League à cause de vilains gestes de réaction, de faire les frais du code de l’éthique du sélectionneur italien. « Ma décision de ne pas les convoquer a été claire. Cela fait trois mois que je dis que je veux arriver à l’Euro avec une équipe bien préparée. Je ne veux pas qu’un joueur, à cause d’un provocation, laisse notre équipe à dix » assure-t-il, avant d’ajouter qu’il était « déçu » que ni Osvaldo ni Balotelli ne l’ait appelé, au moins pour s’expliquer, si ce n’est pas pour s’excuser. En revanche, Gigi Buffon, lui, passe au travers des règles éthiques mises en place par Prandelli. Malgré des déclarations qui vont plutôt à l’encontre de la déontologie footballistique ( « Je n’aurais pas aidé les arbitres même si j’avais vu que le ballon de Muntari avait dépassé la ligne » , référence au « but-fantôme » du Ghanéen lors de Milan-Juventus), Gigi n’est pas sanctionné. « Gigi a une grande crédibilité et n’a même pas besoin d’être défendu. Il n’est même pas question de lui enlever le brassard de capitaine » affirme-t-il. Dommage, Sirigu a bien cru que cela allait être sa chance.
Un milieu tout en élégance
Une fois ces problèmes d’éthique résolus, il s’agit pour Prandelli de penser à cette rencontre contre les Etats-Unis. Un match un peu piège, contre une équipe qui avait tenu en échec l’Argentine en mars dernier (1-1) et qui avait donné du fil à retorde aux Bleus de Laurent Blanc en novembre (1-0). Le sélectionneur italien attend avec impatience ce premier match de l’année 2012. Car 2011 ne s’est pas forcément très bien terminé. La Squadra s’était inclinée au stadio Olimpico contre l’Uruguay (0-1), au terme d’une rencontre très triste. Prandelli avait mis ça sur le compte de la fatigue, et s’était rassuré en regardant le bilan de son année 2011. Un bilan résolument positif : huit victoires (dont une contre les champions du monde espagnols), deux nuls, deux défaites, et seulement six buts encaissés, preuve d’une solidité défensive retrouvée, après le fiasco sud-africain.
En effet, la défense, à quelques détails près, est relativement fixe depuis quelques mois, et il semblerait bien que l’on se dirige vers une arrière-garde à quatre formée de Criscito, Chiellini, Barzagli et Balzaretti, avec Bonucci et Ranocchia prêts à remplacer les éventuels défaillants. Prandelli avait également tenté la défense à trois lors du match amical remporté en Pologne (0-2), avec deux ailiers, sur le modèle du Napoli et de l’Udinese. Mais le vrai point fort de l’équipe, c’est son milieu. Avec des joueurs comme Pirlo, De Rossi, Marchisio ou Montolivo, l’Italie a déjà bien assuré son lot de technique dans l’entrejeu. Pas de soucis à ce niveau là. Le barbu Nocerino, qui réalise une excellente saison au Milan AC (huit pions déjà en championnat), pourrait quant à lui apporter cette grinta qui manque cruellement au milieu de terrain depuis les adieux de Gattuso, au terme du Mondial 2010. Paix à son œil.
Gigi, Bobo, Toto, Balo…
Le gardien. OK. La défense. OK. Le milieu. OK. Alors, elle a un défaut cette équipe d’Italie ? Oui, quand même. Le vrai talon d’Achile de cette nouvelle Squadra, c’est clairement son secteur offensif. Et pourtant, des noms, il y en a. Beaucoup de noms. Mais peu, très peu de certitudes. Osvaldo, Pazzini, Gilardino, Matri, Rossi, Cassano, Di Natale, Borini, Giovinco… Tels sont les noms en circulation pour l’attaque de la Squadra. Pourtant, à l’heure actuelle, aucun n’a réellement les préférences du mister. Cassano est officiellement out jusqu’à la saison prochaine. Giuseppe Rossi devrait être de retour, reste à savoir dans quelles conditions physiques. Les autres devront se battre. A l’heure actuelle, Balotelli semble destiné à un maillot de titulaire, même si Prandelli ne ferme la porte à personne. Récemment, il a même tendu une perche à Di Natale et à Totti. Pourtant, pour ce match face aux Etats-Unis, il a préféré appeler le jeune Borini plutôt que le buteur de l’Udinese. Un choix discutable.
De fait, le premier a inscrit 7 buts en 15 matches de Serie A, compétition qu’il découvre cette saison. Le second en a planté 75 lors de ses 94 derniers matches de championnat, mais se tire derrière lui (à tort?) une tradition « négative » avec la Squadra (10 buts en 36 sélections). Quoiqu’il en soit, la Nazionale manque clairement d’un véritable avant-centre, à l’image d’un Gigi Riva ou d’un Bobo Vieri en leur temps. Prandelli, qui avoue sans vergogne être inspiré par le modèle Barça, se verrait bien proposer une attaque sans réel canonnier. Mais les chiffres sont là pour confirmer qu’il y a peut-être un meilleur système. En 2011, l’Italie n’a inscrit que 17 buts en 12 rencontres, soit autant que la France, souvent critiquée pour sa stérilité offensive. En même temps, l’Espagne (premier adversaire de l’Italie à l’Euro, cela dit en passant) a bien été championne du monde en inscrivant 8 buts en 7 matches. Alors bon, les stats…
Eric Maggiori