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Poussez-vous, Pablo Armero est de retour
Après presque trois saisons dans l’anonymat, Pablo Armero retrouve les terrains de football, sous le maillot de l’Udinese. Le Colombien a mis de côté les scandales sexuels, les blessures à répétition et les choix foireux pour revenir à ses premières amours. Le couloir gauche de Serie A.
Gianluigi Donnarumma a beau sortir une double parade exceptionnelle, Pablo Armero est là, à l’affût. Il veut bien figurer contre son ex. La semaine passée, le latéral colombien a marqué contre le Milan AC. Et ce, sous le maillot de son premier amour, l’Udinese. Son nom sur le tableau d’affichage de San Siro rappelle au monde entier qu’il fut un temps, il était l’un des meilleurs latéraux du championnat italien. C’était avant les blessures, un prêt inutile à West Ham, une pige tout aussi infructueuse chez les Rossoneri et des vacances au Brésil, à Flamengo. Depuis cet été, le danseur fou squatte le couloir gauche de l’Udinese. La où tout a commencé en Europe pour lui.
L’Italie découvre Armero
Pablo Armero, c’est d’abord une histoire d’amour avec le couloir gauche. Faite de débordements, de coups de physiques, et de quelques passes décisives. Débarqué en septembre 2010 en Italie (depuis Palmeiras), le natif de Tumáco – sur la côte colombienne – met très peu de temps à s’adapter au football européen. Après sa première saison pleine avec le club du Frioul, Armero est élu meilleur latéral gauche de Serie A. S’ensuivent deux années avec l’Udinese, à martyriser les latéraux adverses. Ses absences défensives passent même au second plan. Pour s’attacher les services de l’international colombien, le Napoli lâche 4 millions d’euros.
On s’attend alors à l’éclosion, dans une équipe où la défense à cinq bénéficie largement aux latéraux. Mais Armero a un problème récurrent : des blessures qui l’empêchent déjà d’enchaîner les matchs. Surtout, il ne retrouve pas le niveau affiché à Udine. Résultat, les dirigeants napolitains tentent de le lourder partout. Aussi, son style de vie, légèrement porté sur la fête, semble être un frein à une carrière. En 2011, il se fait choper par la police en compagnie d’une prostituée roumaine. Bourré, il a refusé le contrôle d’alcoolémie qu’exigeait la police. Lui se défend et argue toujours la joie de vivre.
En témoignent ses nombreuses danses avec son compère de l’autre couloir napolitain, Juan Camilo Zúñiga. Il a même réussi à faire danser Cavani, c’est dire. Il suffit de chercher ses plus grandes actions en Italie. Vous tomberez sur l’un des meilleurs danseurs colombiens du moment. Finalement, Armero est envoyé à West Ham, à l’hiver 2014. Le début d’une longue chute.
Le scandale au Brésil
Entre-temps, Armero a un argument majeur : ses performances en sélection. Cadre de l’équipe de José Pékerman, le joueur formé à l’América de Cali est l’un des meilleurs joueurs cafeteros lors de l’excellente Coupe du monde de James et compagnie. Un Mondial où il gère, comme d’habitude, les célébrations dansantes de ses coéquipiers. José Alberto Suárez, son premier entraîneur à Cali, confirme : « Pablo est arrivé de son petit village, du Sud du pays. Il est arrivé à Cali en 2000. C’était un gamin joyeux, toujours danseur. Vous voyez ses danses quand son équipe marque ? Il le faisait déjà quand il était gosse. C’est lui qui organisait tout ça. Il apprenait même à danser à ceux qui ne savaient pas. Beaucoup voient ça comme un manque de respect. Lui s’en fout, c’est juste sa joie de vivre qu’il exprime ainsi. »
Et se souvient d’un joueur exemplaire : « Il n’a jamais eu un écart de conduite. En Colombie, le football est un peu moins lisse qu’en Europe. Et quand il a été transféré en Italie, il a dû se calmer. Parce qu’il savait que ce n’était pas aussi bien vu. Mais il n’a pas du tout changé. Regardez au Mondial, c’est lui qui a popularisé une danse. On parle beaucoup de lui en dehors du terrain » , ajoute-il. Celui qui entraîne encore l’América peint le portrait d’un footballeur atypique : « C’était un enfant, qui jouait attaquant à l’époque, mais il a été replacé au poste de latéral. Ses qualités physiques correspondaient beaucoup mieux à ce poste. Pour son premier match en professionnel, il a marqué. Il s’est vite imposé dans les sélections de jeunes. » Son mentor regrette aujourd’hui ses nombreux transferts après le Napoli : « Je ne suis pas préparateur physique, mais il s’est beaucoup blessé en Europe. Je ne sais pas à quoi c’est dû. Mais c’est dommage, car il pouvait vraiment s’installer au haut niveau. »
Surtout, il est tombé dans l’anonymat au Brésil, après une pige au Milan. À Flamengo, il n’est même pas convoqué pour les matchs. Selon la presse brésilienne, sa femme l’aurait chopé avec deux prostituées chez lui. Un scandale démenti par l’interéssé et sa femme dans une vidéo improbable sur Instagram.
Aujourd’hui, Armero a décidé de rejouer au football. Et son formateur croit à la résurrection : « Je pense qu’il a encore sa place en sélection. D’abord, parce qu’il revient au haut niveau. Aussi, parce qu’il a mis de côté ce calvaire de blessure et de décisions hasardeuses. Il est de retour à l’Udinese, c’est un peu chez lui. » Et d’ajouter : « Puis surtout, Pékerman a besoin de lui. La selection cherche à retrouver son niveau d’antan. Et Armero était un vrai cadre de cette équipe, sur et en dehors du terrain. Pendant son absence, ils n’ont pas pu le remplacer. Beaucoup de joueurs ont été testé, mais ils ne se sont pas imposés. » Le latéral colombien a enfin enchaîné deux matchs complets avec l’Udinese. « La vie ne peut pas se terminer sur une défaite » , répète Armero depuis son retour. Celui qui rêve d’une seconde chance en sélection pourrait rapidement la retrouver, lors des éliminatoires du Mondial 2018. Histoire de refaire danser tout un pays.
Par Ruben Curiel
Propos recueillis par RC