- L'effet chrysalide
Pourquoi, si Laporte choisit l’Espagne, Gallas et Nasri se réconcilieraient
En laissant deviner qu'il allait certainement opter pour l'Espagne au lieu de la France, Aymeric Laporte n'a pour l'instant suscité qu'une petite polémique. La grosse arrive...
Aymeric Laporte choisit de jouer pour la Roja…
Après avoir menacé plusieurs fois de passer à l’acte lors du précédent exercice, lorsque Didier Deschamps semblait même lui préférer Loïc Perrin, Aymeric Laporte, le défenseur central de l’Athletic Bilbao, répond favorablement à la convocation de Lopetegui au mois d’octobre pour les matchs de qualification au Mondial 2018. L’ascension fulgurante de Samuel Umtiti lui a aussi quelque part dérobé une place qui lui semblait promise en charnière centrale à Barcelone.
… donc Piqué et Sergio Ramos sont poussés sur le banc par Lopetegui…
Avec Laporte, l’ancien entraîneur du FC Porto va saisir l’opportunité d’installer une nouvelle charnière pour l’objectif reconquête 2018. Laporte donc, mais aussi Marc Bartra, qui a eu la bonne idée de partir à Dortmund pour prendre enfin une autre dimension. Exit les deux figures de la charnière, Piqué et Ramos, champions du monde, champions d’Europe, mais aussi des deux campagnes ratées en 2014 et 2016. Sergio Ramos annonce qu’il reste à la disposition du sélectionneur au besoin. Gerard Piqué, lui, préfère se concentrer sur le Barça. Et poste sur les réseaux sociaux un drapeau de la Catalogne, laissant entendre qu’il va rejoindre la sélection régionale sans plus tarder.
… donc la guerre entre Catalans et Madrilènes prend une autre dimension…
Autant dire que la provocation ne passe pas chez les Castillans. Les supporters de la Ultra Sur se déchaînent, ressortant des photos de Piqué à la Coupe du monde avec la mention : « Et là, tu étais espagnol hein ? » Les lieutenants habituels, type Arbeloa, ont beau ne plus être sur place, ils arrivent toujours à jeter de l’huile sur le feu. Surtout que du coup, les Catalans ne se font pas prier pour faire de Piqué un héros « national » .
… donc Zidane et Luis Enrique ne sont pas loin d’en venir aux mains lors du Clásico…
Évidemment, le premier Clásico de la saison s’annonce bouillant. Zinédine Zidane et Luis Enrique avaient beau faire comme si de rien n’était, l’an dernier, lorsque l’image où ils se chauffaient en match en 2004 était ressortie, cette fois-ci, ce n’est plus pareil. Dans une ambiance bouillante, le coach français gesticule dans tous les sens et est à deux doigts d’entrer sur la pelouse lorsque Modrić se prend une charge de Busquets dans le rond central. Luis Enrique veut jouer au pacificateur, mais se fait pousser illico quand il approche ZZ. Il veut retourner à la charge, mais tout le monde s’interpose.
… donc la Liga détrône la Premier League en diffusion mondiale…
Évidemment, les images font le tour du monde. L’opposition Barça-Real prend une toute autre dimension avec Valence, Villarreal, Séville et l’Atlético qui font tout pour exister en mettant des bâtons dans les roues à l’un ou à l’autre. Autant dire que l’opposition Guardiola – Mourinho est reléguée au second plan tant Zizou et Lucho font dans la surenchère dès qu’un micro se tend. Progressivement, les télés cherchent donc à reprendre en priorité la Liga, qui devient encore plus diffusée dans le monde que la Premier League.
… donc Benzema tire un trait sur l’équipe de France…
Mais l’annonce de Laporte, cela a aussi des répercussions en France. Le choix du défenseur n’émeut pas au-delà du cercle du football. Ce qui a le don de faire sortir Benzema de ses gonds. L’attaquant publie sur son compte Instagram une longue lettre, rappelant que personne n’avait rien dit lorsque Griezmann avait sorti un « la concha de tu madre » après son but contre l’Albanie. « Forcément, tant que ça ne sonne pas arabe, tout est normal » , lâche Benzema, qui se demande ce qu’il serait advenu si Nabil Fekir avait finalement décidé de jouer pour l’Algérie. Derrière, KB9 indique qu’il n’a rien contre Laporte, mais qu’il ne jouera plus avec les Bleus pour ce public-là.
… donc la France est en difficulté lors de la qualification pour le Mondial 2018…
Autant dire que cela ne fait pas les affaires de Didier Deschamps. Avec Giroud et Gignac devant, mais surtout avec une défense toujours autant bricolée parce que Mamadou Sakho, Kurt Zouma ou Jérémy Mathieu sont toujours autant tricards en club, les Bleus enchaînent les nuls et peuvent espérer, au mieux, une place de barragiste pour le Mondial russe.
… donc Mediapart révèle une nouvelle réunion de la DTN sur les binationaux…
La Fédé cogite donc et de nouveaux états généraux sont lancés pour ne plus avoir de « cas Laporte » . Une réunion qui fuite forcément, et au cours de laquelle certains dirigeants tiennent des propos un peu limite, voulant forcer le sélectionneur à prendre des joueurs susceptibles de jouer ailleurs : « Digne, Lloris ou Giroud, on attendra, de toute façon ils ne peuvent jouer que là. » Ce qui devait arriver arrive, les politiques s’emparent de « l’affaire » . Invité sur le plateau d’On n’est pas couché, Edwy Plenel dit ce qu’il a à dire sur le sujet, mais la France ne retient que ce qu’elle veut retenir : un sombre clash entre Jeff Panacloc et Pascal Obispo.
… donc Philippe Mexès se retrouve capitaine pour un amical en Palestine et Gallas et Nasri se réconcilient
La guerre Panacloc/Obispo ne prend pas. Les révélations de Mediapart éclipsent tout. Tous les opportunistes ont un avis sur le sujet. Il y a ceux qui veulent que la sélection ne soit ouverte qu’à ceux qui veulent vraiment jouer avec les Bleus. Et donc que ce soit les joueurs qui paient les déplacements, pour prouver leur motivation, puisqu’il est entendu qu’ils sont millionnaires. D’autres proposent la déchéance de nationalité pour les futurs Laporte et leurs familles. Il y a aussi ceux qui assurent qu’il n’y a pas de problèmes de racisme là-dedans, juste une histoire de joueurs qui ne se reconnaissent pas dans un système, la Fédération française de football. Une équipe dissidente voit donc le jour avec, en tête d’affiche, Anelka, Benzema, Nasri et Philou Mexès, saucissonné dans son brassard de capitaine à l’occasion d’un match amical en Palestine. Et puis il y a William Gallas, qui explique qu’il est encore apte. Pour son come-back, ce dernier pose même tout sourire sur la photo d’équipe avec Nasri, balayant les débris de l’altercation de l’Euro 2008. Une chaude bise du Guadeloupéen vient carrément se déposer sur le front du Sévillan après l’ouverture du score de ce dernier. Une panenka et un combat commun valent bien ça. Comme quoi, merci Aymeric Laporte.
Par Romain Canuti