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Pourquoi Sandro Tonali n’est pas le nouveau Pirlo
Officiellement transféré à l'AC Milan mercredi, Sandro Tonali est inlassablement comparé à Andrea Pirlo, avec qui il partage deux qualités rares : une capacité à savoir porter les cheveux longs sans avoir l'air d'un guignol et un amour sincère pour le club milanais. Sur le pré, loin des comparaisons simplistes, le désormais ex-milieu de Brescia fait pourtant valoir un style de jeu qui lui est tout à fait singulier. La preuve par les chiffres.
Sandro Tonali est décidément trop malin pour tomber dans le piège. Celui que la presse italienne a longtemps présenté comme l’héritier naturel d’Andrea Pirlo préfère s’essayer à d’autres comparaisons : « Le parallèle avec Pirlo ne me perturbe pas, à force de l’entendre, je m’y suis habitué, affirmait le milieu de 20 ans, appelé pour la première fois en Nazionale en novembre dernier. Je ne trouve d’ailleurs pas que ce soit la comparaison la plus adaptée… J’estime plutôt être un Gattuso, en plus technique, c’est un joueur que j’ai toujours admiré, comme Pirlo. » Transféré de Brescia à l’AC Milan ce mercredi via un prêt payant de 10 millions d’euros, doublé d’un droit de rachat fixé à 15 millions plus bonus, le milieu de terrain va devoir quoi qu’il arrive composer avec une réputation déjà flatteuse. Même s’il serait injuste de le bassiner à longueur de temps à propos de sa ressemblance avec l’actuel entraîneur de la Juventus.
Meneur en formation
Évacuons d’entrée les évidences : comme Pirlo, Tonali joue avec le port altier, les tifs savamment décoiffés et est passé par Brescia et désormais l’AC Milan. Et ensuite ? Ensuite, il faut regarder les matchs, puis plonger la tête la première dans le monde merveilleux des statistiques, pour se faire plus précisément une idée. Avec Brescia la saison dernière, qui a été relégué après avoir fini 19e de Serie A, Tonali faisait ses débuts dans l’élite italienne. Il y aura signé sept services décisifs, notamment grâce à sa qualité de pied sur corner, où il aura déposé un bon paquet de ballons sur le crâne de ses attaquants.
Comme Pirlo, Tonali est de fait très adroit dans le jeu long et les phases arrêtées. Son déchet balle au pied reste cependant nettement plus important que celui des autres milieux axiaux qui font actuellement référence en Serie A. Avec une précision de passes de 78%, le néo-Rossonero est loin derrière Marcelo Brozović, Fabian Ruiz ou encore Nicolo Barella, dont les pourcentages de passes réussies dépassent les 85%. Au très haut niveau, on n’a également jamais vu Tonali dans un rôle de meneur de jeu, au sens classique du terme. S’il était effectivement aux manettes du milieu de Brescia, la possession de balle de son équipe, plus mauvaise formation de Serie A dans cette exercice, ne lui a pas réellement permis de démontrer ses qualités d’organisateur lors de la saison précédente. Tonali délivrait ainsi 45 passes en moyenne par match, quand des joueurs comme Pjanić, Brozović ou Fabian Ruiz en cumulaient autour de 70.
Cours Sandro, cours
En revanche, on a pu certainement entrevoir les qualités d’accélérateur du garçon : ses longues ouvertures lui permettent aisément de sauter les lignes, quand son jeu de corps, qui allie une solide protection de balle à une coquette palette de feintes, peut ouvrir des espaces conséquents pour ses partenaires. C’est d’ailleurs dans les phases de transition que Tonali a le plus impressionné les observateurs l’année dernière en Serie A. Il ne lui sera en revanche pas demandé à Milan de seulement trouver de la verticalité pour lancer ses attaquants, mais aussi de se dépêtrer du pressing adverse, pour trouver des décalages et amorcer des mouvements offensifs, face à des blocs plus resserrés.
Dernière particularité de Tonali : avant l’interruption temporaire du championnat italien liée à la crise du covid 19, il était le septième joueur à galoper le plus en Serie A (avec 11,4 kilomètres parcourus par match), parmi ceux ayant disputé au moins 1000 minutes de jeu. L’ex-Biancazzurro était même le premier transalpin à figurer dans ce classement. Voilà qui a peut-être décidé Andrea Pirlo mi-mai à désamorcer l’idée d’une comparaison entre lui et le wonderkid milanais, lors d’un live Instagram : « On dit souvent que Tonali est mon héritier, mais, selon moi, il possède un tout autre profil. Il est beaucoup plus complet, notamment en phase défensive… C’est un mix entre moi et plusieurs autres joueurs. » Une compilation de qualités avec lesquelles Tonali va devoir astucieusement jongler, pour achever de démontrer que son style de jeu n’appartient décidément qu’à lui.
Par Adrien Candau