le 30/08/2019 à 20:45
Ligue 1
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Car Renaud sait abolir des frontières
La hauteur des Alpes peut parfois être piégeuse, et Marco Verratti en sait quelque chose. Quand le Petit Hibou a franchi la chaîne montagneuse en 2012, quittant ses Dauphins de Pescara pour rejoindre le Paris Saint-Germain, il ne pensait pas qu’il s’éloignerait autant des siens. Car s’il entame sa huitième saison dans la capitale française, l’Italie ne fait toujours pas l’unanimité dans sa botte. Régulièrement convoqué en sélection, il n’a toujours pas réussir à traduire son statut en
Nazionale. «
C’est différent de le regarder jouer avec son club. Ce n’est pas comme jouer avec la sélection nationale, affirmait l’an dernier Roberto Mancini, attendant enfin une confirmation du milieu.
J’espère qu’il va pouvoir nous apporter toutes ses qualités, car c’est un joueur qui a beaucoup d’expérience. » Il y a eu du mieux lors de ses dernières sorties, mais c’est comme si, année après année, Marco apparaissait comme le joueur d’un seul club. Cela tombe bien, Paris a besoin de ce genre de profil. Mais cela démontre aussi que Verratti n’a pas la capacité d’être aussi universel que Renaud Cohade.
Lui a bourlingué et a su convaincre des clubs et des supporters aussi différents qu’opposés les uns aux autres. Le Pibe d’Aubenas a commencé sa formation à Alès, avant d’être lancé en pro en 2001 avec un autre club du Gard, le Nîmes Olympique, sans se priver d’être prêté plus tard à un autre rival local, le FC Sète. Mieux, l’Ardéchois a été post-formé à l’Olympique lyonnais, mais ça ne l’a pas empêché de devenir ensuite un cadre de l’AS Saint-Étienne, le voisin honni. Dernier exemple en date : il est aujourd’hui à presque 35 berges une des têtes d’affiche du FC Metz, malgré son passé au Racing Club de Strasbourg. Pour lui, recroiser un ex n’est jamais un problème. « Pour ma part, retrouver Strasbourg est quelque chose de particulier, assurait-il en 2018 à So Foot. Ma belle-famille est installée là-bas, ma femme est strasbourgeoise, donc ça fait plaisir de retrouver la Meinau. » Pour résumer : si l’arrivée de Renaud Cohade s’accompagne souvent de dents qui grincent, le divin chauve a toujours réussi à mettre d’accord des peuples trop souvent opposés. Filez-lui un poste à l’ONU à la fin de sa carrière !
Car il est un pion essentiel et met des pions naturels
Difficile de trouver plus significatif que la réaction de Thomas Tuchel, après un but de Marco Verratti avec la
Nazionale. «
C’est incroyable ! Pour moi, c’était impossible qu’il marque, gloussait l’Allemand.
À l’entraînement, il a marqué vendredi aussi, même si c’était sans gardien… » Jouant dans une zone semblable à celle de l’Italien, dans des équipes bien moins offensives, Renaud Cohade n’a pas eu besoin d’attendre ses 26 ans pour qu’on reconnaisse ses qualités de buteur, car à cet âge-là, il avait déjà inscrit 19 buts dans sa carrière, quand le natif de Pescara culmine à 11 unités, toutes compétitions confondues.
Le chef d’orchestre grenat a même inscrit son vingtième but en Ligue 1 lors de la réception de Monaco, histoire de rappeler ses talents face aux cages. En 12 saisons et 328 matchs dans l’élite, et avec seulement 3 penaltys dans le lot, ça donne une moyenne d’un but tous les 16 matchs, quand il faut patienter tous les 36 matchs pour voir Verratti marquer. Et qu’on ne mette pas ça sur le dos d’un manque d’altruisme : Cap’tain Renaud a signé 41 passes décisives, contre 33 pour l’Italien. Un prodige qui sait donc autant manier la baguette que l’archer.
Car il a l’exemplarité pour asseoir son leadership
Non, Renaud Cohade n’est pas tout blanc. Et les débuts du milieu avec les Grenats avaient permis de s’en apercevoir. En septembre 2017, le FC Metz est dernier de Ligue 1 après sept journées, et les tensions animent les séances d’entraînement, comme ce jour où Cohade et Fallou Diagne en viennent aux mains. Devant une poignée de supporters, il faut l’intervention de Moussa Niakhaté pour séparer les deux belligérants. Un écart qui montre le caractère de l’actuel capitaine messin, mais reste une exception. Car depuis, c’est plutôt par son sérieux et son expérience qu’il se distingue.
Relais sur le terrain de Vincent Hognon, le doyen se donne à fond à chaque instant. « C’est un joueur très important par sa maturité, qui a énormément pesé, admirait Vincent Hognon dans les colonnes de L’Équipe. C’est un véritable moteur, capable de tirer les autres vers le haut, en permanence, dans les efforts. Quand un gamin de dix-neuf ou vingt ans le voit en accomplir autant à son âge et aller harceler les adversaires sans relâche dès la perte de balle, il veut forcément le suivre. » Une mission que l’intéressé prend à cœur : « Je ne pensais pas forcément avoir ce rôle (de cadre) un jour, mais ça s’est fait naturellement. » Et Marco Verratti dans tout ça ? S’il est reconnu pour sa capacité à diffuser de la bonne humeur dans le vestiaire, distribuer quelques clopes ou ambiancer les dancefloor, difficile de le considérer comme un patron au PSG, alors qu’il en est le plus ancien pensionnaire avec Thiago Silva…
Car RC24 a aussi un joli carnet d’adresses
Ibra, Neymar, Pastore, Lucas Digne… Verratti a beau pouvoir se targuer d’avoir fréquenté les plus grandes stars du championnat, Renaud Cohade n’a pas à rougir de ses relations. Fabien Lemoine, David Ducourtioux ou James Fanchone n’en sont pas moins des légendes. Mieux : le boss messin peut se vanter d’avoir, comme son homologue, le numéro d’un certain Thiago Motta dans son répertoire téléphonique, même si leur conversation doit lui rappeler une sombre période. En 2015, sous le maillot de Sainté, c’est sur un contact avec le milieu parisien que le dur à cuire s’était fait les croisés. «
Je suis désolé, je lui ai dit au téléphone, assurait Motta au
Parisien. Avant d’être un adversaire, c’est un joueur, un collègue (un ami aurait-il pu ajouter, N.D.L.R.)
. Il sait que je ne l’ai pas fait exprès, c’est un fait de jeu. Cela me dérange d’être à l’origine d’une blessure aussi grave. Je lui souhaite une bonne récupération. » Si Cohade a eu la présence d’esprit d’enregistrer le numéro, ça peut toujours être l’occasion de discuter des tactiques d’Ancelotti et d’Antonetti, deux coachs qui à quelques lettres près représentent la même chose.