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Pourquoi Renan Lodi est le latéral gauche le plus complet du monde
Après seulement une saison en Europe, Renan Lodi est devenu un élément indéboulonnable de l'Atlético de Madrid. Avant de jouer ce jeudi soir son premier quart de finale de Ligue des champions, face au RB Leipzig, le Brésilien de 22 ans a même déjà montré qu'il était le latéral gauche le plus complet du Vieux continent. Andrew Robertson et Alphonso Davies peuvent aller se rhabiller.
Le 18 août 2019, lancé à toute berzingue sur l’autoroute de l’impatience pour sa première fois avec l’Atlético de Madrid face à Getafe, Renan Lodi avait écopé d’un rouge aussi injuste que frustrant. Un faux départ qui aurait pu le faire disparaître des plans de Diego Simeone, ou même quitter l’Espagne, comme il l’a révélé à Marca quelques mois après ses débuts : « Ça a été difficile. J’ai dit à ma petite amie :‘Rafaela, allons au Brésil, je ne tiens plus. Retournons à la maison’ » . Cette peur d’échouer loin de ses terres n’est pas nouvelle pour un joueur qui avait rejoint Curitiba, plus de 600 kilomètres au sud du domicile familial, à seulement treize ans. Entre la solitude, la peur et les appels nocturnes à son père afin de rentrer à la maison, ses premiers jours au Trieste Futebol Clube, son club formateur, ont été eux aussi compliqués. Il a bien fait de ne pas rentrer au bercail car à Madrid, où El Cholo est en train de le façonner, il enchaîne les prestations qui pourraient bien lui permettre de devenir le meilleur latéral gauche du monde.
Lodi A4, frissons garantis
Deux semaines après sa sortie de piste contre Getafe et sa suspension purgée, Lodi lance enfin sa saison lors de la réception d’Eibar, en abattant un boulot monstrueux, avant de délivrer sa première passe décisive depuis sa signature à l’Atlético quelques semaines plus tôt, contre un chèque de 20 millions d’euros. Un an après ce premier match référence en Espagne, et alors que les huit rescapés de la Ligue des champions se réunissent en petit comité à Lisbonne, le bolide de 22 ans a montré qu’il en avait sous le capot. Placé sur la grille de départ à 28 reprises en Liga, mais également présent dans le paddock des Colchoneros à chaque joute européenne, l’ancien de l’Atlético Paranaense donne du fil à retordre aux résidents des couloirs droits adverses.
En Liga, Lodi n’a manqué que six petits matchs, dont trois à cause des suspensions et d’une blessure. Le reste du temps, il a multiplié les kilomètres, toujours dans le respect des prérogatives tactiques du Cholo. Si ce dernier l’a sorti à dix-sept reprises en fin de match, Lodi n’en reste pas moins un élément indéboulonnable de l’Atlético. Ce n’est pas pour rien qu’il est le latéral gauche d’Espagne qui tente le plus de tacles par match (3,8 de moyenne), ce qui traduit autant son agressivité que son sens de l’anticipation. Un chiffre bonifié par sa moyenne de 4,1 interceptions par rencontre, un taux de récupérations réussies de 64 %, et 1,53 faute subie par match, loin devant Ferland Mendy, Jordi Alba, Sergio Reguilón ou Pervis Estupiñán. Outre la vitesse, c’est là que sa plus grande qualité se situe, sa capacité à récupérer le ballon dans son camp, et à l’amener le plus haut possible sur le terrain, quitte à boucler ses actions en se faisant découper par un adversaire. Résultat, après cette saison réussie, Lodi est devenu – avec son coéquipier Marcos Llorente – le joueur dont la valeur marchande a la plus grimpé après cette saison de Liga. D’après l’Observatoire du football CIES, le latéral gauche brésilien vaut désormais entre 50 et 70 millions d’euros.
« Il deviendra le meilleur latéral de l’histoire de l’Atlético »
Avant le match contre le RB Leipzig ce jeudi soir, le point d’orgue de sa saison est intervenu en huitièmes de finale de la Ligue des champions, lors de la double confrontation victorieuse contre Liverpool. Impossible à déborder et à fatiguer, le Brésilien a été élu homme du match lors du round aller, avant de mettre dans sa poche Alexander Trent-Arnold et Mohamed Salah au retour. Rien d’hasardeux si son équipe a éliminé celle d’Andrew Robertson, considéré par beaucoup comme le meilleur du monde à son poste. En fait, Renan Lodi n’a rien à envier l’Écossais, ni à Alphonso Davies, Juan Bernat, Benjamin Mendy, Robin Gosens ou Alex Sandro, soit les latéraux gauches les plus performants d’Europe cette saison. Malgré une seule passe décisive en Liga, et autant en C1, cette dernière a montré qu’il n’était pas dénué de qualités offensives, loin s’en faut. Outre sa rapidité foudroyante et sa débauche d’énergie perpétuelle, deux attributs indispensables pour intégrer durablement le onze des Colchoneros, Lodi perd peu de ballons, tente et soigne bon nombre de ses centres. Surtout, parmi les latéraux cités plus haut, il affiche le taux de passes clés réussies le plus élevé, ce qui donne une bonne idée de son implication offensive, notamment au sein d’une équipe qui excelle en contre.
Alors certes, la concurrence à son poste était proche du néant cette saison, et Lodi a encore des progrès à effectuer, à commencer par sa précision dans les phases de transition, ou son placement défensif quand le jeu est à l’opposé. Mais après seulement une saison au plus haut niveau, Lodi a déjà fait oublier Lucas Hernandez et Filipe Luís. Ce dernier ne tarissait d’ailleurs pas d’éloge sur lui à son arrivée, le présentant comme « le meilleur latéral qu’il y avait au Brésil » , avant de lui prédire un avenir tout tracé : « Il est fort, jeune, à la volonté d’apprendre et par-dessus tout, il est humble. Je crois qu’il deviendra le meilleur latéral de l’histoire de l’Atlético de Madrid, il a toutes les qualités pour. » Lancé à cette vitesse, il a surtout les qualités pour devenir le meilleur latéral gauche de la planète, ce que Tite a rapidement compris. Le sélectionneur national brésilien lui a offert sa première cape avec la Seleção en octobre 2019, un mois après son arrivée en Espagne. Un mois plus tard, il était titulaire contre la Corée du Sud, et délivrait deux passes décisives. De quoi se présenter comme un sérieux concurrent d’Alex Sandro, lui aussi passé par l’Atlético Paranaense. Le latéral gauche de la Juventus est prévenu, l’Europe du football aussi.
Par Maxime Renaudet