- Coupe de la Ligue
- 16es
- Clermont-Marseille
Pourquoi Rémy Dugimont aurait pu éliminer l’OM ?
Buteur face à l’OM en 2013 avec Rouen, Rémy Dugimont aurait pu retrouver les Olympiens ce mercredi en Coupe de la Ligue. Il n’en sera rien, l’attaquant est suspendu.
Champion olympique de boxe cet été à Rio, Tony Yoka est quelqu’un qui sait avoir la main lourde. Le club de Clermont, quatorzième de Ligue 2, peut en témoigner. Le 12 septembre dernier, c’est lui qui a « offert » l’Olympique de Marseille au club auvergnat lors du tirage au sort des seizièmes de finale de la Coupe de la Ligue. Les Clermontois, peu habitués à de grands parcours en Coupes ces dernières années, ont, là, une belle occasion de se mettre en lumière. Ça aurait pu être le cas de Rémy Dugimont (trente ans). Ce nom dira d’ailleurs peut-être quelque chose aux suiveurs marseillais, puisque c’est lui qui avait inscrit un but à Steve Mandanda lors d’un Rouen-Marseille en 2013. Une autre époque, certes.
Depuis, Modou Sougou, titulaire pour la première fois ce soir-là et auteur du but de la gagne, est parti. Mathieu Valbuena aussi. Rod Fanni a eu le temps de revenir. Joey Barton a retraversé la Manche, Benoît Cheyrou l’Atlantique. Dugimont, son voyage, c’est du monde amateur au monde pro qu’il l’a fait. En signant à Clermont. Toutefois, que les plus paniqués des fans marseillais se rassurent, il ne sera pas de la partie, mercredi. La faute à un carton rouge reçu vendredi dernier face à Niort. Une rencontre au cours de laquelle il avait pourtant marqué. À la vue des images, l’expulsion peut paraître sévère. L’arbitre de la rencontre, Willy Delajod, aurait même reconnu son erreur après la rencontre. Un coup dur pour les Clermontois qui devront faire sans leur numéro 21, auteur de trois buts en dix matchs cette saison en Ligue 2. Pas si mal pour un joueur de côté.
Da Silva : « Il est beau à voir jouer »
Damien Da Silva, qui a connu « Dugigoal » à la fois à Rouen et en Auvergne, confirme que c’est un attaquant dont il aurait fallu se méfier. « Aujourd’hui, dès que je peux, je regarde les matchs de Ligue 2 le vendredi. En plus, maintenant, sur beIN, on peut les voir en entier. Et Rémy, c’est un joueur qui s’adapte très vite. Ce que j’aime chez lui, c’est qu’il sent le jeu, il ne fait pas de chichi, pas de dribbles. Il est beau à voir jouer. Il sait faire les bons appels, a de l’intelligence dans le jeu et ne perd pas souvent le ballon. Il manque peut-être un peu de physique, mais face à des équipes de Ligue 1, où les joueurs sont plus techniques que physiques – même s’il y a des costauds –, il peut faire la différence. Le match contre Marseille avec Rouen, on en a beaucoup reparlé, lui et moi. Il avait été très bon. C’était frustrant. Franchement, il aurait eu les moyens d’embêter la défense de l’OM. Même si je le préfère dans l’axe, il est très bon aussi sur le côté. »
Il fait mieux jouer les autres
Replacé sur le côté droit ces derniers mois, il n’hésite pas à se sacrifier pour rendre les autres meilleurs. Pour preuve, il a permis l’explosion d’un certain Famara Diedhiou, désormais à Angers. Logique quand on sait que les volcans d’Auvergne ne sont qu’à deux pas du stade Gabriel-Montpied, là où se disputera la rencontre face aux Phocéens. Avant le Sénégalais, c’est Idriss Saadi qui a eu la chance de profiter des remises, des appels et des centres du natif de Saint-Cloud pour enquiller les buts. Excellent passeur, Dugimont sait aussi marquer, on l’a vu. « Sa qualité première, c’est qu’il est très adroit devant le but, confirme Régis Brouard, qui a découvert le joueur à Poissy en CFA avant de le récupérer sous ses ordres à Clermont. À l’entraînement, c’est lui qui avait le meilleur pourcentage de frappes cadrées. Il a très vite progressé ces dernières années. Il a pris conscience de ses possibilités. »
Un profil à la Neal Maupay
Une version confirmée par Pierre Ducrocq, son agent. « C’est quelqu’un de très lucide sur son niveau, avoue l’ancien Parisien. Il sait ce à quoi il peut prétendre. Il est sain. Avoir un joueur comme lui, c’est du bonheur en barres. C’est un très bon joueur de club. Je ne dis pas ça de manière péjorative, c’est juste qu’il ne fait jamais n’importe quoi, c’est toujours au service de l’équipe, du collectif. » Des qualités qui n’ont pas échappé aux recruteurs cet été, puisque Brest, en course pour la montée en Ligue 1, s’est penché sur son cas avant de miser sur Neal Maupay. Hasard ou pas, les deux joueurs présentent le même profil sur le terrain et sont originaires du même coin des Yvelines.
Ducrocq : « L’OM, un match bandant à jouer »
C’est d’ailleurs contre le club breton que Rémy Dugimont a inscrit l’un de ses deux buts de la saison, d’une superbe tête plongeante. Le secteur aérien, un domaine où il possède d’énormes qualités, malgré une taille modeste (1m82). « Il a un très, très bon timing, analyse Ducrocq. Il faut qu’il travaille la finition, le coup de tête dans le but. Mais il est rarement pris à défaut. » Les défenseurs de l’OM, que ce soit Dória, Rekik, Rolando, Hubočan ou Fanni peuvent souffler. « C’est un match particulier à jouer, poursuit Ducrocq. C’est même, excusez-moi l’expression, bandant. Ce genre de rencontres, c’est à part. Et l’OM, ce n’est pas l’assurance tous risques derrière depuis trois saisons. Il y a la place. Il peut se passer plein de choses. »
Et pourquoi pas en Ligue 1 ?
Forcément, c’est un match où la plupart des joueurs voudront se montrer. Corinne Diacre l’a dit en conférence de presse. Elle a hâte d’être à jeudi afin que ses joueurs se reconcentrent. Quant à Rémy Dugimont, la Ligue 1, ce ne sera peut-être pas pour tout de suite, vu qu’il vient de prolonger jusqu’en 2020.. « Tout le monde peut exploser, avoue Brouard, désormais en poste à Tubize en Belgique. Je lui souhaite de découvrir l’élite. Il a un parcours atypique, il a gravi les étapes les unes après les autres, CFA 2, CFA, National, Ligue 2… Il a fait son trou tout seul et j’ai beaucoup de respect pour ça. S’il a l’occasion d’aller en Ligue 1, faut qu’il y aille. » « Je pourrais complètement l’imaginer aller plus haut, confirme Ducrocq. Je suis persuadé qu’il peut s’en sortir. Il peut s’adapter à un club qui oscille entre la huitième et la quinzième place de Ligue 1. » Ça tombe bien, l’OM est dans ce cas-là.
Par Tanguy Le Séviller