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Pourquoi Rafael est-il le meilleur latéral droit de Ligue 1 ?
« Tu forces ! Hé gros, moi, je suis pas meilleur latéral du monde, je suis le meilleur latéral du championnat français. » De l’orge s’est transformé en bière depuis cette punchline de Serge Aurier lancée en direct sur Périscope lors d’une folle nuit d’hiver. À l’époque, le latéral parisien n’est pas loin de la vérité, mais aujourd’hui, le meilleur arrière droit de Ligue 1 se promène sur la pelouse du Parc... OL, où sa vitesse, sa technique et son volume de jeu font merveille. Sur son aile droite, Rafael Pereira da Silva a pris son envol, et il n’est pas près d’atterrir.
Depuis plus d’un mois, Rafael est LE joueur décisif de Lyon. Paraît que Mathieu Vabuena est bien, qu’il marque et fait marquer depuis la défaite au goût amer face au PSG. Mouais, Rafael l’est tout autant, seulement moins en vue, car moins visible depuis sa ligne défensive. Contre Paris, c’est lui qui sonne la révolte. Certes, il provoque le penalty, mais il ne se démonte pas pour autant. Crochet dans la bouche de Maxwell, frappe enroulée du gauche sur le poteau d’Areola, qui est là pour reprendre ? Valbuena en personnage principal, peut-être, mais Rafael est ce personnage secondaire qui meurt un peu trop tôt, mais qu’on se plaît à aimer. À la Beaujoire, le Brésilien lance une percée, combine avec Ghezzal et offre à Tolisso le premier des six buts lyonnais. Rafael ne sait pas faire de centre « Ligue 1 » comme Narbé Mendy en son temps, ou comme cela arrive parfois à Serge Aurier lorsqu’il pense à autre chose. Et si les Lyonnais ont un tant soit peu frissonné lors de la finale de groupe de C1 face à Séville, ils le doivent à un Rafael « caviar » ce soir-là. Le problème, c’est que Valbuena, Tolisso où encore Diakhaby, tous parfaitement servis, n’aiment pas les œufs d’esturgeon.
La tête de Tolisso s’écrase sur la transversale ! #OLSEV https://t.co/izFJ1DefVf
— Canal Football Club (@CanalFootClub) 7 décembre 2016
Un vrai défenseur
Rafael est un « latéral offensif » , un « latéral moderne » , à « la brésilienne » . Halte aux fantaisies grammaticales, le Brésilien est d’abord un défenseur, d’accord, un de ceux qui apportent beaucoup à son équipe dans le camp adverse, mais dont le taf est d’abord de défendre. Aspiré par sa fougue pendant ses années mancuniennes, le natif de Petrópolis a aujourd’hui vingt-six ans, et parvient mieux à canaliser ses pulsions offensives. Il affiche une maturité tactique que Serge Aurier compense par sa puissance physique, et que Djibril Sidibé ne possède pas encore. On a d’ailleurs vu Rafael profiter de ses nouveaux pouvoirs au Juventus Stadium : coup de vice dès la deuxième minute de jeu, le Brésilien accroche Sturaro et conditionne le match de l’Italien. Les deux vont se filer des marrons toute la soirée, mais Rafael ne s’est pas caché, il en prend, mais en donne aussi, preuve qu’il a bien grandi. Le seul hic pour lui, c’est de jouer dans une équipe qui peine à évoluer en attaques placées. Souvent positionné haut sur le terrain, le Brésilien est parfois pris dans son dos, comme lorsque Coco marque le deuxième but de Guingamp lors de la victoire (3-1) des Bretons au Parc OL. Mais au vu de ses dernières prestations, l’équilibre est en passe d’être trouvé.
Parce qu’il a gagné la primaire
Aurier ou Sidibé étaient les favoris des sondages, mais c’est Rafael qui a le mieux réussi à rassembler son camp, à trouver cet équilibre tant recherché entre attaque et défense. Aurier, parasité par les blessures, est trop irrégulier sur son côté droit, il rate trois centres, en réussit un, et compte sur Cavani pour faire fructifier ses stats. Et un peu trop sur son physique pour compenser ses errements tactiques. Sidibé, lui, tout feu tout flamme, cartonne avec Monaco, passe sa vie à attaquer, une sorte « d’identité heureuse » façon Juppé. Mais l’utopisme ne paye pas en football : ses sorties en équipe de France contre l’Italie ou la Suède lui ont rappelé cette dure réalité. Et puis Sidibé a passé quatre ans à jouer à gauche, au LOSC. Alors comment lui faire confiance ? Sur son aile droite, le Lyonnais est très libéral aux avant-postes, mais n’oublie pas d’être conservateur derrière. Oui, Rafael-Fillon, même combat. Comme le Sarthois aux sourcils broussailleux, c’est un homme expérimenté – dans un rôle de « collaborateur » , certes –, mais avec les Red Devils, il a tout de même remporté trois titres de champion d’Angleterre.
Mettre Cri-Cri sur le banc
« Vous vous moquez de Jallet ? Wallah, Jallet, il est chaud ! » , une autre des punchlines balancées par Aurier lors de sa fameuse nuit embrumée du 13 février dernier. Lorsque il a débarqué au PSG à l’été 2014, l’Ivoirien était bien content de voir l’international français s’en aller du côté de l’OL. En tant que connaisseur du poste, Aurier ne voulait sûrement pas se frotter à la concurrence du latéral chauve dont il a reconnu l’étendue du talent sur Périscope. Christophe Jallet a un palmarès qui parle pour lui. Vice-champion d’Europe 2016 avec la France, champion de France 2013 et 2014 avec le PSG, plus une Coupe de France et une Coupe de la Ligue, et est par deux fois membre de l’équipe type de Ligue 1 en 2013 et 2015. Blessé depuis le début de saison, le natif de Cognac est de retour (titularisé ce mercredi en Coupe de la Ligue face à Guingamp). C’est donc ce monument que Rafael devra pousser sur le banc pour continuer à animer le flanc droit du club rhodanien. Pas une mince affaire, surtout lorsqu’on sait que Jallet a aussi remporté deux clés dans Fort Boyard en 2012.
Par Romuald Gadegbeku