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Pourquoi on déteste le concept de lofteurs au PSG
Depuis l’arrivée de Luis Campos, le PSG a ouvert un loft où viennent se serrer les réprouvés de l’effectif parisien. Cette décision participe à la com’ d’un club qui veut casser l’image peu flatteuse d’une colonie de vacances pour stars surpayées. En effet, rien de plus facile et de sans risque que de taper sur des joueurs qui ne paraissent rester que pour le gros chèque de fin de mois. Ce serait oublier un peu vite qui les a fait venir et qu’un footballeur reste un salarié avec des droits.
Personne ne va plaindre Layvin Kurzawa, Julian Draxler, Georginio Wijnaldum, Ander Herrera, Rafinha ou encore Thilo Kehrer. Ils reçoivent toujours leurs généreux émoluments et leur situation n’a rien à voir avec l’enfer vécu par un ouvrier lambda sur un chantier au Qatar. En outre, la LFP, sous pression de l’UNFP, a quelque peu encadré cette fameuse mode du « loft » , dont le terme à lui seul, entre une télé-réalité et un Airbnb luxueux, dit beaucoup de notre époque. L’article 507 de la charte de la Ligue stipule ainsi que cette parenthèse doit s’arrêter au 31 août et qu’elle doit « s’effectuer de manière temporaire pour des motifs exclusivement sportifs liés à la gestion de l’effectif. Celle-ci ne doit en aucun cas se prolonger de manière régulière, permanente et définitive s’apparentant à une mise à l’écart du joueur, contraire à l’esprit du texte et du contrat de travail du footballeur professionnel. » Ici, le « motif exclusivement sportif » est la volonté affichée par la nouvelle direction sportive de travailler avec un noyau dur plus réduit (21 joueurs de champ tout au plus). En revanche, la référence à la dimension contractuelle mérite que l’on s’y attarde.
De fait, si tout ce beau monde émarge aujourd’hui dans l’effectif du PSG, c’est avant tout parce que chacun des membres de cette liste a signé un contrat avec le club parisien, qui a même parfois célébré l’accord de manière ostentatoire. Certains étaient même recrutés pour être des titulaires. Or, le message véhiculé derrière le fait de s’entraîner à part – un coach diplômé doit d’ailleurs leur être attribué – revient à leur filer les coordonnées GPS jusqu’à la porte de sortie. En quelque sorte, le patron punit son employé pour le pousser à s’en aller. Dans l’administration, on parle de mise au placard et aux prud’hommes, l’affaire sera vite jugée. Sauf qu’en football, la vexation est publique, scénarisée. Il ne manque que les caméras et l’épreuve du feu de camp. Par ailleurs, l’employeur cherche évidemment à récupérer un peu d’argent sur un potentiel transfert.
Com’ et indécence ?
Pour le PSG version Campos, que l’on dit plus modeste, plus économe et re-nationalisé, le story-telling est parfait, aussi bien pour les supporters que pour les médias. On siffle la fin de la récré à de vilains garnements qui profitaient de la générosité de leur gentil patron sans apporter grand-chose à leur entreprise. Il était temps qu’ils s’en aillent, en gros. La petite humiliation de ce « loft » conforte le discours d’une institution qui n’a plus peur de sévir et de se faire respecter. Certains parias traînaient déjà une mauvaise réputation, notamment sur les réseaux sociaux, et avaient fini par incarner les travers de la gestion du PSG, mais la procédure adoptée renverse le problème en rendant responsables des errements passés des joueurs qui n’auraient pas la décence de s’en aller quand on leur demande…
Il faudra ensuite expliquer et gérer leur inévitable retour au 1er septembre, pour ceux qui ne se seront pas laissé effrayer, puisque leur contrat, que les deux parties ont paraphé, le stipule. Luis Campos peut évidemment se réfugier derrière l’inévitable guerre psychologique à laquelle il a dû se livrer pour solder les comptes et épurer des années de folies des grandeurs. Il avait probablement d’autres manières de parvenir à ces fins, notamment en fonctionnant au cas par cas. Quoi qu’il en soit, le PSG arrive à conclure le tour de force de passer pour la victime de joueurs égoïstes, rapiats et trop payés, en oubliant son devoir d’inventaire et les droits de ses salariés.
Par Nicolas Kssis-Martov