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Pourquoi OL-PSG est une affiche de footix
Ce mercredi, à 18 heures, les mordus de foot féminin vont se réjouir devant leur canapé en observant les deux meilleures équipes françaises se tirer la bourre pour une place dans le dernier carré de la Ligue des champions. Les deux seules équipes qu’ils regardent. Car, soyons honnêtes, la plupart des « fans » de foot féminin se proclament fans alors qu’ils n’y pipent pas grand-chose.
Ce mercredi soir au Parc des Princes, Lyonnaises et Parisiennes vont croiser le fer pour la 55e fois de leur histoire. Si les choses se passent comme elles doivent se passer, l’OL va gagner à l’expérience et affirmer un peu plus sa domination sur le PSG, le bilan rhodanien dans ces confrontations directes étant jusqu’ici de 35 victoires, 14 nuls et 5 défaites. Quatre jours après un OL-PSG version masculine qui a vu un bon paquet de footix se régaler devant leur téloche pour voir Mbappé courir très vite, le bal des imposteurs va de nouveau avoir lieu. Dans des proportions moindres, certes, mais il aura bien lieu. Peu importe le scénario, cette rencontre va attirer l’œil de passionnés de football féminin. Enfin, « passionné » est un bien grand mot lorsqu’on se contente de regarder uniquement deux matchs par an (soyons fous, cinq rencontres si les deux formations s’affrontent en C1 et en Coupe de France). Pour faire simple, la situation ressemble un peu à celle que l’on observe lorsqu’une personne déboule de nulle part et déclare un amour inconditionnel pour le tennis, alors qu’elle ne déguste qu’un Nadal-Djokovic en finale de Grand Chelem. Ou encore quand un dingue de basket débarque – toujours à la même période de l’année – à la veille du All-Star Game. Messieurs dames, personne n’est dupe, vous n’êtes rien d’autre qu’une grande farce.
Il n’y a pas que Paris et Lyon dans la vie !
On ne va pas se mentir, de nombreux « fans » de foot féminin se collent cette étiquette sur le front, alors qu’ils ne connaissent même pas les douze équipes présentes en D1 Arkéma. Ils dégustent un OL-PSG parce que c’est que qu’il se fait de mieux dans l’Hexagone et en Europe, mais à côté de ça, ils pensent que Soyaux est un adjectif qui veut dire doux et brillant. La vérité, c’est qu’un Issy-Le Havre, affiche pour le maintien en D1, peut avoir autant de charme qu’un PSG-OL. Pourquoi ? Pour les fans, les vrais, les purs, les durs, c’est l’occasion de découvrir Constance Picaud, la jeune gardienne havraise, pompier volontaire il y a encore deux ans et récemment convoquée en équipe de France par Corinne Diacre alors qu’elle a découvert le monde professionnel il y a quelques mois. Malgré les 35 pions encaissés par son équipe depuis le début de saison, l’ancienne gardienne de La Roche-sur-Yon réalise une vraie belle saison qui mérite le coup d’œil. Ce n’est pas pour rien qu’elle se trouve régulièrement dans le top 3 des arrêts du week-end.
Tout amateur de foot féminin qui se respecte voit bien que l’affiche PSG-OL a perdu de sa superbe. Une certaine lassitude s’est installée, le scénario étant toujours le même, et cela devient légèrement fatigant. Un Montpellier-Bordeaux ou un Soyaux-Dijon peut être tout aussi intéressant, surtout quand on connaît les enjeux pour la troisième place et pour le maintien. Un Montpellier-Bordeaux est ainsi l’occasion d’assister à un duel épique entre Khadija Shaw, l’attaquante bordelaise, auteure de 29 pions en 31 matchs depuis son arrivée en France l’an dernier, et Élisa De Almeida, considérée comme l’une des meilleures défenseuses du championnat à seulement 23 ans et qui laisse deviner que lorsque son idole Wendie Renard aura raccroché, l’arrière-garde des Bleues sera représentée dignement. En regardant les autres affiches de D1 Arkéma, on peut découvrir d’autres talents du football français et sortir des classiques Le Sommer, Henry, Diani et Katoto. En dégustant une rencontre de Dijon, on peut ainsi se délecter du pied gauche soyeux de Léa Khelifi, « l’avenir du foot français au poste de milieu offensif », dixit Bruno Cheyrou, l’ancien directeur sportif des féminines du PSG. Et ça, Corinne Diacre l’a (enfin) compris.
D’autres talents français ne demandent qu’à éclore
Si on regarde d’un peu plus près la dernière liste de l’équipe de France, on se rend compte que 14 des 23 joueuses ne jouent ni à Lyon ni à Paris, mais représentent Dijon, le Paris FC, Montpellier ou encore Bordeaux. Encore la preuve que le football féminin français ne se résume pas aux deux mastodontes de l’Hexagone. Trois ans en arrière, on était loin de cette ouverture. La preuve qu’il est nécessaire d’arrêter de ne regarder le foot féminin français qu’à travers le prisme parisiano-lyonnais. Ah, il faut aussi s’occuper de cette idée reçue insupportable qui voudrait que « les joueuses font moins de chichi que les hommes ». Pourtant, comme pour leurs homologues masculins, il existe des tricheuses, des gardiennes pas très sûres, des milieux avec une technique incroyable ou encore des poissardes. En bon amoureux du foot féminin, il est désormais temps de prendre sa télécommande et de brancher le multiplex du samedi après-midi, où la lutte pour le maintien et pour la troisième place, synonyme de qualification pour la Ligue des champions, sont bien plus passionnantes qu’un vu et revu PSG-OL.
Par Analie Simon