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Pourquoi Morgan Schneiderlin est meilleur que Sergio Busquets

Par Douglas de Graaf
5 minutes
Pourquoi Morgan Schneiderlin est meilleur que Sergio Busquets

Dans une récente interview à la BBC, le milieu d'Everton Morgan Schneiderlin a prêché pour sa paroisse en se hasardant à une analogie avec Sergio Busquets. « Les gens disent que je ne fais que des passes latérales. (...) Mais regardez Busquets au Barça. Je ne me compare pas à lui, mais dites-moi : les passes qu'il fait, lesquelles je ne fais pas ? Comme il gagne, on dit que c'est le milieu le plus intelligent du monde. » Un tantinet prétentieux, le Morgan ? Beaucoup trop modeste, au contraire.

Parce qu’il n’a rien à lui envier en matière de cinéma

« Tricheur. » Les détracteurs de la pierre de voûte catalane l’assurent : Sergio Busquets est le digne représentant de cette catégorie d’acteurs du monde du foot, toujours prêts à simuler sans vergogne et à faire usage d’anti-jeu quand le besoin s’en fait sentir. En fait, c’est surtout le décalage entre le joueur et le personnage qui en horripile plus d’un. Personne n’attend d’un milieu défensif qu’il se soucie de l’intégrité de ses adversaires ou qu’il éprouve du remord à commettre une vieille faute utile. Sauf que le mètre 89 ne semble pas assumer le côté sale de sa besogne et préfère jouer un tout autre rôle – particulièrement auprès de l’arbitre : celui de joueur modèle qui se préoccupe autant que l’homme en noir de faire respecter les lois du jeu.

Une tâche dont Morgan Schneiderlin se fout comme de sa première chemise. Le milieu d’Everton ne s’en cache pas : casser des chevilles est son fonds de commerce, et tant pis s’il faut prendre un rouge pour ça. Alors, plutôt que d’attribuer des Oscars pour le talent d’acteur du Barcelonais, pourquoi ne pas récompenser l’authenticité de l’Alsacien ? Et si l’international français ressent vraiment le besoin de muscler son jeu (d’acteur), il pourra toujours compter sur un atout de poids pour supplanter son concurrent espagnol : sa femme Camille, ex-candidate de Koh Lanta 2012, et qui maîtrise donc mieux que quiconque les secrets du trucage et autres arrangements avec la réalité.

Parce qu’il ne doit pas sa carrière à son paternel

Quand certains naissent avec une cuillère d’argent dans la bouche, d’autres partent avec rien et doivent cravacher pour connaître un destin que la vie se refusait à leur donner. Dans la première catégorie : Sergio Busquets, programmé pour atteindre les sommets avant même de toucher ses premiers ballons. Pour rappel, on parle du fils de Carles Busquets, ancien gardien du Barça et vainqueur de la Ligue des champions 1992 avec le club catalan. Un trophée que n’a pas eu le loisir de soulever Albert Schneiderlin, couvreur-zingueur de son état et trop occupé à ramener de l’argent comptant à la maison pour joindre les deux bouts. Là où le petit Sergio est resté bien au chaud dans le cocon familial pour bénéficier des conseils de padre Carles, le téméraire Morgan n’a pas hésité à quitter le nid à l’âge de 18 ans pour atterrir tout droit dans la froideur de Southampton. Quoi de plus admirable pour un gamin aux yeux de qui l’anglais était « la pire langue à l’école » ?

Parce qu’être alsacien et footballeur de première zone relève du miracle

Fabrice Ehret ? Pascal Johansen ? Régis Gurtner ? Sérieusement, cela fait combien d’années que cette terre de football qu’est l’Alsace n’a plus sorti de joueur capable d’évoluer dans la cour des grands ? Là où le Catalan Sergio Busquets n’a eu qu’à se baisser pour tomber dans l’escarcelle de la Masia, autant dire que la partie n’était pas gagnée d’avance pour son vis-à-vis, originaire de Zelwille (Bas-Rhin). Quand on sait que le jeune Morgan n’avait même pas réussi à intégrer son petit club de village par manque de « talent » (selon ses propres dires), inutile de préciser que le simple rêve de rejoindre le RC Strasbourg relevait de la chimère. Vingt ans plus tard, c’est pourtant d’équipe de France, de Manchester United et de Coupe du monde au Brésil qu’il s’agissait. Dès lors, pas étonnant que Didier Deschamps, qui n’imaginait sûrement pas qu’un Alsacien lui serait d’une quelconque utilité en Bleu, ait eu autant de difficultés à prononcer son nom.

Parce qu’il est devant en matière de palmarès individuel

Quelle chance pour Sergio Busquets que le football soit un sport collectif ! Le vieux briscard de 31 piges, dont le mérite n’est autre que de s’être trouvé au bon endroit pour figurer dans les équipes du moment (l’Espagne et le FC Barcelone de la fin de la décennie 2000), a récolté pas mal de titres grâce à ses petits partenaires. Et individuellement, ça donne quoi ? Rien, nada. Tout l’inverse de Schneiderlin, auréolé d’un trophée on ne peut plus respecté : celui de meilleur tacleur d’Europe (en 2013, élu par les médias britanniques). Sans rien avoir perdu de ses talents de faucheur, le gladiateur de 29 ans a appris à diversifier son jeu de défense : il culmine à 1,3 interception, 1,3 dégagement et 0,3 contre par match en Premier League cette saison, autant de domaines où il fait mieux que la grande tige blaugrana. N’est pas Spiderman (son surnom) qui veut.

Parce que ses passes se doivent d’être idéales

« Les passes que Busquets fait, lesquelles je ne fais pas ? » Qui de mieux que Schneiderlin lui-même pour résumer le sentiment général : offensivement, dans sa capacité à mettre les autres en lumière, l’international espagnol ne possède pas non plus les armes pour mettre le Français dans sa poche. Il faut dire que sa situation est simple comme bonjour : au Barça, à quoi bon se plier en quatre pour tenter des passes de l’extrême quand il suffit de filer la balle à Messi, Suárez et compagnie ? À Everton, la problématique est tout autre : les flèches à faire briller se nomment Dominic Calvert-Lewin, Theo Walcott et Cenk Tosun. Pas vraiment des foudres de guerre devant les cages, donc. Alors, faire une passe décisive à Messi ou à Oumar Niasse, où est la vraie prouesse ?

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Par Douglas de Graaf

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