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Pourquoi Monaco est plus fort que Paris
Leader avec trois points d'avance, Monaco apparaît armé et conditionné pour aller au bout en Ligue 1. Et ce qui serait apparu comme une surprise en début de saison prend des allures de logique implacable au mois de février. Entre ce Monaco et ce Paris-là, il n'y a presque plus photo ?
Un collectif mieux rodé
« On l’a vu au Parc, Monaco a fait douter Paris, le match nul est amplement mérité. » Pour Jean-Marc Ferreri, aucun doute. À l’heure actuelle, le onze de l’AS Monaco est mieux construit que celui du PSG. La faute, bien évidemment, à une présence plus courte d’Unai Emery dans la capitale que celle de Leonardo Jardim sur le Rocher. Mais pas que, selon Luc Sonor : « Monaco a une vraie philosophie de jeu, une équipe qui ne bouge pas forcément à chaque match, donc cela peut construire. » D’où quelques scores de tennis pour l’ASM, quand les Parisiens s’en remettent à une réussite maximale pour battre Dijon samedi dernier. La différence s’est nettement vue lors du choc au Parc des Princes, quand les Monégasques dominaient et n’ont failli perdre la rencontre que sur un penalty concédé naïvement en fin de match. Avant de rattraper la bévue aux forceps dans le money time. Et encore plus ce week-end quand l’ASM a corrigé l’ex-leader Nice alors que le PSG luttait pour se défaire de Dijon.
Un effectif plus équilibré
« À Paris, 80% du jeu de passes doit passer par Edinson Cavani et si lui n’est pas en forme, c’est tout le PSG qui déjoue » , estime Ferreri, pour qui le départ de Zlatan Ibrahimović n’a pas été compensé. « Il apportait dans le jeu, et associé à Cavani, cela faisait une double menace. Mais personne n’a pris le même poids que lui cette saison. » Alors qu’à Monaco, le danger peut venir de partout, « de Falcao principalement, mais aussi de Germain, de Bernardo Silva et Lemar, voire des latéraux… » Et surtout, l’ASM peut s’appuyer sur des socles, comme sa charnière Glik/Jemerson et son duo Fabinho/Bakayoko au milieu selon Sonor. « Eux deux, ils vont ensemble, Jardim les aligne automatiquement s’ils sont disponibles, et cela se ressent dans le jeu. Contrairement à Paris où cela change tout le temps. » Si pendant le mercato d’hiver, le PSG a tenté de rafistoler ses fissures, notamment avec l’arrivée de Julian Draxler, Ferreri ne pense pas que cela suffira à rattraper le retard : « Je l’ai vu jouer en Ligue Europa avec Wolfsburg, il ne m’a pas marqué plus que cela, ce n’est pas encore un immense joueur. » Et même si l’Allemand a été plutôt bon depuis son arrivée, il ne peut à lui seul combler tous les manques actuels des Parisiens.
Une meilleure gestion d’effectif
« Quand j’ai vu arriver Leonardo Jardim, je me suis dit :« Ce n’est pas possible, on manque d’ambition. »Mais depuis, j’ai fait mon mea culpa. » Luc Sonor est aujourd’hui admiratif du travail du Portugais sur le Rocher. « Car il a toujours eu de bons résultats quand on critiquait le niveau de jeu, qu’il a perpétuellement dû s’adapter à des ventes de joueurs – sans se plaindre – et qu’aujourd’hui, il récolte le fruit de son travail et de ses bons choix. » Notamment une décision forte : faire du tout frais champion d’Europe Moutinho un remplaçant de luxe. « Cela prouve que Jardim ne regarde pas le nom, mais le bienfait pour son équipe ou pas. Cela allait mieux marcher sans Moutinho ? Alors il l’a sorti, c’est tout. » Pour l’ancien joueur de l’ASM, cette priorité au mérite plutôt qu’au CV explique l’efficacité du banc monégasque, « avec Carrillo qui marque beaucoup par exemple » , pour la simple raison que « les changements sont effectués pour un besoin précis, par pour donner du temps de jeu et faire plaisir » . D’ailleurs, selon Jean-Marc Ferreri, c’est bien le coaching du Portugais qui fonctionne, plus que l’opulence de son effectif : « Pour moi, Carrillo ou Boschilia sont bons, mais aucun n’égale la qualité de Ben Arfa qui, en forme, peut casser toute une défense. Problème : ce n’est pas un joueur fait pour être remplaçant. » Et en renforçant la concurrence cet hiver, le PSG ne va pas arranger la situation de l’ancien Aiglon.
Moins de pression qu’à Paris
« À Monaco, s’ils sont champions, cela leur suffira. Alors qu’à Paris, ils ont changé un entraîneur champion dans l’espoir d’aller loin en Ligue des champions » , rappelle Sonor. Résultat : le PSG est désormais en souffrance pour conserver son titre et doit vivre avec la pression de celui qui n’assume pas les attentes placées en lui. « On l’a vu au Parc, les Monégasques ont gardé leur sérénité pour aller égaliser, ils prennent plus de plaisir, ils sont dans le jeu. Alors qu’à Paris, vu qu’ils sont perpétuellement sous les feux de la rampe, cela rend tout plus difficile. À mon avis, Monaco va aller au bout, c’est la logique aujourd’hui. »
Propos recueillis par Nicolas Jucha