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Pourquoi Lionel Messi va gagner le Ballon d’or
Alors qu'observateurs et spécialistes l'enterrent comme un vulgaire outsider, Lionel Messi reste en course pour un cinquième Ballon d'or. Ce serait historique. Ce serait beau. Et surtout mérité. On vous explique pourquoi.
On a tendance à l’oublier tant c’est anecdotique, mais Lionel Messi a glané un Ballon d’or en 2014. Le Ballon d’or Adidas, sacrant le meilleur joueur du Mondial. Un lot de consolation bien maigre quand l’or se balançait au cou des Allemands. Pour l’occasion, il ne portait pas de costume à pois, et la défaite en finale avait de quoi rougir ses yeux. Pas avare en croche-patte, Sepp Blatter s’était offusqué de ce choix : « J’ai été moi-même surpris de voir Messi désigné meilleur joueur » . Une nouvelle fois, le potentat du foot mondial était à côté de la plaque.
Deux records cannibalisés et un bon Mondial
Aujourd’hui, les chiffres font autorité comme un besoin de rationaliser la performance, d’américaniser un sport sans yards, ni home run. À ce petit jeu, les tripoteurs de calculatrice s’apercevront que la saison de Messi est loin d’être dégueulasse. Il est vrai que les soucis en coulisse donnent une saison en trompe-l’œil, parasitée par les pépins physiques, les histoires de reconduite de bail featuring Tito Vilanova sur son lit de mort qui lui implore de sceller son avenir au Barça, les dégobillages ou encore les ennuis fiscaux qui le rapprochent, pour le coup, réellement de Maradona. D’autant que l’Argentin a cannibalisé deux records à la mesure d’un Ballon d’or en rayant successivement des tablettes les meilleurs buteurs de l’histoire de Liga et de la Ligue des champions. Cache-sexe d’une saison vierge de titre hormis une attendue Supercoupe d’Espagne ? Peut-être. Mais au juste, quel souvenir reste-t-il de la carrière de Sergueï Bubka : l’intégralité de son palmarès ou son record du monde à 6 mètres 14 ?
Surtout, le rendez-vous de 2014 fut la Coupe du monde. Là où les grands joueurs se jaugent et l’histoire juge. Mieux que personne, Ronaldo sait que les Ballons d’Or s’y font et s’y défont malgré une demi-lune en guise de coupe de cheveux. À voir ses nausées au long de la saison, on imaginait la Pulga accoucher d’un grand Mondial. Sans être tonitruant, il a mis l’Albiceleste sur les bons rails, marqué la compétition de son empreinte, tenu son rang, là ou d’autres ont laissé des plumes. Une phase de poules à quatre pions, passe décisive en huitièmes et un penalty couillu face aux Pays-Bas en demies. Au Brésil, il a raflé quatre fois le prix d’homme du match lorsque, au même moment, Cristiano Ronaldo coulait en bon capitaine du navire portugais, et Manuel Neuer se reposait sur le collectif teuton.
Messi n’a jamais semblé aussi humain
Au fond, l’année civile du Barcelonais aurait pu basculer du bon côté, mais elle s’est prise sur la bande du filet comme un vulgaire Ballack en 2002. Le titre en Liga s’est évanoui à la dernière journée en raison de l’héritage encore mal digéré de l’ère Guardiola, et l’étoile s’est perdue à force de maladresses offensives au cours d’une finale plus équilibrée qu’il n’y paraît. Messi aurait dû prendre le train de l’histoire. Il est resté à quai. Alors, pourquoi couvrir d’or, un bonhomme abonné à l’argent ? Parce que Messi n’a jamais semblé aussi humain après des années à marcher sur l’eau, tout en signant une saison au moins d’aussi bonne facture que celle d’un Cannavaro ou d’un Weah en leurs temps. Le génie en plus. Alors que notre exception culturelle veut que l’on préfère Poulidor à Anquetil et que l’on descende les Champs-Élysées après s’être crashé contre des poteaux carrés, il ne serait que justice qu’un peu de cette miséricorde française envers les seconds s’applique à Messi. Après tout, n’est-ce pas la France qui est à l’origine du trophée tant convoité ?
Par Adrien Rodríguez-Ares