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Bordeaux : mieux vaut revenir que périr

Par Nicolas Kssis-Martov

Alors que leur sort sera fixé ce mardi, les Girondins de Bordeaux risquent d’être définitivement rétrogradés en National. Ce destin tragique, pour un des grands clubs patrimoniaux du football français, peut-il néanmoins constituer un mal pour un bien ? Le précédant de Strasbourg prouve qu’il peut être souhaitable de repartir parfois de très bas, à condition de faire table rase des mauvaises habitudes du passé.

Bordeaux : mieux vaut revenir que périr

Le football français a mal à son économie. La situation bordelaise illustre ce mal profond et loin d’être simplement conjoncturel. La gestion de cette vénérable institution par son propriétaire, Gérard Lopez, prouve d’ailleurs que la multipropriété ne constitue pas la seule menace. Relégué en Ligue 2 depuis déjà deux saisons, l’ancien et respecté représentant de notre championnat en Coupe d’Europe se retrouve désormais en sursis. La DNCG l’a pour l’instant rétrogradé à titre conservatoire en National, faute de garanties financières (plus de 40 millions d’euros manquent dans les caisses), et en attente d’un passage en « appel », qui faute d’un énième candidat au rachat de dernière minute, confirmera la sanction. Mais au moment où le fonds de pension Fenway Sports Group a refait une apparition à la table des négociations, pour endosser le rôle de sauveur de dernière minute, cette vie sous perfusion serait peut-être la pire des options pour un club qui mérite de retrouver une certaine dignité, avant de penser à reprendre des couleurs.

La tristesse des actualités, la nostalgie des archives

Gérard Lopez a lui-même évoqué une « situation critique » auprès de l’AFP, tout en prenant bien soin de se défausser. Tout le monde est responsable sauf lui : le contexte, la LFP, la météo, la ville… Fenway Sports Group, qui possède également le Liverpool FC, aurait préféré jeter l’éponge, face notamment aux « coûts de fonctionnement du club et surtout du stade, entre le loyer annuel et les arriérés. Puis le deuxième aspect, le plus catastrophique pour nous : la non-décision sur les droits TV (de la Ligue 1). » Sa gestion calamiteuse n’y est évidemment pour rien ! Pourtant, comme le rappelait encore récemment Monsieur le maire Pierre Hurmic : « Cela fait deux fois en deux ans que les Girondins de Bordeaux sont menacés de relégation en National. »

En face, les supporters, et pas seulement les ultras, broient du noir. Le journaliste de Télérama Olivier Tesquet s’est épanché dans une publication Instagram en guise de confession : « Même après la cataclysmique relégation de 2022, j’ai continué à aller au stade avec mon père. Nos gestes ont trahi une ferveur intacte. Un supporter supporte, jusque dans la mouise des divisions inférieures. Ce qu’on ne supportera jamais, en revanche, c’est la petitesse des fonds vautours américains et des illusionnistes hispano-luxembourgeois. » Avant de convoquer le passé et l’avenir. « Tard hier soir, j’ai surpris mon vieux en train de visionner une énième compilation YouTube sur son téléphone. J’ai aperçu Giresse et son maillot Malardeau, entendu les vivats des travées de Lescure. Il a levé ses yeux nostalgiques vers moi : “On renaîtra mon fils.” J’espère qu’il sera encore là pour le voir. »

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Faire une Strasbourg oui, mais sous conditions

Alors, quel visage pour un phœnix bordelais ? Personne dans les tribunes du Matmut Atlantique ne désire évidemment plonger dans les divisions amateurs et s’imposer les derbys d’Aquitaine. Pourtant, il ne serait pas forcément dramatique voire peut-être salvateur, d’en passer par ce purgatoire. Gérard Lopez lui-même y songerait, certainement faute il est vrai d’autres pistes réalistes. « Enfin, il y a l’exemple du sauvetage de type Strasbourg, avec le passage dans des divisions inférieures, en se donnant deux trois ans de pause pour reconstruire. » Le cas du Racing, voire du Sporting Club de Bastia, apparaît effectivement comme un modèle, voire un conte de fées, capable de rassurer les plus pessimistes (ceux qui regarderaient vers Sedan ou Gueugnon). Relégués administrativement pour raisons financières en CFA 2 (quatre étages en dessous du « paradis »), plombés par un redressement judiciaire et une liquidation en août 2011, les Alsaciens ont perdu leur statut professionnel ainsi que toute joie de vivre. Il s’agira au contraire du début d’une belle histoire qui aboutira au retour dans l’élite six ans plus tard d’un RCSA ragaillardi et assaini sous la houlette de Jacky Duguépéroux puis Thierry Laurey.

Toutefois, Gérard Lopez semble oublier quelques détails en se servant un peu facilement de l’exemple alsacien. Tout d’abord l’arrivée d’un nouveau groupe d’investisseurs autour de Marc Keller, un enfant du club, qui a rétabli la stabilité du club. Enfin, l’union sacrée des supporters et de la ville autour de l’institution, avec 10 883 spectateurs lors du « choc » du 5 novembre 2011 contre le SC Schiltigheim en CFA 2. Pour rappel, en 2020, entre 2 000 et 2 500 supporters bordelais avaient manifesté devant la mairie de Bordeaux, à la veille des municipales, contre Frédéric Longuépée à l’époque. Bref, autant d’éléments qui conduisent à penser qu’il faudra aussi et surtout changer de direction pour qu’une refondation en National 1 ou National 2 ait du sens et un futur. En attendant, une petite pensée pour les employés qui en seront les premières victimes collatérales, et qui ne touchent pas contrairement aux joueurs des salaires dignes de la Ligue 1.

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Par Nicolas Kssis-Martov

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