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Pourquoi les champions du monde 2006 se pressent sur les bancs de Serie B
Ce samedi, la Reggina affronte la SPAL pour cette vingtième journée de Serie B. La rencontre mettra deux anciens champions du monde 2006 face à face, Filippo Inzaghi dans la zone technique de la Reggina et Daniele De Rossi de l'autre. Au fil des années, la seconde division italienne est devenue la nouvelle terre d'accueil de ces héros de Berlin.
Lippi a fait des petits. Dix-sept ans après le dernier sacre de l’Italie en Coupe du monde, bon nombre des joueurs de cette promo 2006 ont décidé d’embrasser une carrière d’entraîneur. C’est simple, sur les 23 Italiens champions du monde, 15 se sont reconvertis comme tacticien (contre 8 pour les Bleus de 2006). Une génération dorée qui a à cœur de transmettre les clés de sa réussite. Et quoi de mieux pour cette transmission que de rester en Italie et de commencer par la Serie B ? Ainsi, après Alessandro Nesta (Pérouse puis Frosinone), Massimo Oddo (Pescara, Crotone et Pérouse), Gennaro Gattuso (Palerme et Pise), au tour de Daniele De Rossi (SPAL), Fabio Cannavaro (Benevento) Fabio Grosso (Bari, Hellas et aujourd’hui Frosinone), Pippo Inzaghi (Venise, Benevento, Brescia et actuellement la Reggina) et Alberto Gilardino (Genoa) de tenir les rênes d’une équipe dans ce championnat toujours très disputé et ouvert.
Terre d’apprentissage
Après avoir bâti leur légende sur le rectangle vert, ces champions du monde sont forcément très attendus désormais dans leur zone technique. Et pour démarrer cette nouvelle carrière, certains ont compris qu’il fallait mieux ne pas voir trop vite trop grand. Voilà à quoi ont au moins servi les cas Andrea Pirlo et Filippo Inzaghi qui avaient directement commencé leur nouvelle carrière à la tête des mastodontes que sont la Juventus et le Milan. La grande majorité a donc choisi de prend son envol à plus basse altitude, en mettant le cap sur la deuxième division locale. Au total, huit de ces campioni del mondo sont passés par la deuxième division italienne et cinq sont actuellement en poste dans un club de D2, soit un quart du championnat. Un championnat où la pression est moindre, idéal pour progresser et faire murir ses idées.
De plus, la Serie B reste un championnat très ouvert et disputé, où l’écart de niveau entre les équipes reste relativement minime, en comparaison à sa grande sœur la Serie A : « C’est le championnat idéal pour cette génération 2006. Tout d’abord, car c’est un football qu’ils connaissent, une approche qu’ils comprennent. La Serie B est le meilleur tremplin pour ensuite arriver en Serie A », explique Maxime Leverbe (102 matchs de Serie B) qui évolue actuellement à Benevento, sous les ordres d’un certain Fabio Cannavaro. Il est clair que ces dernières années, plusieurs tacticiens ont fait leurs armes dans ce championnat avant d’atteindre l’échelon supérieur et de s’imposer aujourd’hui comme des références : Roberto De Zerbi, Alessio Dionisi, Vincenzo Italiano ou encore Davide Nicola.
B come… Berlino Grosso, Filippo Inzaghi e Gilardino guidano la classifica di Serie B pic.twitter.com/6SyfhuspaK
— GOAL Italia (@GoalItalia) December 29, 2022
Après s’être brûlé les ailes à Milan, « Super Pippo » a compris qu’il était nécessaire, pour ne pas dire indispensable, de commencer cette reconversion au bas de l’échelle. L’ancien attaquant rossonero a bourlingué, enchaîné les clubs (et connu la Serie A avec Bologne et Benevento) et semble enfin s’épanouir cette saison avec la Reggina, actuellement deuxième de Serie B : « Je pense que les gens apprécient que je me donne toujours à fond, que je ne fasse pas semblant. J’ai une passion pour le jeu que je souhaite transmettre, et les gens le ressentent », argumente-t-il dans les colonnes du Corriere della Sera. Il ajoute : « Quand j’ai accepté de rejoindre la Reggina, j’avais un projet sur trois années. Là, on est en course pour la montée et nous devons être prêts. » Le club calabrais est le dauphin de Frosinone, solide leader du championnat et entraîné par… Fabio Grosso, l’autre exemple à suivre de cette génération 2006. Le héros de Berlin a lui aussi trimé ces dernières saisons et a connu l’élite pendant quatre matchs à la tête de Brescia avant que le sulfureux président lombard Massimo Cellino ne décide de s’en séparer. Arrivé à Frosinone en mars 2021, l’ancien Lyonnais s’épanouit. « Fabio a trouvé un club qui donne du crédit à son travail et qui ne regarde pas seulement les résultats. C’est le top pour un entraîneur », explique son ancien coéquipier Massimo Oddo, qui lui aussi connaît très bien la deuxième division italienne (200 matchs dans la besace dont 81 en Serie B et actuellement sans club).
Started from the Bottom
En l’espace de trois mois, la Serie B a vu débarquer trois anciens champions du monde 2006 sur ses bancs, portant le chiffre à cinq : Daniele De Rossi donc du côté de la SPAL, Fabio Cannavaro à Benevento et enfin Alberto Gilardino en décembre dernier au Genoa. Pour ce dernier, les débuts sont plutôt réussis avec trois victoires en quatre matchs de championnat, dont une face au leader Frosinone (1-0). Pour les deux autres cités, l’apprentissage est quelque peu compliqué. Avec Benevento, Fabio Cannavaro est actuellement quatorzième et a mis du temps pour remporter sa première victoire face à la SPAL (2-1), sept matchs pour être précis. Justement, la SPAL de De Rossi connaît une saison tout aussi tumultueuse avec cette seizième position, et n’a remporté qu’une seule victoire sur ses neuf derniers matchs.
Un saut dans le grand bain compliqué, mais nécessaire pour deux hommes encore novices dans la profession. Passé précédemment par des clubs chinois et saoudiens, le Ballon d’or 2006 a effectué son retour au pays en septembre dernier, dans sa région natale, et connaît donc sa première expérience à la tête d’une écurie italienne. « Quand on a appris son arrivée, cela nous a mis une pression, car on ne voulait pas le décevoir », explique son poulain Maxime Leverbe. Si les temps sont compliqués à Benevento, le défenseur français ne désespère pas et a toujours confiance en son entraîneur : « Il a toujours le sourire et jamais un mot plus haut que l’autre. Il ne cherche pas à nous impressionner, même si ça se fait naturellement. Il veut nous apprendre toutes les ficelles du métier et base sa philosophie sur l’amusement qui passe par la victoire. »
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— SPAL (@spalferrara) October 11, 2022
Même si ces anciennes gloires du football tentent de se refaire un nom, loin de la pression des clubs de l’élite italienne, les attentes sont nombreuses. Exemple en octobre dernier lors de l’arrivée de Daniele De Rossi à la tête de la SPAL. Les Spallini ont alors matraqué leurs réseaux sociaux de vidéos et d’annonces. Une pression que l’ancien soldat romain accepte : « Cette pression est toute nouvelle. Avec le nom que je porte, j’ai quand même la chance de débuter à un bon niveau, là où d’autres collègues partent de plus loin. C’est une chance d’être sous les feux de la rampe. Les difficultés rencontrées sont logiques dans un championnat aussi compliqué que la Serie B. » Comme le disait Antoine de Saint-Exupéry : « L’homme se découvre quand il se mesure à l’obstacle. »
Par Tristan Pubert