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  • COUPE DU MONDE 2014
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  • BRÉSIL/COLOMBIE

Pourquoi les Brésiliens font tout péter quand le Brésil gagne ?

Par Arthur Jeanne et William Pereira, à Rio
Pourquoi les Brésiliens font tout péter quand le Brésil gagne ?

À chaque match du Brésil, Rio résonne de détonations sourdes. Des pétards qui viennent généralement signaler un but ou une victoire. Mais d'où vient cette tradition ?

Depuis sa terrasse de la favela Morrinho Pereirão, Mazinho a une vue imprenable sur le ciel de Rio. D’ici, il entend les détonations venues de partout aux alentours. Alors lui aussi, il prend son briquet, allume la mèche et tend le bras vers le ciel. Gonzalo Jara vient de louper son péno et toute la baie de Janeiro explose. Le Chili out, le Brésil toujours dans le coup, voilà une occasion immanquable de faire craquer quelques pétards. Ici quand on fête une victoire, la pyrotechnie est un ingrédient indispensable. Avec la Brahma et la barbaque.

L’héritage colonial portugais

« C’est une tradition dès qu’il y a quelque chose à fêter, on fait exploser pétards et feux d’artifices » , explique José Carlos au volant de son taxi : « Je suistorcedorde Flamengo. Quand Flamengo gagne, lestorcedoresde Flamengo font tout péter, mais ça n’est pas juste un truc qui s’applique au football, on a une vraie culture des pétards et feux d’artifice au Brésil. Notamment lors desfestas juninas, mais je ne sais pas vraiment d’où ça vient. »

En fait, il faut chercher l’explication de cette passion pyromane dans l’histoire. La culture brésilienne, ainsi que l’a défini Oswaldo de Andrade, est anthropophage. Il est donc logique qu’elle ait ingéré l’héritage colonial portugais. À la base, dans le patrimoine culturel (et religieux) portugais, la fête de la Saint-Jean est célébrée à grand renfort de feux de camp. Au Brésil, où la fête n’est pas un vain mot, les festas juninas s’articulent sur plusieurs jours autour de la Saint-Jean et les pétards et feux d’artifice accompagnent toujours les plus sages feux de camp. Petit à petit, cet héritage s’est généralisé à toute sorte de célébrations, comme l’explique Rafael Fidelis qui bosse chez Cipex, une entreprise carioca spécialisée dans la pyrotechnie : « Les mois de juin et juillet sont ceux des festas juninas, mais aussi des fêtes de fin d’année scolaire (kermesses pour les petits, remise de diplômes pour les grands, ndlr) où l’utilisation d’instruments pyrotechniques est très fréquente, sinon indispensable. Les feux d’artifice sont très ancrés dans la culture brésilienne. »

Vente en berne et main arrachée

En cette année de Coupe du monde, les professionnels du secteur visaient donc la bonne affaire. « Généralement, à cette époque de l’année, les ventes augmentent de 60%, mais cette année, nous nous attendions à 90% à cause des matchs du Brésil » , explique Katia Dib Farès, elle aussi dans la pyrotechnie. Pourtant, en dépit de ces promesses de chiffre d’affaires en hausse, les artificiers font grise mine. La raison : les ventes sont très loin du volume attendu. « Pour le moment, nous ne ressentons pas du tout les retombées économiques de la Coupe du monde. On gagne presque moins d’argent que l’an dernier à la même période pour la simple et bonne raison que les Brésiliens sont assez sceptiques sur les chances de la Seleção, donc ils n’achètent que très peu de pétards ou feux d’artifices avant d’avoir gagné. Contre le Chili, il y a eu une petite amélioration comme il y a eu beaucoup d’émotion et de stress. Si le Brésil se met à mieux jouer et à marquer plus de buts, je pense qu’on fera un meilleur chiffre » , détaille Cibelis, qui vend surtout des 6* 12, des feux d’artifices « de jour » , incolores car le Brésil joue tous ces matchs l’après-midi.

Pourtant, malgré les ventes en berne, les pétards restent dangereux. La semaine dernière un enfant de 3 ans a perdu une main dans l’affaire. Très encadrée légalement, la vente de feux d’artifice fait pourtant chaque année des dizaines de victimes. Au mois de juin, la proportion de patients traités pour brûlure augmente en moyenne de 50%.

Pétard à lancer à l’envers et arme des dealers

Un chiffre impressionnant que tente de combattre Thiago Rodrigues, pompier à Rio : « Les gens doivent absolument lire les notices. Ils doivent également éviter de viser les terrains pelés pour éviter l’incendie et les lignes électriques pour ne pas causer de court-circuit. » Pour Rodrigues, le principal problème est évidemment l’abus d’alcool des apprentis artificiers : « Une personne alcoolisée perd la notion de ce qu’elle fait. On a déjà vu des cas absurdes dans lesquels la personne allumait le pétard à l’envers et celui-ci lui explosait au visage en le laissant aveugle. »

Danger ou pas, le ciel brésilien claquera fort en cas de victoire contre la Colombie ce soir. Et si le Brésil perd, les détonations ne se calmeront qu’un instant, car dans certaines favelas de Rio, les pétards ont une fonction plus pragmatique. Celle de prévenir les trafiquants qu’il est temps de plier les gaules quand la police débarque.

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