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Pourquoi Leonardo se serait bien passé des banderoles contre Neymar
En déployant des banderoles à l'encontre de Neymar, les supporters du PSG ont officialisé leur volonté de voir le Brésilien quitter la Ligue 1... tout en mettant un caillou dans la chaussure de Leonardo : en rendant le joueur indésirable, le public va-t-il impacter les négociations et le prix de vente final à la baisse ?
Plus que la large victoire prévisible face à Nîmes (3-0), la réaction du Parc des Princes envers Neymar était bien plus attendue. Les supporters du PSG ont brandi diverses banderoles hostiles à Neymar ce dimanche soir au Parc des Princes pour le premier match de championnat face à Nîmes. L’une disait « Neymar casse-toi » et l’autre essayait maladroitement de comparer la remontada et l’affaire de viol présumé dans laquelle était embarqué le Brésilien il y a quelques semaines, le tout saupoudré de quelques chants désobligeants envers sa mère. Ainsi, les supporters parisiens penseraient signifier leur rejet du joueur et lui intimeraient l’ordre de s’en aller. C’est mignon de le croire, mais il s’agit de ne pas rejouer l’histoire : c’est Neymar qui décide de quitter le PSG. C’est Neymar qui fait des pieds et des mains tout l’été pour retourner en Espagne ou dans n’importe quelle grosse cylindrée européenne qui aurait les moyens de payer le transfert et d’assurer le salaire derrière. C’est Neymar qui veut quitter le PSG et non le PSG qui le fout dehors. Ou, de façon plus subtile : c’est Neymar qui veut quitter le PSG et le PSG qui fait de son mieux en termes de communication pour faire croire qu’il aura fini par le foutre dehors.
La réaction des supporters reste humaine et sans surprise. Elle est celle d’un public qui se sent insulté par le fait que l’une des trois plus grosses stars du football actuel ne veut plus porter le maillot d’un club qui avait vu les choses en (beaucoup trop ?) grand et consenti à déployer toute sa puissance financière pour le faire venir. Mais il se pourrait que cette réaction s’avère contre-productive et fasse clairement le jeu du numéro 10 désormais formellement détesté Porte d’Auteuil. Sans jouer la carte de l’hypocrisie en lui demandant de rester, le public du Parc n’aurait-il pas mieux fait de jouer celle de l’ignorance ? Aujourd’hui, c’est le PSG qui est fragilisé dans les discussions, plus que le clan Neymar ou que les clubs espagnols. Parce que le Paris Saint-Germain, qui avait essayé de s’en tenir à une espèce de ligne de conduite qui consistait à réclamer 300 millions d’euros en cash illico-presto sinon rien, se retrouve techniquement désormais à devoir négocier au mieux le départ de l’ancien joueur de Barcelone. Parce qu’il est peu probable que Nasser et Leonardo voient arriver un tel chèque sur leur bureau d’ici la fin du mercato, d’autant que les clubs intéressés vont désormais formuler des offres pour un joueur indésirable aux yeux de ses supporters… Puis dans un marché où Lukaku en vaut 80, Maguire 93, Coutinho 150, autant dire que 200 ou 250 millions, c’est une bonne affaire pour le club qui récupèrera Neymar. Toutefois, en cas d’offre avec échange de joueurs, jusque-là systématiquement repoussée et soi-disant non envisageable « ET C’EST COMME ÇA ET PAS AUTREMENT PARCE QU’ON EST LE GRAND PSG ET QUE LEONARDO L’A PROMIS OK ? » , les dirigeants pourront s’en sortir en arguant que tel ou tel élément du deal vaut tant de dizaines de millions d’euros et qu’on se rapproche de la somme désirée (certes avec des joueurs jamais désirés auparavant, mais bon bref c’est encore un autre sujet…).
Parce qu’enfin, imaginons que Neymar ne trouve aucune porte de sortie et reste au PSG : qui peut réellement penser qu’il sera mis à la cave ou sur le banc lorsqu’il sera de nouveau opérationnel au seul prétexte que le Parc l’aura insulté trois semaines avant ? Qui peut réellement penser que Thomas Tuchel ne réorganisera pas sa tactique autour de lui comme le ferait n’importe quel coach avec un tel joueur à disposition ? Qui peut promettre que le stade devenu hostile ne finirait pas par se remettre debout pour applaudir ses dribbles, ses buts et ses passes décisives ? C’est en cela que Neymar, si décrié et critiqué ces deux derniers mois, pourrait se retrouver gagnant à la fin du mercato. Gagnant s’il part, parce que ce sera pour, objectivement, un plus grand club et qu’il aura prouvé une nouvelle fois que les joueurs ont raison d’aller au bras de fer pour rester maître de leur carrière. Gagnant s’il continue son aventure parisienne, parce qu’il y a fort à parier qu’il ne lui faudrait que quelques sorties footballistiques pour faire passer ces banderoles qui se veulent virulentes et définitives en vulgaires saillies qu’on regrette écrites sous le coup de l’émotion un soir d’été…
Par Pierre Maturana