- Effet papillon
Pourquoi le retour de Zlatan Ibrahimović va empêcher Liverpool d’être champion
Alors que les Reds se dirigent tout droit vers leur 19e titre de champion d'Angleterre et peuvent faire un pas supplémentaire vers la couronne ce dimanche contre Wolverhampton, Leicester et Manchester City n'abdiquent pas. Surtout depuis que Zlatan a fait son grand retour à l'AC Milan, bouleversant le cours de l'histoire quelques heures avant le jour de l'An.
Zlatan fait son retour à Milan…
En 2012, le Suédois quittait la Lombardie pour l’Île-de-France et laissait l’AC Milan à la deuxième place du classement de Serie A. Sept ans et demi plus tard, après des passages à Paris, Manchester et Los Angeles, Zlatan vient voler au secours de Rossoneri qui végètent dans le ventre mou du football transalpin. Un contrat de six mois avec une année en option, que demande le peuple ? Problème : en plus de son ego et ses 38 balais bien pesés, il vient squatter l’effectif de Stefano Pioli avec la ferme intention de jouer. Et en période de vaches maigres, Milan ne peut évidemment pas lui refuser.
… Donc Piątek rejoint Everton, le 31 décembre…
Acheté l’hiver dernier après avoir inscrit treize buts avec le Genoa, Krzysztof n’a pas supporté le début de saison qui l’a vu être en concurrence avec le nouveau-né Rafael Leão. Alors, quand il apprend que Zlatan Ibrahimović débarque à Milan pour prendre une place monstre, l’attaquant – plus courageux que téméraire – prend ses jambes à son cou et quitte l’Italie avec treize titularisations pour seulement quatre pions. Il répond favorablement à l’appel du pied de Carlo Ancelotti, qui cherche un attaquant supplémentaire pour pallier le retour de Cenk Tosun en Turquie.
… Donc il ne joue pas contre City, le lendemain…
Le Polak s’engage avec les Toffees, quelques minutes avant la nouvelle année. Trop tard pour faire partie du groupe pour affronter les Skyblues de Pep Guardiola, le lendemain. Malgré tout présent dans les tribunes de l’Etihad Stadium, il remarque que Dominic Calvert-Lewin et Moïse Kean manquent encore un peu de niaque et de puissance. D’autant plus que le premier, double buteur lors de la première victoire d’Ancelotti à Newcastle, sort sur blessure après avoir reçu un coup en provenance du décérébré Nicolás Otamendi. Malgré la défaite contre City (0-2), Piątek sent qu’il y a un coup à jouer.
… Mais blesse Van Dijk, en FA Cup…
En l’absence de Calvert-Lewin, le Mister lance donc sa nouvelle gâchette contre Liverpool lors du troisième tour de FA Cup. Après l’ambiance moribonde de San Siro, le nouvel attaquant des Toffees découvre autre chose quand il pénètre sur la pelouse d’Anfield, grasse, mais entourée d’une chaleur vocale assourdissante. Frustré par la défaite contre Sheffield trois jours plus tôt (1-2), Jürgen Klopp décide de titulariser Virgil van Dijk plutôt que de le laisser souffler. Au bout de trente minutes de jeu, le défenseur néerlandais se fait anesthésier par l’attaquant polonais, totalement désinhibé par ce derby de la Mersey. Van Dijk doit alors laisser ses coéquipiers, qui vont couler et se faire éliminer (2-1) grâce à un but de… Piątek, dans les arrêts de jeu.
… Donc Klopp pète les plombs, et prend du ferme…
Après la rencontre, Jürgen est furax. Et en conférence de presse, le technicien allemand descend l’arbitre de la rencontre : « J’espère bien que vous allez parler de cette faute de l’attaquant d’Everton, quand même ? Attendez, vous avez vu le tacle qu’il met à Virgil van Dijk ? Pas de carton rouge, rien… Alors qu’il fracture le tibia de Virgil ! Et forcément, c’est lui qui nous punit à la fin. Franchement, c’est inadmissible à ce niveau-là. L’année 2020 commence vraiment mal. Merci monsieur Oliver, j’espère que vous allez palper. » Dans la foulée, Ancelotti préfère jouer le diplomate plutôt que la vierge effarouchée. Mais ça ne suffit pas, son homologue teuton se fait houspiller par la fédé anglaise qui le suspend pour les quatre prochaines rencontres.
… Donc les Reds perdent leur quatre matchs suivants de Premier League…
Sans Klopp sur le banc, c’est son adjoint néerlandais Pepijn Lijnders qui prend les choses en main. Et l’ancien bras droit de Brendan Rodgers a du pain sur la planche, car les Reds ont commencé la nouvelle année avec deux défaites consécutives. Mais contre Tottenham, le 11 janvier, ils s’inclinent à nouveau après un triplé d’Harry Kane dans le second acte (3-1). Sur la touche, José Mourinho jubile. Mais en tribunes, Klopp et Van Dijk sentent le vent tourner. Le week-end suivant, à Anfield, la réception de MU ne se passe guère mieux quand Mohamed Salah se fait exclure à la suite de son coup de coude sur Brandon Williams. Finalement, les Reds perdent après un penalty non sifflé sur Sadio Mané (0-1) avant de s’écrouler contre les Wolves lors de la 24e journée. Après quatre matchs sans Klopp et alors que Liverpool joue enfin son match en retard à West Ham, l’équipe est à nouveau friable derrière et en manque de réussite devant, laissant les Hammers la punir (2-0).
… Donc ils laissent filer le titre…
Dans le même temps, Leicester et Manchester City se sont gavés. Les Foxes ont fait un sans-faute en battant Newcastle, Southampton, Burnley et West Ham, quand les Skyblues dégommaient Everton, Villa, Palace et Sheffield. Si bien qu’au retour de Klopp, Liverpool ne compte plus que cinq points d’avance sur l’équipe de Rodgers, et six sur celle de Guardiola. Le début du mois de février est plus clément pour les Reds, et le retour de l’entraîneur allemand leur permet de vaincre Southampton et Norwich. Mais après la gifle reçue lors du match aller de C1 contre l’Atlético de Madrid (4-1), le groupe se délite peu à peu. Après deux défaites contre West Ham et Bournemouth, puis un nul contre Watford, ils se font doubler par Leicester, gonflé à bloc après avoir battu les hommes de Pep Guardiola. Le 4 mai, ces derniers triomphent des Reds et laissent Leicester s’envoler au classement. Brendan Rodgers a eu sa revanche et sans le savoir, il peut remercier Ibra. « Le nouveau Zlatan est meilleur que l’ancien : il change désormais le cours de l’histoire sans avoir à jouer » , tweete malicieusement le Suédois.
Par Maxime Renaudet