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Pourquoi le PSG doit recruter davantage en Ligue 1
Le saviez-vous ? Le PSG n'a plus recruté de joueur en Ligue 1 depuis bientôt cinq saisons et un certain Kylian Mbappé. Pire, depuis l'été 2012, ils ne sont que cinq joueurs à s'être engagés dans la capitale en provenance d'une écurie de Ligue 1. Et si le temps était venu de changer cela ?
Ce dimanche au stade Louis-II, c’est un homme sur le départ qui s’apprête à défier l’entrejeu toujours défaillant du Paris Saint-Germain. Dans un autre monde, Aurélien Tchouaméni aurait pu rejoindre le club de la capitale pour renforcer un secteur de jeu en perdition depuis de trop longues saisons. Mais selon la presse espagnole, l’international tricolore devrait plutôt rejoindre le Real Madrid cet été. Une autre capitale dans laquelle il retrouverait Eduardo Camavinga, autre pépite à avoir éclos en Ligue 1 avant de partir briller sous d’autres cieux, sans que le PSG ne parvienne à l’attirer. Simple question de moyens ou mauvaise volonté ?
La tête ailleurs
C’est un fait, depuis leur arrivée à la tête du club à l’issue de la saison 2010-2011, les Qataris n’ont guère misé sur des joueurs issus de l’Hexagone. Pas assez voyants à l’international, peut-être. Mis à part l’été 2011 – qui a vu débarquer Matuidi et Biševac après les transferts de Douchez et Gameiro bouclés par Colony Capital –, le total est peu réjouissant depuis. Ils ne sont en effet que cinq à avoir réussi à séduire les dirigeants du club de la capitale en Ligue 1 : Serge Aurier, Lucas Digne, Layvin Kurzawa, Hatem Ben Arfa et donc Kylian Mbappé, le dernier en date (alors qu’Alexandre Letellier est depuis arrivé d’Orléans). C’était il y a bientôt cinq ans. À la lecture de ces noms, un constat s’impose : exception faite du Bondynois et de son immense talent déjà largement perceptible à 18 ans, rares sont les valeurs sures de Ligue 1 venues renforcer les rangs des résidents du Parc des Princes.
De Leonardo à Antero Henrique en passant par Patrick Kluivert, tous se sont tournés vers l’étranger au moment de faire venir les noms les plus ronflants de l’effectif. Et plutôt que de faire directement profiter des autres clubs de l’Hexagone de ses pétrodollars, en signant de jolis chèque pour acquérir leurs meilleurs joueurs, le propriétaire a préféré mettre en valeur une certaine théorie du ruissellement grâce à l’acquisition de stars venues d’ailleurs. Mais pourquoi un tel refus du made in France si cher à Arnaud Montebourg ? Les clubs français seraient trop gourmands devant la richesse du club de la capitale. Mais investir des millions sur de jeunes pousses encore toutes fraîches en Italie, en Espagne ou même au Brésil n’a jamais fait peur aux décideurs parisiens. Et quand elle n’est pas investie sur des jeunes en pleine ascension, la fortune qatarie part dans les poches de stars planétaires déjà accomplies et repues de titres.
Développe ton style
Pourtant depuis plus de dix ans, le pays champion du monde a vu naître un paquet de jeunes joueurs plus talentueux les uns que les autres. Au moment où la direction parisienne et sa politique de recrutement sont plus que jamais pointées du doigt après la désillusion de Madrid et un an après un mercato estival en forme d’apogée du bling-bling, le moment est peut-être venu de changer de stratégie. Au-delà d’Aurélien Tchouaméni, ce ne sont pas les profils intéressants qui manquent dans cette Ligue des talents rarement aussi palpitante à tous les étages.
Sans compter que l’occasion serait trop belle d’aller chercher des profils bien spécifiques pour permettre à l’entraîneur en place de développer son propre style de jeu. « Cet été, d’autres types de joueurs sont arrivés et ils vont peut-être t’obliger à prendre plus de temps pour mettre en place le style que tu ambitionnes. Ou, si ça se trouve, tu ne l’atteindras jamais », pointait du doigt un Mauricio Pochettino préoccupé à l’automne dernier dans les colonnes de L’Équipe. Réponse d’un Leonardo prêt à « assumer ses erreurs », pas plus tard qu’au début du mois, toujours dans le quotidien ? « Dans notre effectif, OK, on a des stars comme Messi, Neymar, Ramos, Mbappé, Di María, Navas, mais on a aussi Mendes qui a 19 ans, Hakimi 22, Donnarumma 22. Marquinhos vit sa neuvième saison, Verratti sa dixième, Kimpembe est« né » ici. On construit quelque chose qui va durer. » Mais sans aucun joueur issu d’un club de Ligue 1.
Les dirigeants parisiens, toujours aussi préoccupés par leur sacro-sainte image, trouveraient certainement là un moyen de combattre ce désamour du public français qui les suit depuis leur arrivée en France. Si demain des noms comme Téji Savanier, Seko Fofana ou Jonathan David venaient épauler Marquinhos et consorts, qui sait ce qu’il adviendrait de la cote de popularité du club au sein de l’Hexagone ? L’Olympique lyonnais ne s’est jamais gêné pour se servir allègrement chez ses voisins pendant plus de dix ans, comme le Bayern Munich en Allemagne ou tant d’autres avant eux. À défaut d’être encore et toujours plus grand, le rêve n’en serait que plus beau.
Par Tom Binet