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Pourquoi le Portugal n’est pas si décevant
Tous les qualificatifs y sont passés : dégueulasse, indigeste, pire équipe du tournoi. Mercredi soir pourtant, le Portugal disputera pour la cinquième fois en sept participations une demi-finale de championnat d'Europe face au pays de Galles. Voilà pourquoi tout n'est pas négatif.
Parce qu’il n’est pas venu pour jouer
La perception est une question de curseur. Le football a toujours été un sport intellectuel, tout dépend de comment on approche la discipline. Hier encore, le Portugal était un orchestre entraînant, emmené par des solistes magnifiques et un collectif d’artistes huilé. Les temps ont changé, les hommes avec et les idéaux ne sont plus les mêmes. Aujourd’hui, et depuis sa prise de fonctions en septembre 2014, Fernando Santos ne jure que par le succès et non par la méthode. Il a toujours été un entraîneur comme ça : pas très sexy, et d’un pragmatisme plutôt efficace. Aux commandes de la Grèce entre 2010 et 2014, Santos était déjà comme ça. Dans sa bouche, ça donne ça : « Il faut être pragmatique pour gagner. Pour les spectateurs, les journalistes, on aimerait gagner de manière spectaculaire. Mais on ne peut pas toujours gagner un tournoi de cette manière. » Alors le spectacle n’est pas au rendez-vous, c’est comme ça, mais on le savait. Et le message est passé jusque dans les veines de ses joueurs, comme Nani l’expliquait avant la compétition : « On peut pratiquer un beau football, tirer sur les poteaux, faire des dribbles, mais, si on ne gagne pas, ça ne sert à rien. » Il ne fallait donc pas en attendre plus.
Parce que Pepe
Longtemps, il a explosé. Ce n’est qu’un « acteur d’Hollywood » selon le sélectionneur de l’Islande, Lars Lagerbäck, un être insupportable et détestable. Mais voilà, l’Euro portugais est bien celui de Pepe. Car depuis le début de la compétition, le défenseur du Real Madrid éteint les incendies allumés par ses partenaires et notamment celui de son binôme Ricardo Carvalho, 38 ans, naufragé lors du premier tour et remplacé logiquement par José Fonte dès le huitième contre la Croatie. En chiffres, c’est monstrueux : Pepe est le troisième joueur de cet Euro en matière de passes réussies vers l’avant (141) juste derrière Toni Kroos et Jérôme Boateng et surtout une mesure trouvée dans le tacle (0,8 par match). Hier, Maldini disait qu’ « un défenseur qui tacle est un défenseur qui a commis une erreur auparavant » . Si le Portugal en est ici, c’est déjà grâce à lui. Dans la continuité de sa fin de saison parfaite avec le Real.
Parce que Renato Sanches
Officiellement, il a 18 ans. Guy Roux, lui, affirme qu’il en a plutôt « 23 ou 24 » . Mais au-delà de ses papiers, Renato Sanches est tout simplement une merveille et est probablement le seul joueur de ce Portugal à son niveau avec Pepe depuis le début de la compétition alors qu’André Gomes, excellent toute la saison avec Valence, passe jusqu’ici complètement à côté de son Euro. C’est un gamin, mais il porte l’animation offensive de ce Portugal, pète les lignes adverses comme contre la Pologne, fait la différence et c’est ce qu’on lui demande. Contre le pays de Galles, Renato Sanches devrait une nouvelle fois être titularisé par Fernando Santos, probablement avec João Moutinho et João Mário. Un mélange d’agressivité, de technique et d’intelligence tactique sans qui le Portugal ne serait pas là. C’est une certitude.
Parce que Cristiano Ronaldo est simplement mal entouré
Le mal de ce Portugal est bien offensif. On le sait : cette équipe n’a pour le moment battu que la Croatie (une victoire, quatre nuls) et se cherche encore une véritable mise en place devant. Pourquoi ? Parce que Moutinho, João Mário et Adrien Silva ne sont pas des joueurs de côté, et ce, même si le Portugal est l’une des équipes qui a le plus centré dans ce championnat d’Europe. Le danger vient donc de ses latéraux et c’est l’un des points positifs du système de Santos. Reste le problème autour de Cristiano Ronaldo positionné dans un 4-4-2 assez fermé avec Nani devant. Ce Portugal a besoin d’un point d’appui devant pour peser sur la défense adverse et permettre à CR7 de prendre les espaces. Actuellement, il joue dans un rôle d’attaquant de pointe qui n’est pas le sien, on le sait. Et Éder pourrait être la solution de l’équation. Car pour le moment, l’impression est telle qu’on n’a pas vu la meilleure version de cette équipe du Portugal. Il n’est pourtant plus qu’à deux rencontres de soulever son premier titre.
Par Maxime Brigand