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Pourquoi le Nigeria était-il si fort dans ISS Pro ?
Babangida, West, Amokachi, Oliseh. Plus que des noms, les symboles d'une génération de gamers. Des amoureux de la console de jeu qui, même seize ans plus tard, se rappellent à juste titre des Super Eagles comme de la meilleure équipe d'ISS Pro Evolution. Retour tout en débordements supersoniques et en frappes de mule sur l'équipe la plus mythique du football virtuel.
Ils se sont affrontés en vrai. C’était le 3 août 1996, à Athens, Georgie, devant 86 117 personnes et sous les yeux revolver de Pierluigi Collina. Il est 15h45 au Sanford Stadium quand le Nigeria et l’Argentine s’affrontent en finale des Jeux olympiques d’Atlanta. Une drôle d’heure quand on sait qu’en vérité, il n’existe pas de moment précis, d’instant T, pour disputer cette rencontre-là. Cette mythique opposition entre l’Albiceleste de Claudio López (C.Polez, pour les intimes) et le Nigeria de Daniel Amokachi n’a ni début, ni fin. C’est une lutte de tous les instants entre Batman et Joker pour une suprématie virtuelle : le statut de meilleure équipe d’ISS Pro Evolution. Ce jour-là, près d’Atlanta, les Super Eagles, quoique menés à deux reprises, s’imposent 3-2 dans les ultimes instants de la rencontre grâce à un but d’Emmanuel Amunike. Le premier succès d’une génération dorée, pas le dernier. Les Aigles sont vite devenus de drôles de coucous. Des coucous domestiqués et chéris par une génération de gamers qui considère à juste titre le Nigeria de la fin du XXe siècle comme l’équipe la plus sexy de l’histoire de football avec une manette.
Babangida, star pixelisée
1m69, 69 kilos, une malaria, un syndrome respiratoire aigu. Des passages à Roda JC, au VVV Venlo, au Vitesse Arnhem, à Gerçlerbirligi et même à Al Ittihad Djeddah, en même temps que Titi Camara. Même ses sept années passées à l’Ajax Amsterdam (de 1996 à 2003) n’effacent pas la tristesse de la carrière de Tijjani Babangida, 40 ans aujourd’hui. Pourtant, quiconque a déjà touché une Playstation 1 considère le natif de Kaduna comme une star. Un type qui tutoie les Shevchenko, Adriano ou Roberto Carlos, sans aucun complexe. L’explication de ce qui pourrait paraître comme une hérésie pour un non-initié réside peut-être dans ce chiffre 99, fantasme ultime de ceux qui n’ont jamais eu la chance d’avoir une Aston Martin ou une Mustang entre les mains. Babangida, c’était la voiture de luxe la plus abordable du marché. Un R1 en guise d’accélérateur, un curseur en guise de volant et jamais de panne d’essence. Confortablement positionné dans son siège baquet de l’un des côtés de l’inévitable 4-3-3 nigérian, « TJ » incarnait la réussite simpliste, mais terriblement efficace d’un football pixelisé, quelque part entre les courses folles, les techniques infaillibles et les slaloms. Des facéties individualistes au service d’un collectif complètement dingue.
À l’West comme Taribo
L’épouse de Tijjani Babangida s’appelle Rabah. Si elle n’a rien à voir avec Madjer, elle n’est autre la sœur de Daniel Amokachi, première véritable star africaine du football virtuel et partenaire d’attaque de « TJ » . Un homme passé par le FC Bruges et Everton, là pour mettre les centres qu’on lui donne au fond et pour ramasser les déchets de son beau-frère envahissant. Mais en dépit de l’émergence de la grande tige Nwankwo Kanu, les secrets des Super Eagles reposent aussi et surtout au milieu de terrain. Les premiers passements de jambe de l’histoire de la console de jeu issus des pieds de Jay-Jay Okocha, les énormes sacoches de 40 mètres de Sunday Oliseh, le nom inversé de Finidi George ou encore les folies de l’autre Nigérian exilé aux Pays-Bas : Garba Lawal. Tout pour rendre quelqu’un heureux, en somme. Tout, même Taribo West. Un homme qui formait une défense de fer avec Peter Rufai dans les buts ou encore Célestine Babayaro et Adepuju, mais surtout, un excentrique qui a permis à de nombreux tarés de créer leur propre joueur avec deux micro-tresses vertes et blanches sur la tête. La création de son propre joueur, avec les notes maximales et les tresses de Taribo West : un rite initiatique avant le passage à l’âge adulte. Les Super Eagles, une bonne manière de retomber en enfance.
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Par Swann Borsellino