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Pourquoi le Milan va se qualifier à Madrid
À San Siro, le Milan de Seedorf avait joué à la hollandaise : des occasions, de la domination, du beau jeu, et une défaite au bout. En face, Diego Simeone avait joué à la Diego Simeone : peu importe la manière, il avait fini par gagner. On sait que le 1-0 encaissé à domicile est très difficile à remonter : le Milan doit gagner en marquant au moins deux buts. Et pourtant, on vous le dit, le Milan va se qualifier à Madrid.
Parce que la Ligue des champions
Le tableau ne pourrait pas être plus clair. D’un côté, l’Atlético Madrid. De l’autre, l’AC Milan. Au milieu, la coupe aux grandes oreilles. Faut-il aller plus loin ? Imaginer l’Atlético éliminer le Milan en C1, cela revient à croire à la fin du monde. Ou d’un monde, du moins. Celui où le Milan raflait cinq Champions League en vingt ans (1989, 1990, 1994, 2003, 2007) tandis que le plus bel Atlético des dernières années allait gagnait sa deuxième Europa League en Roumanie. Alors, certes, Diego Simeone est en train de faire naître une vraie culture de la gagne chez les Colchoneros. Mais l’histoire ne se remplace pas. Seedorf en a conscience : « Nous savons que ce sera difficile, nous savons que l’Atlético a de la qualité, mais le Milan a son histoire, et l’histoire parle lors des déplacements européens. Mes garçons ressentent tout cela. »
Cela, c’est l’orgueil des grandes équipes. Le Milan fait partie de cette catégorie de clubs capables de se surpasser à mesure que la scène s’élargit. Plus c’est important, plus les Rossoneri savent être à la hauteur. Et ce soir, c’est très important : tombé à huit points d’une place européenne en Serie A, le Milan n’a plus de marge de manœuvre, lui qui n’est pas resté à l’écart de l’Europe depuis la saison 1998/99. Comme l’a rappelé Galliani : « En 2007 aussi ça semblait difficile après le 2-2 de San Siro contre le Bayern, mais on est allés gagner à Munich sur des buts de Seedorf et Inzaghi. » Une fois que l’hymne de la C1 résonnera dans le Calderón, qui se sentira vraiment à la maison ?
Parce que Clarence Seedorf
Lorsqu’il s’agit de parler de grands champions, d’orgueil et de belles soirées européennes, tôt ou tard, le nom de Clarence Seedorf s’invite dans la conversation. Après la défaite samedi à Udine (1-0), la Gazzetta dello Sport s’est permis une petite pique tout en nuance à l’encontre du Néerlandais, un 5/10 ponctué du commentaire suivant : « Un petit Milan. Le turnover ne paye pas, et les changements ne provoquent pas les effets désirés. Seedorf est en train d’apprendre le métier d’entraîneur. Il faut de la patience. » En tant que joueur, Seedorf n’a jamais fait dans la nuance, avec quatre Ligues des champions remportées. Comptons sur le natif de Paramaribo pour faire de même en tant qu’entraîneur. Et puis, on peut croire que Seedorf a le secret pour réaliser l’impossible contre l’Atlético Madrid…
Parce que Carlo Ancelotti
Galliani raconte : « J’ai parlé ce matin avec mon ami Florentino (Perez, ndlr), on ira dîner ensemble avec Ancelotti pour qu’ils me racontent comment faire pour battre l’Atlético. » Et Ancelotti confirme dans le Corriere dello Sport : « Oui, Seedorf est un ami. C’était inévitable qu’il me demande des conseils. Mais il sait comment faire face à l’Atlético. Il est bien dans son rôle. Il a de grandes idées. » Quand on sait qu’Ancelotti a éliminé Simeone de la Coupe du Roi avec un joli 5-0 sur les deux matchs…
Parce que Chelsea en 2012
Depuis l’affreux naufrage stambouliote de la Juve, le Milan est la seule italienne présente en huitièmes de finale de cette édition de la C1. Trop seule, trop dure ? Seedorf y voit plutôt une fierté : « Nous descendrons sur le terrain non seulement pour le Milan, mais pour toute l’Italie. » En 2012, Chelsea aussi était la seule équipe de son pays rescapée à ce stade-là de la compétition. Chelsea aussi avait déjà un pied dehors après voir perdu son match aller 3-1 à Naples. À l’époque, cela faisait aussi quatre ans que l’Angleterre n’avait pas ramené la C1 à la maison (l’Inter est la dernière équipe italienne à l’avoir gagnée en 2010). Et, enfin, Chelsea aussi avait changé d’entraîneur en hiver. Quatre similitudes, ça fait beaucoup trop. C’est certain : Seedorf fera comme Di Matteo, se qualifiera ce soir, éliminera le Barça en demie et le Bayern en finale. Forcément, Balotelli égalisera d’un coup de tête sur corner à la 89e minute avant de marquer le pénalty de la victoire et de filer dans la foulée au Shanghai Shenhua.
Parce que cette composition du Milan est complètement folle
Longtemps, le Milan a réussi l’exploit d’être associé à l’image de Silvio Berlusconi tout en continuant à rimer avec classe et prestige. Tôt ou tard, cela devait s’arrêter. S’il faut dater la fin de l’exploit, certains parleront de l’arrivée de Robinho, d’autres préféreront évoquer le numéro 13 de Rami (oui, celui de Nesta) ou alors la titularisation de Taarabt aux côtés de Kaká. Mais le fait est qu’aujourd’hui, après une longue série de départs, la composition de l’AC Milan est devenue dingue sur toutes les lignes. Emanuelson, à qui il était arrivé d’évoluer derrière les deux attaquants sous Allegri, jouera ce soir latéral gauche quand Andrea Poli devrait jouer meneur de jeu alors qu’il avait dépanné en arrière droit en début de saison. Une charnière centrale composée de Rami et Bonera, un milieu des extrêmes formé par le brillant De Jong et le moins intelligent Muntari, et Taarabt-Kaká, sans aucun doute l’une des associations les plus improbables de l’histoire. Enfin, de bas en haut, Abbiati et Balotelli. Le gardien de but chauve qui « partage certaines valeurs du fascisme » et l’avant-centre crêté érigé en symbole de l’Italie du XXIe siècle, si ce n’est beaucoup plus. Une telle équipe se doit d’écrire l’histoire, et cela passe par une qualification ce soir au Calderón.
Parce que le ketchup
Le Milan s’est créé une bonne dizaine de grosses occasions contre l’Atlético et la Juve sans marquer le moindre but. Des poteaux, des sauvetages sur la ligne, des transversales… « Parfois, tu as beau essayer encore et encore, ça ne vient pas. Et puis, ils viennent tous d’un coup. » Si Van Nistelrooy n’a jamais joué pour l’Atlético, la théorie du ketchup finit toujours par se vérifier…
Par Markus Kaufmann
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