- Foot & politique
- Billet d'humeur
Pourquoi le football est meilleur que le G7
Le mois d'août n'est pas encore fini que la Ligue 1 doit déjà se mettre à jour. Tout ça à cause d'une rencontre organisée sur une terre de rugby et sans résultat final. Heureusement, cette mascarade est maintenant derrière nous : vous pouvez éteindre le groupe des sept et reprendre une activité normale.
Il a la tête des mauvais jours. Et les mots qui vont avec : « C’est triste. C’est autre chose, c’est pas la vie comme d’habitude » , maugrée l’homme, interrogé par TF1. D’habitude, le 13 heures de JPP est l’occasion de découvrir des provinces sémillantes et des yeux malicieux, la vraie vie du vrai foot. Mais ce lundi 26 août à Biarritz, rien. Pire, « une ville en état de siège » , lance la voix-off. Alors oui, le Biarrot triste est probablement rugbyman. Ce n’est pas une raison pour ne pas l’écouter. Pas cette fois. Car l’heure est grave. Qu’une ville d’ovalie soit choisie pour discuter de l’avenir du monde, passe encore. Après tout, les « grands » n’arrivent pas à le faire tourner rond, va pour le symbole. Mais priver Lillois, Montpelliérains et Niçois de véritables sommets au cœur du week-end, c’est non.
J’ai sept lascars qui m’soûlent
Imaginerait-on notre mère nous dire que « bien sûr mon chéri, tu pourras aller au foot ! Mais tu iras mercredi parce que papa a réunion MEDEF ce week-end » ? Non, et pas seulement parce que papa est au chômage. Rappelons tout de même à ceux qui pensent tout en « village global » que, au plus court, 999 kilomètres séparent encore Lille de Biarritz (1108 km pour les conducteurs préférant éviter Paris, il y a deux écoles, mais là n’est pas le débat). En bref, priver les Français de rugby, pourquoi pas, ils ne s’en porteront que mieux. Mais laissez-nous jouer au foot !
Écoutons quand même Emmanuel Macron justifier le no man’s land du G7, un pléonasme : « La sécurité doit être là pour bien accueillir l’ensemble de ces dirigeants et le monde entier. » Sérieusement, Manu ? Le monde entier des agents de sécurité et du protocole, à la rigueur. Mais le monde entier, Manu, il se réunit pendant une Coupe du monde et pas ailleurs. Ou sur les Champs-Élysées. Tu te souviens, Manu ? Non, évidemment, encore une question de « sécurité » . Permets-nous tout de même de te rappeler qu’en matière d’amitié franco-brésilienne, le mot Mannschaft est autrement plus efficace que tes babillages avec ton alter ego brésilien. Et ce, malgré les efforts louables de son équipe pour la jouer comme des amateurs, à base d’insultes et de vannes sur le physique.
Andy Delort et reforestation
À propos de Brésil, pouvons-nous, *ahem*, pouffer de désespoir un instant ? « Nous offrons aux pays amazoniens(…)un soutien financier au moins à hauteur de 20 millions d’euros. » Un demi Malcom, donc. Pendant ce temps, des vrais gens prennent des vrais engagements. Montpellier justement, privé de match ce week-end (go Mappy pour l’itinéraire) : cinq arbres plantés par but marqué ! Voilà de l’acte citoyen ! Dommage qu’ils n’en plantent pas beaucoup, des buts et des arbres. Tiens, proposition : puisque le Brésil n’en veut pas, filez les 20 plaques à Lolo Nicollin pour lui permettre d’acheter un attaquant sérieux. Et pas un mec de Portland, hein.
Passons sur le fait que sans terrains de foot, pas de quantification sérieuse de la déforestation (plus d’un million de terrains entre août 2017 et juillet 2018 pour la seule Amazonie) et penchons-nous sur les autres sujets abordés dans ce G7. La taxation du vin français ? Nous avons déjà dit que le foot est meilleur que le vin, et ce que veut le peuple, c’est surtout boire de la bière dans les stades. Le retour jugé « prématuré » de la Russie pour une reformation du G8 ? Quelle indignité. Qui s’est pavané à Moscou un soir de juillet 2018 ? Manu. Quel pays a été le centre du monde pendant un mois, et pas seulement trois petits jours ? Le pays de Poutine, le vrai, pas le Canada au palmarès plus vide que Concarneau. Parce qu’au foot, on dit aux Russes comme aux autres : venez comme vous êtes. Chargés, par exemple.
Première arnaque : ils sont 8 au G7. pic.twitter.com/PSKYAjKqcG
— Olive M (@marcais_olive) August 25, 2019
Le G7 français s’est finalement conclu par une déclaration commune. Une page qui dégueule de velléités plus que d’engagements, selon la lecture faite par le Nathalie Boy de la Tour de la République. Car enfin, qu’est-ce que le G7, sinon un tournoi dont le résultat serait déterminé par la DNCG ? Une rencontre jouée par une femme en rouge et des hommes sombres, préférant leur petit G7 à 8 mesquin à un cinq-à-sept coquin. Et l’on ose mettre notre planète entre les mains de ces tristes sires. Qu’on se le dise, l’avenir sera sexe, foot et rock’n’roll, ou ne sera pas. Alors tous ensemble, marchons, jouons et chantons fièrement : « G7, G7, on t’enc… ! »
Par Eric Carpentier