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Pourquoi le football est-il meilleur que Noël ?

Par Pablo Garcia-Fons
4 minutes
Pourquoi le football est-il meilleur que Noël ?

Comme le football, Noël se joue en deux mi-temps : le réveillon du 24 et le déjeuner du 25. Malgré cette coïncidence, petit papa Noël n'aime pas le ballon rond, un complexe d'infériorité sans doute.

Ah Noël… Les vitrines qui scintillent, les rues qui s’illuminent, les bonnets rouges à pompons, la bûche qui craque dans la cheminée, les baisers sous le gui, les promotions sur les pintades au supermarché… Comme chaque année, au soir de la 19e journée, la dépression vous guette. Après cinq mois exceptionnels de football, on vous annonce la fin du bonheur pendant deux semaines. Ils appellent ça la trêve hivernale et ils vous disent d’oublier un peu le ballon pendant quelques jours pour aller passer les fêtes en famille. Foutaises ! Pour vous, Noël c’est tous les dimanches de victoire, et le calendrier de la Ligue 1 vaut largement celui de l’Avent, avec ses chocolats premier prix.
Le cœur gros, vous sortez la Renault Kangoo du garage pour aller réveillonner chez la belle-famille (qui habite forcément un bled dans les Yvelines). L’avantage de ne partir qu’à 18h — madame n’avait pas terminé les paquets-cadeaux —, c’est que vous vous tapez forcément trois heures de bouchon sur votre cher boulevard périphérique. Au bord de la crise de nerf, vous prenez la première sortie et décidez de couper à travers la banlieue. Alors que vous reprenez espoir, vous tombez sur la rue de l’horreur, celle où tous les beaufs du coin semblent s’être donnés rendez-vous pour massacrer les façades de leur petits pavillons à coups de guirlandes clignotantes et de pères Noël accrochés aux fenêtres. Si les mecs avaient eu la chance de voir les tifos du dernier derby d’Istanbul, ils arrêteraient sûrement de jouer les acrobates du dimanche et rangeraient leurs décorations minables.
Vous savez très bien que passer le réveillon chez la belle-famille est aussi terrible que de se taper tout un match en parcage adverse. Après les amabilités inutiles et les bisous mouillés des mamies à barbe, vous vous mettez à table en redoutant le pire. Un mauvais match de foot, même le plus soporifique d’entre eux, ne dure jamais plus de 90 minutes — 120 minutes pour les amateurs de Coupe de la Ligue —, alors qu’un repas de Noël peut allègrement dépasser les 300 minutes d’ennui, surtout si vous êtes assis à côté de la vieille tante raciste qui essaie quatre heures durant de vous gaver comme une oie. Le combo classique bière-foot-pizza convient bien mieux à votre fragile système digestif que la curieuse combinaison champagne-chapon farci aux marrons-bûche de belle-maman. La preuve, vous n’avez jamais été malade après un dimanche après-midi devant beIN, tandis que vous sentez qu’il va vous falloir trois jours pour vous remettre du réveillon.
Le débat, qui jusqu’à présent cherchait à déterminer la meilleure chaîne de magasins de bricolage, arrive sur le football. La vieille tante raciste lance l’offensive en évoquant ces « sales gosses surpayés qui crachent et mettent des coups de têtes » . Un vulgaire cousin, qui croît en savoir un peu plus sur la question, renchérit en s’indignant sur les montants des droits TV. S’ensuit un salmigondis d’arguments nauséabonds : de l’argent qui corrompt tout, en passant par Bernard Tapie et la disparition de l’esprit d’équipe, jusqu’à la Marseillaise et le bus de Knysna. Évidemment. Au fond, vous trouvez ça drôle que cet idiot tape sur l’argent dans le foot alors qu’il est en train de célébrer la fête la plus commerciale qui soit et que, dans quelques minutes, il va enfiler son déguisement de père Noël — VRP mondial du capitalisme ­— pour faire rêver les gamins.
Après le calvaire du repas vient forcément le supplice des cadeaux. Vous savez, le moment où vous allez devoir sourire comme un crétin et feindre la joie pour des cadeaux que, dans le meilleur des cas, vous revendrez le lendemain sur eBay. Le pire, c’est que ces andouilles se sont ruinées pour vous offrir l’intégrale des spectacles de Gad Elmaleh ou la Smartbox sensations extrêmes. Avec toute cette thune, ils auraient mieux fait de prendre le pack Ligue des champions… Vous, vos cadeaux sont toujours prêts, et vous savez au moins qu’ils vont faire plaisir : le DVD collector Les Yeux dans les Bleus pour papa, le dernier PES pour fiston, un abonnement à So Foot pour le frangin, des autocollants Panini pour les petits cousins et basta. Simple, efficace, forcément réussi. Après des heures au bord du suicide, vous envisagez enfin la possibilité de rentrer chez vous. Une nuit passée à digérer et hop, on remet ça le lendemain midi.
Pas convaincus par cette petite démonstration ? Allez faire un tour à la FFF de ce bon Le Graët, vous vous rappellerez sûrement que le père Noël est une ordure…

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