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Pourquoi le football est-il meilleur que le sexe ?

Par Ugo Bocchi
Pourquoi le football est-il meilleur que le sexe ?

Sergio Busquets l'a résumé en deux phrases : « Au football, la joie que te procure une victoire peut durer trois, quatre jours. Tandis que le sexe, ça peut te procurer du bonheur durant une seule minut. » Mais les raisons ne manquent pas pour affirmer qu'une partie de ballon rond vaut bien mieux qu'une partie de jambes en l'air.

Il est bientôt six heures du matin. Le soleil pointe le bout de son nez. Après avoir payé l’équivalent d’une journée de salaire en shots à mademoiselle, vous avez finalement réussi à la convaincre de rentrer chez vous. Vous n’avez pas flanché devant les cages en écoutant les bons vieux conseils de tonton Platini. Plat du pied sécurité : « Heu… T’veux boire un dernier verre ? » Ce qu’elle ne sait pas, c’est que vous êtes plus proche d’un rejet gastrique que d’un afflux sanguin en direction de votre bassin. Mais peu importe, ce n’est pas tous les jours que vos techniques de drague – les mêmes depuis le lycée – fonctionnent.
Alors vous foncez. Vous tentez de la déshabiller, vainement. Vous tentez de vous déshabillez également, sans plus de réussite. D’ailleurs, ça ressemble plus à une célébration de Ravanelli qu’autre chose. Bref, la petite affaire se passera donc à moitié vêtu. Cette fois, pas besoin de vous mettre en tête le bruit du tibia de Djibril quand il pète contre la Chine, vous pouvez tenir plus longtemps qu’un acteur du samedi soir. Tellement, que vous avez l’impression d’être aussi performant qu’un Pippo Inzaghi devant les cages. Faux ! Au lieu de tirer trop vite, vous ne tirez jamais. Transpiration, frustration, dépression rythmeront votre dimanche après-midi. Que seul un bon vieux Guingamp – Bordeaux, suivi d’un combo CFC – EDD pourra soigner.

Memento

Car ici, nous parlons bien de sexe. Celui qui dure une nuit. Pas celui qui dure trois ans. Celui qui vous fait sursauter le matin comme un centre de Bacary Sagna. Alors oui, ça a du bon. Retrouver le chemin des filets, c’est regagner en confiance. Mais à quoi ça sert de marquer un but par mois, au mieux un par week-end, si le collectif n’en sort pas vainqueur ? À rien. Et puis, on a souvent l’habitude de dire que l’équipe grandit dans la défaite. Une vérité qui n’est acceptable que dans le foot. Très clairement. Autre vérité que vous garderez également pour vous : vous lui avez tapé toute la soirée sur l’épaule, car son prénom a fini par vous échapper. Mais quand votre pote vous a annoncé, un peu avant le 11e whisky coca, que N’Doye avait inscrit un doublé ce soir, vous n’avez pas pu vous empêcher de lui répondre du tac au tac : « Cheikh… Cheikh Ndoye. Numéro 17 du SCO. » C’est plus fort que vous. La mémoire ne trompe jamais.
Et comme le clame si bien Busquets, la joie sexuelle, soyons honnêtes, est une affaire de minutes. Des dizaines de minutes pour les meilleurs (ou les menteurs), alors que le sourire que vous arborez le lundi matin, parce que votre Racing Club de Strasbourg n’a pas perdu, reste au minimum pour la semaine. Et puis mettre des crampons et tirer dans un ballon est souvent plus simple et spontané qu’une partie de jambes en l’air. Oui, trouver une dizaine de potos le samedi après-midi est souvent plus aisée que de convaincre une partenaire d’échanger avec vous sous la couette, le même soir. Si, pour certains, l’incertitude est une source de plaisir, un peu de régularité ne fait pas de mal sur votre long chemin de croix. Ce qu’un simple ballon rond est capable de reproduire au moins une fois par semaine. De temps en temps, une jolie demoiselle saura vous donner des souvenirs impérissables, des pensées cachées à jamais dans un recoin de votre cortex préfrontal. Mais n’est-ce pas là également l’objectif des râteaux de Verratti, des ciseaux de Rooney et des crochets de Robben?

Débriefing

Ce n’est pas pour rien qu’on appelle ça « la petite mort » . Un moment où vous condamnez votre descendance à reposer dans une poche de plastique « pour l’éternité » . C’est autre chose que le 12 juillet 1998. D’ailleurs, après un moment d’intimité, votre corps est presque aussi inerte qu’une conférence de presse d’Alain Casanova. Rien à voir avec la sensation post-foot : des douleurs dans les jambes, des poumons frais et une tête vidée… vous marchez comme un vieux, mais ça vous donne surtout envie de tirer des plans sur la comète. À la limite, s’il y a un facteur qui se vaut dans les deux disciplines, c’est bien la causerie d’après-match. Si mademoiselle a été aussi perso qu’un Gareth Bale dans la surface, vous saurez mettre des mots là-dessus. Au comptoir, autour d’une pinte ou d’un Cacolac, vous excellez dans l’analyse tactique d’après-match. Et vous êtes tout à fait capable de mettre à contribution ce talent pour argumenter en faveur du football, sous toutes ses formes, au détriment du sexe.

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